LAMUSIQUE PENDANT LE RAMADAN Question : « Est-ce que Ă©couter de la musique affecte le jeĂ»ne? » RĂ©ponse : « Écouter de la musique est une transgression, la transgression
Que seraient les vacances estivales sans les tubes de l’étĂ©, ces chansons qui tournent en boucle Ă  la radio, que nous chantons Ă  tue-tĂȘte et qui nous font danser jusqu’au bout de la nuit ? Ces prochaines semaines, Le Devoir vous entraĂźne dans un voyage musical et temporel pour redĂ©couvrir ces hits qui ont marquĂ© nos Ă©tĂ©s. La rĂ©volution radiophonique a immĂ©diatement commencĂ© sa vie trĂšs utile dans la musique. Il a par contre fallu des dĂ©cennies avant d’innover avec les palmarĂšs et les tubes plus ou moins estivaux. Les premiĂšres licences pour exploiter une radio commerciale au Canada sont accordĂ©es par le ministĂšre de la Marine et des PĂȘcheries sic en avril 1922, qui en distribue simultanĂ©ment une vingtaine pour les villes de Toronto, de Winnipeg, d’Edmonton, de Vancouver et de MontrĂ©al. CKAC devient la premiĂšre de ces nouvelles merveilles technologiques Ă  entrer en service quelques mois plus tard, le 27 septembre de la mĂȘme annĂ©e, il y a donc trĂšs exactement 100 ans, avec un rĂ©cital du pianiste quĂ©bĂ©cois Émiliano Renaud 1875-1932. Virtuose et pĂ©dagogue reconnu jusqu’aux États-Unis, maestro Renaud Ă©tait revenu s’établir Ă  MontrĂ©al vers la fin de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Une publicitĂ© vantant ses services publiĂ©e dans Le Devoir du 16 septembre 1921 promettait une mĂ©thode infaillible et rapide » pour apprendre Ă  jouer du piano par principe en 15 leçons ou en moins ». Pendant des milliers d’annĂ©es et jusqu’au tournant du XXe siĂšcle, la musique se consommait ainsi, soit en la produisant soi-mĂȘme, soit en Ă©coutant un musicien la produire en direct, un point c’est tout. L’enregistrement et la reproduction mĂ©caniques ont renversĂ© ce monde. Thomas Edison conçoit son premier phonographe en 1877, et les disques de zinc Berliner apparaissent une vingtaine d’annĂ©es plus tard. Le trench gramophone », version portable dans une valise, se rĂ©pand pendant la PremiĂšre Guerre mondiale. La norme des 78 tours date du dĂ©but des annĂ©es 1920. La radio a encore rĂ©volutionnĂ© la mutation de la reproductibilitĂ© des sons en la dĂ©matĂ©rialisant. Émiliano Renaud a commencĂ© Ă  CKAC une transformation fondamentale qui n’en finit pas de s’étendre, maintenant avec les services de diffusion en flux continu. CKAC va avoir une tradition de diffusion de ce qu’on peut appeler la “haute culture” avec des guillemets dans ses premiĂšres annĂ©es, en fait dĂšs ses premiĂšres heures comme le montre bien le choix de Renaud pour inaugurer la station », dit Jean Boivin, professeur titulaire de l’UniversitĂ© de Sherbrooke, ancien recherchiste et chroniqueur de Radio-Canada, spĂ©cialiste de la musique classique occidentale. Un temps d’antenne dit considĂ©rable » par le professeur est alors rĂ©servĂ© aux propos sĂ©rieux », par exemple avec l’émission L’heure provinciale 1929-1939 causant art, littĂ©rature et sciences, ou L’heure universitaire 1931-1933 prĂ©sentĂ©e en collaboration avec l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. La chaĂźne va aussi vite crĂ©er son propre orchestre s’adonnant Ă  tous les genres, dont le classique. Le mĂ©dia de masse naissant est alors vu ici et encore ailleurs Ă  France Culture ou Ă  la BBC comme un outil pĂ©dagogique, un moyen d’introduction Ă  la culture. La radio puis la tĂ©lĂ© sont aussi perçues au Canada comme des moyens de contrer l’impĂ©rialisme culturel amĂ©ricain, particuliĂšrement du cĂŽtĂ© francophone. Oui, il y a un souci trĂšs didactique de dĂ©veloppement culturel populaire »,nuance le professeur Denis Saint-Jacques de l’UniversitĂ© Laval, spĂ©cialiste de l’histoire de la littĂ©rature et de la culture au QuĂ©bec. On prĂ©tend Ă©duquer le peuple, mais Ă  vrai dire le peuple ne rĂ©clame pas vraiment Beethoven ou Bach, tout en Ă©tant trĂšs heureux d’y avoir enfin accĂšs sans se rendre aux salles de concert trop chĂšres. Soudainement, les gens ont pu Ă©couter de la musique, toutes les musiques, tout le temps, Ă  la maison, puis en voiture. Cette consommation de la musique toute la journĂ©e signale une pratique tout Ă  fait neuve. » Une mutation Ă©lectrique M. Boivin travaille Ă  une histoire de la diffusion de la modernitĂ© musicale au QuĂ©bec, qui inclura un chapitre sur l’importance de la radio. Il a Ă©crit un article trĂšs Ă©clairant sur le dĂ©veloppement culturel et l’accĂšs Ă  la grande musique » par la radio au QuĂ©bec des annĂ©es 1930 et 1940 dans les Cahiers d’histoire de la radiodiffusion 2016. En prĂ©parant cet article, il a compris que la qualitĂ© sonore des disques de l’époque laissait Ă  dĂ©sirer et que la diffusion de ces enregistrements rajoutait des distorsions. La musique diffusĂ©e en direct au dĂ©part sonnait mieux que les disques, explique-t-il. Il a fallu attendre les magnĂ©tophones des annĂ©es 1940, puis les vinyles, pour rĂ©gler ce problĂšme. Les stations de radio employaient donc des orchestres, et comme les premiers gramophones Ă©taient assez chers, les gens Ă©coutaient souvent de la musique en direct Ă  la radio. » Il n’existait que trois stations Ă©mettrices en 1931, et un mĂ©nage sur trois 30 % seulement possĂ©dait alors un poste de rĂ©ception, avec un taux trĂšs faible 8 % dans les zones rurales encore peu Ă©lectrifiĂ©es. Une dĂ©cennie plus tard, 16 stations dont 14 francophones diffusaient sur la bande AM, et 70 % des foyers possĂ©daient un poste. Les enquĂȘtes montrent qu’on atteint un taux de pĂ©nĂ©tration trĂšs, trĂšs Ă©levĂ©, dit le professeur Saint-Jacques. Les postes sont relativement peu chers, et la crise Ă©conomique ne favorise pas la vente de billets de spectacle. » À midi pile, Ă  partir de 1941, tout le monde Ă©tait Ă  l’écoute de l’émission Les joyeux troubadours. Les programmations des annĂ©es 1930 et 1940 s’organisent alors autour d’émissions de variĂ©tĂ© et d’humour, des nouvelles locales, de la mĂ©tĂ©o et de retransmission des matchs de hockey. Les concours amateurs de chant ou d’interprĂ©tation permettent aussi de remplir de grandes plages horaires Ă  peu de frais. Les chaĂźnes francophones diffusent des productions musicales nationales et françaises, celles de la mĂšre patrie » comme on disait Ă  l’époque. Les genres se cĂŽtoient, le jazz alors dominant, la chansonnette, la musique dansante et mĂȘme une bonne place pour le folklore et les fanfares. Le classique et l’art lyrique bĂ©nĂ©ficient de plages rĂ©servĂ©es, en fait surtout Ă  Radio-Canada, Ă  partir du milieu des annĂ©es 1930. Les stations locales, dont le pouvoir de transmission est restreint, diffusent peu d’émissions culturelles, et la rĂ©ception radiophonique se rĂ©vĂšle souvent pauvre, Ă©crit le professeur Boivin dans son article. Les frĂ©quences accordĂ©es sont rapprochĂ©es et les rĂ©cepteurs peu prĂ©cis, ce qui occasionne des interfĂ©rences, surtout avec les stations amĂ©ricaines. » Cette concurrence n’a pas que du mauvais. Les orchestres amĂ©ricains de trĂšs haute tenue entendus lĂ  vont en fait assez vite forcer le rehaussement de la qualitĂ© des productions quĂ©bĂ©coises. Un peu comme la diffusion massive des meilleures sĂ©ries tĂ©lĂ© amĂ©ricaines a modifiĂ© les attentes des tĂ©lĂ©spectateurs partout dans le monde. Vers le hit-parade Les chaĂźnes amĂ©ricaines introduisent aussi l’habitude des palmarĂšs musicaux. Une Ă©mission mĂ©gapopulaire intitulĂ©e Your Hit Parade apparaĂźt en 1935. La premiĂšre liste des enregistrements sonores les plus populaires est publiĂ©e par le magazine Billboard le 4 janvier 1936. Les tops 10, 40 ou 50 datent du dĂ©but des annĂ©es 1950. Richard Baillargeon, historien de la musique populaire quĂ©bĂ©coise, qui a publiĂ© Du bon usage des palmarĂšs 2019, raconte en entrevue que Guy Mauffette proposait dĂšs 1947 La parade de la chansonnette française dans le cadre d’une Ă©mission quotidienne de Jacques Normand Ă  CKVL. Au mĂȘme poste, Ă  partir de 1955, le disc-jockey LĂ©on Lachance faisait un tabac en proposant tout simplement un hit-parade amĂ©ricain. M. Baillargeon, maintenant dans sa septiĂšme dĂ©cennie, confie aussi l’importance qu’a eu la radio dans le dĂ©veloppement de son propre intĂ©rĂȘt central. Il ajoute que sa passion pour la musique remonte aux MĂ©gatones en 1962, un groupe pop qu’il Ă©coutait tous les samedis dans l’émission Le cabaret des jeunes de CHRC, Ă  QuĂ©bec. Il cite HervĂ© Brousseau 1937-2017 et chantonne RĂȘve et conquĂȘte. Quand j’étais jeune, on n’avait pas la tĂ©lĂ©vision Ă  la maison, dit-il. J’écoutais la radio, et le soir, comme les ondes AM voyagent loin, on recevait les postes amĂ©ricains comme WKBW de Buffalo et WPTR de l’État de New York. Les chaĂźnes mĂ©langeaient les genres musicaux Ă  l’époque, et encore plus en rĂ©gion. On allait d’un poste Ă  l’autre et on risquait de tomber sur quelque chose d’intĂ©ressant. » Il cite des indicatifs de La PocatiĂšre, de Montmagny et de Saint-Georges, oĂč la libertĂ© des DJ semblait illimitĂ©e, par exemple pour faire jouer les deux faces des nouveaux 45 tours et pas seulement le meilleur morceau commercialisĂ©. J’ai appris autant sinon plus l’anglais comme ça qu’à l’école. On transcrivait les paroles dans un cahier en complĂ©tant le travail aprĂšs plusieurs diffusions, ce qui pouvait prendre des jours ou des semaines
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Quelle est la position de l’Islam sur le fait de regarder des films et d’écouter de la musique pendant les journĂ©es de RamadĂąn ? RĂ©ponse du Sheikh `Atiyyah Saqr ancien PrĂ©sident de la Commission de FatwĂą d’Al-Azhar. Les directives gĂ©nĂ©rales concernant le fait de regarder des films, des piĂšces de théùtre ou des feuilletons, ainsi que d’écouter de la musique, sont les suivantes. Si ces supports audio-visuels contiennent des paroles indĂ©centes, suggĂšrent de commettre un interdit quelconque, influent de maniĂšre nĂ©faste sur les idĂ©es et le comportement de l’ĂȘtre humain, le dĂ©tournent de ses obligations, ou alors s’ils sont accompagnĂ©s de choses interdites — telles que la consommation d’alcool, les danses mixtes, la promiscuitĂ© —, alors ils sont interdits, que ce soit pendant RamadĂąn ou en-dehors de RamadĂąn. Si ces supports audio-visuels sont dĂ©pourvus de tout cela, alors s’y adonner de maniĂšre immodĂ©rĂ©e est dĂ©conseillĂ©. En revanche, il n’y a pas de mal si on s’y adonne quelque peu, afin de se dĂ©tendre. Le mois de RamadĂąn a nĂ©anmoins un aspect particulier. Il se dĂ©finit par l’abstention de l’ñme de toutes ses envies et par la formation Ă  la maĂźtrise rationnelle de ses penchants. Cela ne peut se faire en s’abstenant uniquement de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles. Il s’agit lĂ  du strict minimum pour la validation du jeĂ»ne, dont se satisfait la majoritĂ© des gens, qui ne font cela que pour Ă©chapper au chĂątiment divin, se contentant d’une piĂštre rĂ©compense divine. D’autres, en revanche, tendent Ă  la perfection dans tous leurs cultes ils s’abstiennent de toutes les envies de l’ñme, en particulier de ce que Dieu a interdit, comme le mensonge et la calomnie. Ils s’élĂšvent ainsi vers la perfection, en s’abstenant Ă©galement de choses permises, s’efforçant Ă  l’obĂ©issance de Dieu durant ce mois en particulier, afin d’en ressortir avec une Ăąme et un comportement purifiĂ©s de tout vice et ornĂ©s de toutes les vertus. Nous ne devons donc pas manquer l’occasion de ce mois durant lequel la rĂ©compense des bonnes actions est dĂ©multipliĂ©e par le jeĂ»ne diurne, les priĂšres nocturnes tarĂąwĂźh, et la rĂ©citation du Coran. Perdre beaucoup de temps en regardant et en Ă©coutant les diverses formes de divertissement est dommageable pour le croyant intelligent. Les responsables, quels qu’ils soient, devraient observer le caractĂšre sacrĂ© de ce mois. Ils devraient ainsi donner l’occasion, pour les croyants qui jeĂ»nent et qui prient, de se rapprocher de Dieu, au lieu de divertissements dont nous nous lassons Ă  longueur d’annĂ©e. Quoiqu’il en soit, regarder ou Ă©couter ces supports audio-visuels n’invalide pas le jeĂ»ne, sauf s’ils mĂšnent Ă  un rapport sexuel. NĂ©anmoins, de nombreuses occasions d’adorer Dieu, de rĂ©citer le Coran, de regarder des Ă©missions religieuses auront Ă©tĂ© manquĂ©es. Le ProphĂšte — paix et bĂ©nĂ©diction sur lui — dit RamadĂąn est venu jusqu’à vous c’est un mois de bĂ©nĂ©diction. Dieu vous en recouvre pour faire descendre sur vous Sa MisĂ©ricorde, pour effacer vos pĂ©chĂ©s, pour rĂ©pondre Ă  vos invocations. Dieu regarde Ă  la maniĂšre dont vous vous concurrencez les uns les autres dans les bonnes actions, puis Il exprime la fiertĂ© qu’Il a de vous devant les Anges. Montrez donc Ă  Dieu ce que vous savez faire. Car le dĂ©muni est en vĂ©ritĂ© celui qui a Ă©tĂ© privĂ© de la MisĂ©ricorde de Dieu. » Que notre concurrence pendant RamadĂąn porte donc sur le bien, non sur le divertissement ni sur la rĂ©alisation des plaisirs. Et Dieu est le plus Savant. Traduit de l’arabe de la Banque de FatĂąwĂą du site Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous

LarĂ©ponse est compliquĂ©e mais pour le moment on aurait plus tendance Ă  ĂȘtre rĂ©aliste et dire non. Ça n’est pas le style musical en vogue et le classique s’apparente Ă  de la musique de « vieux » que l’on ne peut pas vraiment Ă©couter en groupe. A 22 ans, on n’a certes pas tout vu, tout vĂ©cu mais ce qui est sĂ»r c’est que la personne qui souhaitera proposer des
À la mĂ©moire de Jean-Michel Berthelot1La Musique et l’Ineffable, l’association des deux termes dans le titre Ă©ponyme de l’ouvrage de Vladimir JankĂ©lĂ©vitch 1983 [1961] augure d’un mystĂšre de la musique et pose un rapport au sublime. Il suggĂšre Ă  la fois que la musique a partie liĂ©e avec l’indicible, mais aussi que celle-ci s’offre comme moyen de donner forme Ă  l’inexprimable. Ce titre fait Ă©cho parallĂšlement Ă  la difficultĂ© de parler de la musique et de la qualifier, Ă  la crainte mĂȘme de l’apprĂ©hender qu’évoquent bien souvent ceux qui s’apprĂ©cient comme non-spĂ©cialistes, ceux qui ne se sentent pas armĂ©s d’un vocabulaire et d’outils adĂ©quats. L’association des deux termes Ă©voque encore sans Ă©puiser la palette des interprĂ©tations possibles [1] un butoir contre lequel viendrait heurter la pensĂ©e mĂȘme des spĂ©cialistes ». Pourtant, la musique c’est aussi ce refrain qui nous accompagne au quotidien, un air, une chanson, le thĂšme d’une symphonie. Et tout le monde, ou presque, en entend chaque jour, en discute avec d’autres souvent. 2Comment en parler en sociologue ? Comment la sociologie s’est-elle emparĂ©e de cet objet musique » ? Cette question est dĂ©jĂ  une maniĂšre assez inexacte de parler de musique comme phĂ©nomĂšne social et esthĂ©tique. Il faudrait se demander plutĂŽt comment les sociologies Ă©tudient les processus, les pratiques, les objets multiformes instruments, disques
, les acteurs qui font la musique. Et d’ailleurs, objectera-t-on, faut-il parler de la musique, plutĂŽt que des musiques ou de faits musicaux ? Nous y reviendrons, car la question est constitutive de l’approche sociologique choisie. PrĂ©cisons toutefois que l’expression telle qu’employĂ©e dans cet article n’exprime pas une hiĂ©rarchisation entre ce qui serait de l’art ou n’en serait pas, ce qui reviendrait – au moins implicitement – Ă  prĂŽner l’exclusion de certaines formes ou de certains genres musicaux ; cela ne marque pas davantage l’oubli du faire et de son inscription sociale, culturelle et historique. Dans l’emploi gĂ©nĂ©rique, ici privilĂ©giĂ©, le terme inclut toute forme de qualification d’une organisation sonore et parfois aussi multi-artistique comme musique » par des groupes sociaux ce qui est surtout valable en Occident, le terme n’ayant pas d’existence Ă©tablie dans toutes les sociĂ©tĂ©s. Parler de sociologie de la musique Ă©quivaudrait en ce sens Ă  parler de sociologie de la famille ou de l’éducation sans prĂ©juger de la multiplicitĂ© des modĂšles familiaux et des formes d’éducation. 3Sociologie de la musique donc. Ou plus exactement sociologies de la musique. Notre propos interroge les maniĂšres de concevoir une approche sociologique de la musique et les phĂ©nomĂšnes Ă©tudiĂ©s dans ce domaine, mais aussi le rapport personnel et scientifique Ă  la musique qu’entretiennent quatre des principaux auteurs qui ont insufflĂ© un dĂ©veloppement de ce champ disciplinaire dans les annĂ©es 1980 en France [2] et qui contribuent Ă  ce numĂ©ro de L’AnnĂ©e sociologique. Évoquer les itinĂ©raires de recherche, les principaux thĂšmes et les problĂ©matiques qui jalonnent les travaux de ces auteurs nous invite au prĂ©alable Ă  questionner le caractĂšre insaisissable » de la musique et Ă  reconstituer les dĂ©buts de la sociologie de la musique en France. Cela nous conduira Ă  souligner en retour comment la musique et les sociologies de la musique interrogent la sociologie de maniĂšre – Insaisissable musique ?4Pierre Bourdieu a dit de la musique qu’elle Ă©tait l’art “pur” par excellence », elle qui ne dit rien et n’a rien Ă  dire » Bourdieu, 1984. Ses propos ont pu paraĂźtre provocateurs les tenants d’une vision d’un art au-dessus des contingences sociales y perçoivent une critique sous-jacente et une dĂ©prĂ©ciation. À l’opposĂ©, pour les partisans d’une analyse sociologique de cette activitĂ© sociale comme toute autre, les termes de Pierre Bourdieu ont paru impropres tant la musique est faite de chair, par des humains, peuplĂ©e d’objets, mise en scĂšne, liĂ©e aux industries culturelles
 Sans doute faut-il y voir Ă  la fois une discussion sur des reprĂ©sentations vĂ©hiculĂ©es par la musique dans notre sociĂ©tĂ©, et la dĂ©signation d’une spĂ©cificitĂ© de cette activitĂ©. Rappelons-en quelques caractĂ©ristiques bien connues. 5Cet art du sonore est d’abord un art du spectacle en se rĂ©fĂ©rant Ă  l’étymologie, c’est-Ă -dire appelant l’observation par l’avĂšnement. Pour se faire entendre, il nĂ©cessite d’ĂȘtre jouĂ© » ici et maintenant, par des interprĂštes donc, ou par des machines, Ă  l’aide d’un disque, d’un fichier sonore
 Techniques, instruments au sens large, y compris la voix et les producteurs de son, supports en tout genre participent de son avĂšnement dans un espace-temps prĂ©cis, forcĂ©ment situĂ©, au terme d’une longue chaĂźne de coopĂ©ration » Becker, 1988 mobilisant de nombreux acteurs. Et c’est grĂące Ă  un dispositif matĂ©riel, par une incarnation physique, dans de l’humain, de la technique, des objets, que le sonore parvient Ă  nos oreilles. Toujours en devenir du temps qu’elle est jouĂ©e et Ă©coutĂ©e, une » musique est en fait une multitude de moments uniques. 6MĂȘme avec paroles ou bien descriptive », empreinte de conventions » musicales qui font sens pour un groupe social Becker, 1988, une piĂšce de musique n’offre pas de signification directe et n’est jamais univoque. On retrouve la question du rapport de la musique au langage, longuement dĂ©battue par Claude LĂ©vi-Strauss, nombre de sĂ©miologues et de musicologues, dont on ne peut reprendre ici les observations, les thĂšses et les dĂ©bats. Disons rapidement qu’il n’y a pas en musique de dispositif signifiant/signifiĂ© semblable Ă  une langue, malgrĂ© l’existence de langages » musicaux Ă  la formalisation plus ou moins complexe faisant l’objet de grammaires » [3]. En ce sens, la communication est essentiellement d’ordre symbolique. Ce qui mĂšne tout droit Ă  interroger les reprĂ©sentations Constant-Martin, 2006, la construction d’un sens non pas littĂ©ral mais multiforme et sans traduction immĂ©diate possible pour un groupe, d’une signification accordĂ©e par un/des individus et en partie partagĂ©e, et les Ă©motions qui y sont associĂ©es. 7Le caractĂšre souvent dĂ©crit comme impalpable, immatĂ©riel [4], fugace de la musique contribue Ă  entretenir cette part de mystĂšre » [5], ce cĂŽtĂ© impĂ©nĂ©trable qu’on lui prĂȘte souvent, cette peur » parfois exprimĂ©e envers le langage musical ». Comme l’ont montrĂ© philosophes, musicologues et psychologues, la musique entretient un rapport privilĂ©giĂ© au temps Imberty, 1981. Toute musique crĂ©e un temps spĂ©cifique, une durĂ©e, Ă  la fois dans et en dehors du temps commun, permettant de suspendre le fil du temps chronomĂ©trique, de renouer avec d’autres temporalitĂ©s PrĂ©vost-Thomas, 2002, de se syntoniser » avec d’autres compositeurs ou auditeurs SchĂŒtz, 2007, de partager ensemble des Ă©motions intenses. MaĂźtrise temporaire et symbolique du temps, la musique tisse un lien entre des individus, ouvre une fenĂȘtre partagĂ©e, se pose face Ă  la vie et Ă  la mort, Ă  la condition humaine et au devenir humain, aux capacitĂ©s d’engendrement et de crĂ©ation. Parmi les autres arts et formes culturelles, la musique semble dotĂ©e non pas en soi », mais par ses propriĂ©tĂ©s socialement dĂ©finies d’un pouvoir symbolique particulier comme expĂ©rimentĂ© Ă  propos du fĂ©minin et du masculin tels que repĂ©rĂ©s en musique par nos propres travaux historiquement en Occident, ce domaine artistique est le plus rĂ©sistant Ă  un partage des prĂ©rogatives entre hommes et femmes quant aux fonctions crĂ©atrices composition, direction d’ensembles musicaux, sans parler mĂȘme des modalitĂ©s de la pratique chant versus instrument, univers domestique/scĂšne publique. Genre au sens esthĂ©tique et genre au sens sociologique codĂ©terminent l’accĂšs aux outils de crĂ©ation ainsi qu’à la reconnaissance symbolique des unes et des autres dans un domaine confinant – finalement – au sacrĂ© Ravet, Ă  paraĂźtre. 8Fait social et esthĂ©tique, la musique a aussi Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e comme un fait social total » en rĂ©fĂ©rence Ă  Marcel Mauss. Pour Anne-Marie Green qui a dĂ©fendu en sociologie cette conception initiĂ©e en sĂ©miologie de la musique par Jean Molino, ce dernier distinguant le fait musical total » plutĂŽt que la musique des faits musicaux spĂ©cifiques plutĂŽt que des musiques, les diffĂ©rents paliers en profondeur » – selon l’expression de Georges Gurvitch – de la musique imposent d’en Ă©tudier les aspects Ă©conomiques, politiques, matĂ©riels et techniques, symboliques, etc., de saisir Ă  la fois les dimensions sociales et sensibles de chaque fait musical Green, 1993, 234 [6]. On ne peut prĂ©senter ici les thĂ©ories et les travaux menĂ©s du cĂŽtĂ© de la philosophie, de l’hermĂ©neutique, de la sĂ©miologie, de la musicologie et de l’ethnomusicologie qui discutent la nature » du fait musical et les maniĂšres de l’apprĂ©hender. PrĂ©cisons toutefois que concevoir la musique en termes de faits et de pratiques, mais aussi – plus rĂ©cemment – l’envisager en termes de processus est une dĂ©marche partagĂ©e par d’autres disciplines Cook, 2006. 9Proche de celle de certains ethnomusicologues et anthropologues de la musique, insistant sur l’importance du faire, cette direction de recherche sociologique est, Ă  nos yeux, fructueuse. Étudier comment les acteurs fabriquent de la musique, du son qui prenne un sens esthĂ©tique pour un groupe social situĂ©, pris dans un espace-temps, analyser ce faire la musique » [7] oĂč production, rĂ©ception et Ɠuvre » sont insĂ©parables, s’intĂ©resser plus spĂ©cifiquement Ă  la musique en train de se faire », par exemple Ă  la maniĂšre dont une cheffe et un orchestre construisent ensemble une interprĂ©tation musicale Ravet, 2007 porte Ă  s’attacher aux interactions sociomusicales in situ, Ă  prendre en compte aussi bien le contexte que les significations donnĂ©es par chacun Ă  sa participation personnelle et Ă  l’action commune. La musique est ici saisie en tant que processus qui s’actualise dans le jeu » et par l’écoute, ce qui implique de porter attention Ă  toutes les pratiques, Ă  toutes les musiques. 10Cette posture Ă  la fois thĂ©orique et empirique conduit Ă  dĂ©celer les traces des interactions sociales dans la construction mĂȘme du sonore ; elle interroge parallĂšlement le sens des pratiques musicales tel qu’il s’enracine dans l’expĂ©rience sonore et sociale, indissociablement et les propriĂ©tĂ©s esthĂ©tiques rĂ©pertoires, formes, instruments ou types de voix, etc. des processus analysĂ©s. La connaissance du matĂ©riau musical et une pluridisciplinaritĂ© associant sociologie et musicologie s’avĂšrent, dans cette optique, trĂšs enrichissantes, voire indispensables. De la mĂȘme maniĂšre, pour saisir tour Ă  tour plutĂŽt que de maniĂšre simultanĂ©e les diffĂ©rentes facettes de chaque fait musical, la collaboration avec d’autres disciplines comme l’histoire, l’économie, l’ethnologie ou les sciences politiques permet d’éclairer cette activitĂ© humaine, sociale et symbolique, liĂ©e Ă  d’autres univers et semblable Ă  bien d’autres activitĂ©s, en se donnant la possibilitĂ© de prĂ©ciser sa spĂ©cificitĂ© par rapport aux autres pratiques artistiques et – Les dĂ©buts de la sociologie de la musique en France11Les rĂ©flexions sur les rapports entre musique et sociĂ©tĂ© ont une origine ancienne. Il suffit de penser aux Ă©crits de Platon et d’Aristote sur la place Ă  accorder aux musiciens dans la CitĂ© et le rĂŽle Ă  donner Ă  la musique dans l’éducation des citoyens, mais aussi aux reprĂ©sentations symboliques et politiques de la musique et des musiciens dans l’AntiquitĂ©. Les thĂ©oriciens de la Renaissance, puis les philosophes des LumiĂšres – pour ne citer qu’eux – se sont penchĂ©s Ă  leur tour sur la maniĂšre dont la musique entretient des liens avec le langage et la culture d’un peuple, avec l’expression des sentiments et des Ă©motions, et sur ses relations avec le politique. 12Les fondateurs de la sociologie, quant Ă  eux, ont initiĂ© une rĂ©flexion proprement sociologique sur l’art, sans y consacrer l’essentiel de leurs travaux PĂ©quignot, 2009 et en abordant rarement la musique en particulier. Max Weber reprĂ©sente une exception de taille. Son ouvrage posthume sur les fondements rationnels de la musique » Weber, 1998 [1921] est prĂ©curseur il propose une sociologie de la musique fondĂ©e sur une dĂ©marche de sociologie historique comparatiste, qui allie thĂ©orie et empirie et innove Ă  la croisĂ©e de la sociologie et de la musicologie. Analysant la maniĂšre dont s’est traduit, en musique, le processus de rationalisation Ă  l’Ɠuvre en Occident, il considĂšre Ă  la fois les transformations du langage musical la tonalitĂ©, l’harmonie, la notation, l’évolution des techniques en matiĂšre de facture instrumentale en particulier, leur inscription historique, Ă©conomique et sociale. Traduit tardivement en français par Jean Molino et Emmanuel Pedler, discutĂ© Ă  la lumiĂšre de travaux plus rĂ©cents, l’ouvrage demeure un essai novateur et fructueux. 13Parmi les auteurs publiĂ©s en France et pour la musique spĂ©cifiquement, outre Lionel Landry qui pose que la musique est un fait de conscience collectif » 1930, 114 dans son ouvrage sur la sensibilitĂ© musicale » et Maurice Halbwachs 1950 qui publie un texte sur la mĂ©moire collective chez les musiciens, Charles Lalo 1921 au dĂ©but du xxe siĂšcle, puis Marcel Belvianes 1951 et Alphons Silbermann 1955, 1968 ont chacun Ă  leur maniĂšre tentĂ© de poser les fondements d’une sociologie de la musique. Ces trois auteurs se sont situĂ©s par rapport Ă  l’esthĂ©tique traditionnelle qui a partie liĂ©e avec la philosophie, en des sens contraires pour les deux derniers Marcel Belvianes donne Ă  lire une conception idĂ©alisĂ©e de la musique le caractĂšre social de celle-ci tenant uniquement au fait qu’elle participe de la vie de chaque sociĂ©tĂ©, alors qu’Alphons Silbermann tend Ă  sociologiser l’analyse les Ɠuvres sont apprĂ©hendĂ©es en tant que symptĂŽmes de la sociĂ©tĂ©. Cependant, leurs propositions, essentiellement thĂ©oriques, demeurent de l’ordre de l’ esthĂ©tique sociologique » Lalo, 1921. À partir d’exemples d’Ɠuvres, de compositeurs ou de situations de la vie musicale, se distinguant de l’histoire de la musique par leur effort de gĂ©nĂ©ralisation BrĂ©van, 2005, ils s’attachent Ă  mettre en lumiĂšre des dĂ©terminations extra-esthĂ©tiques en maniant diversement le rapport aux valeurs, mais ils restent pris dans une lecture sociale de l’art » Hennion, 1993 qui oppose art et sociĂ©tĂ©, en une posture aporĂ©tique. 14ParallĂšlement, la pensĂ©e spĂ©culative allemande » Menger, 1994 s’intĂ©resse Ă  la musique et produit des textes Ă  redĂ©couvrir aujourd’hui. Comme celui de Max Weber, les Ă©crits d’Alfred SchĂŒtz 2007 et de Theodor W. Adorno 1994 sont traduits tardivement en France et demeurent encore en partie mĂ©connus. Pour ce dernier, Ă  la fois sociologue, philosophe, musicologue et compositeur, il faut crĂ©er une mĂ©thode d’investigation musico-sociologique » adaptĂ©e Ă  chaque phĂ©nomĂšne, conjuguant analyse interne » des Ɠuvres et analyse externe » [8]. Fruit de forces insĂ©rĂ©es dans des rapports de production, chaque Ɠuvre dĂ©tient un degrĂ© de vĂ©ritĂ© » rarement saisi par les consommateurs de musique. Cette thĂ©orie critique qui pose une relative et illusoire autonomie de l’art par rapport Ă  l’aliĂ©nation engendrĂ©e par la sociĂ©tĂ© de consommation a Ă©tĂ© fort discutĂ©e, aussi bien par les musicologues que les sociologues, la force de ses jugements de valeur en particulier ses prises de positions esthĂ©tiques contre le jazz tel qu’il le connaissait Ă  son Ă©poque rebutant. Son travail, qui participe d’une lecture sociale – Ă©laborĂ©e – de la musique, reste marquĂ© par l’emprise esthĂ©tique. C’est aussi le cas des travaux d’Ivo Supi?i? 1971, qui inscrit finalement davantage ses rĂ©flexions en histoire sociale qu’en sociologie, mais de maniĂšre opposĂ©e ce dernier rejete du champ des compĂ©tences sociologiques l’interrogation sur la musique et sur les Ɠuvres, rĂ©attribuĂ©e exclusivement Ă  l’esthĂ©tique. 15En France, ce n’est qu’à partir des annĂ©es 1960 que se dĂ©veloppe une vĂ©ritable sociologie d’enquĂȘte dans les domaines artistiques et culturels Moulin, 1988. En raison des profondes transformations sociales et du champ culturel, Ă  la faveur d’une demande institutionnelle Ă©manant notamment du ministĂšre de la Culture, un ensemble de travaux empiriques voit le jour. Ils rĂ©pondent Ă  un besoin de mieux connaĂźtre les producteurs et les consommateurs des arts et s’inscrivent dans le sillage d’une Ă©valuation des politiques instituĂ©es pour dĂ©mocratiser » la culture. Deux courants se sont ainsi formĂ©s PĂ©quignot, 2009 le premier regroupe des auteurs aux positions diverses comme Pierre Francastel, Roger Bastide et Jean Duvignaud gravitant autour de Georges Gurvitch ; le second se dĂ©veloppe autour de Raymond Aron, avec les travaux des Ă©quipes constituĂ©es par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, d’une part, et Raymonde Moulin, d’autre part. Les arts plastiques, le théùtre, les publics, la photographie constituent les premiers domaines d’investigation. L’intĂ©rĂȘt pour la musique vient plus tard. 16Pourtant, des colloques sur la musique ont lieu dans ces annĂ©es-lĂ  en France en 1961 se tient au Centre d’études sociologiques un Colloque sur la musique » [9]. En 1962, le Colloque international pour une sociologie de la musique les nouvelles structures musicales constituent-elles un phĂ©nomĂšne social ? » [10] interroge les transformations du langage musical savant » ; il fait appel Ă  des musicologues et ethnomusicologues, des compositeurs, des acteurs de la vie musicale, mais pas Ă  des sociologues. Quelques contributions sociologiques paraissent sur la chanson Bernard, 1964 et le jazz Newton, 1966. Aux États-Unis, dans les annĂ©es 1960 toujours, Howard S. Becker publie Outsiders 1985 [1963] qui comprend deux chapitres consacrĂ©s aux musiciens de danse » les musiciens des clubs de jazz des annĂ©es 1940-1950 Ă  Chicago. Mais l’influence de ce dernier en France ne se fait sentir de maniĂšre majeure qu’à partir des annĂ©es 1980, lorsque ses travaux sont traduits en français. 17À la faveur de la rĂ©instauration d’une section Sociologie de l’art » dans L’AnnĂ©e sociologique, Antoine Hennion constate ainsi en 1984 que la sociologie de la musique est moins avancĂ©e que celle de la peinture » Hennion, 1984, 379. Il lui consacre le premier dĂ©bat thĂ©matique en discutant des travaux anglophones, ceux de l’anthropologue de la musique John Blacking dont Le sens musical Ă©tait paru traduit en français en 1980 et l’ouvrage collectif intitulĂ© Whose Music? A Sociology of Musical Languages Sherperd et alii, 1977 proposant un modĂšle thĂ©orique systĂ©matique » pour la sociologie de la musique. À cette Ă©poque, en effet, des travaux en langue anglaise fleurissent, en particulier sur le rock et la culture juvĂ©nile, comme ceux de Simon Frith qui publie un premier opus The Sociology of Rock 1978 bientĂŽt suivi d’autres, ou ceux de Stith H. Bennett 1980. 18De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le colloque sur la Sociologie de l’art » organisĂ© en 1985 Ă  Marseille par Raymonde Moulin apparaĂźt comme fondateur d’un champ spĂ©cifique de la sociologie, celui de la sociologie des arts et de la culture. Sur la quarantaine de contributions, cinq portent directement sur la musique pour les aspects institutionnels et Ă©conomiques, FrĂ©dĂ©rique Patureau sur L’OpĂ©ra de Paris ou les ambiguĂŻtĂ©s de l’enjeu culturel » Moulin, 1999 [1986], 83-93 ; du cĂŽtĂ© des professions artistiques et des marchĂ©s de l’art, Jean-Louis Fabiani sur les CarriĂšres improvisĂ©es thĂ©ories et pratiques de la musique de jazz en France » 231-246 et Pierre-Michel Menger sur L’art, objet de science la recherche musicale savante contemporaine » 247-260 ; enfin, Ă  propos de la sociologie des Ɠuvres, John Shepherd Les exigences d’une sociologie des Ɠuvres musicales le cas des musiques “classiques” et “populaires” » 335-346 et Antoine Hennion La musique est une sociologie points de mĂ©thode, Ă  propos des thĂ©ories musicales de Rameau » 347-356. 19La fin des annĂ©es 1970 et les annĂ©es 1980 marquent ainsi le dĂ©veloppement de travaux empiriques sur la musique en France et l’investissement de chercheurs qui vont consacrer pleinement – au moins un temps – leurs recherches Ă  la musique. Si Bruno BrĂ©van soutient en 1977 une thĂšse de sociologie historique sur la vie musicale parisienne et le concert sous le rĂšgne de Louis XVI et sous la RĂ©volution, qui donne lieu Ă  la parution d’un ouvrage BrĂ©van, 1980, les autres chercheurs se concentrent davantage sur la pĂ©riode contemporaine. Pierre-Michel Menger commence Ă  publier sur la crĂ©ation musicale dans un premier article en 1977, avant son ouvrage sur La Condition du compositeur et le marchĂ© de la musique contemporaine en France 1979, bientĂŽt suivi par Le Paradoxe du musicien 1983 issu de sa thĂšse de doctorat. Antoine Hennion fait paraĂźtre Ă  la mĂȘme Ă©poque des recherches sur l’industrie du disque un premier document en 1975, suivi d’un ouvrage avec Jean-Pierre Vignolle sur L’Économie du disque en France 1978, puis de celui sur Les Professionnels du disque. Une sociologie des variĂ©tĂ©s 1981. La mĂȘme annĂ©e paraĂźt le premier rapport de l’ EnquĂȘte sur les Ă©lĂšves et anciens Ă©lĂšves des Ă©coles de musique contrĂŽlĂ©es par l’État » auquel il participe. En 1983, Anne-Marie Green soutient sa thĂšse sur le rapport des adolescents de lycĂ©es professionnels Ă  la musique, qui donne lieu Ă  la publication d’un ouvrage intitulĂ© Les Adolescents et la Musique 1986. Patrick Mignon commence Ă  publier sur le rock et Jean-Louis Fabiani sur le jazz. À la fin des annĂ©es 1980, Emmanuel Pedler fait paraĂźtre ses premiers articles sur l’opĂ©ra et sur l’écoute aprĂšs avoir soutenu une thĂšse proposant une sociosĂ©miotique de l’opĂ©ra verdien » en 1984. 20On ne peut bien sĂ»r citer tous les auteurs qui dĂ©veloppent une rĂ©flexion d’ordre sociologique sur la musique Ă  partir des annĂ©es 1980 [11]. Avant Jacques Attali avec son essai d’économie politique de la musique » 1977 et Françoise Escal avec Espaces sociaux. Espaces musicaux 1979, Paul Beaud et Alfred Willener avaient en effet proposĂ© dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1970 une rĂ©flexion sur la façon sans prĂ©cĂ©dent dont la musique s’intĂ©grait dans la vie quotidienne et se faisait porteuse d’une nouvelle culture » Beaud, Willener, 1973. Chercheur suisse hĂ©ritier de la pensĂ©e d’Adorno, aprĂšs avoir menĂ© des recherches en sociologie du travail, Alfred Willener se consacre Ă  la musique en travaillant successivement sur l’interprĂ©tation, les rapports sociaux Ă  l’Ɠuvre dans l’orchestre, l’improvisation. En outre, venus de la linguistique pour Louis-Jean Calvet, de l’histoire pour Jean-Claude Klein ou de la psychologie sociale pour Jean-Marie Seca, des Ă©tudes d’autres disciplines interrogent les rapports musique/sociĂ©tĂ© Ă  propos de la chanson, pour les premiers Calvet, 1981 Klein, 1990, les musiciens de rock, pour le troisiĂšme Seca, 1987. 21Les premiĂšres recherches empiriques en sociologie de la musique ont suivi plusieurs chemins, notamment celui des nouvelles » musiques, et en particulier le rock, oĂč la rĂ©flexion croise celle sur la culture jeune » voire le problĂšme jeune », sur les politiques urbaines, sociales et culturelles, sur la part des industries culturelles et des mĂ©dias dans ces phĂ©nomĂšnes. Autre type de nouvelle » musique, la musique contemporaine et la crĂ©ation ont Ă©tĂ© questionnĂ©es, Ă  l’aune du rĂŽle du marchĂ© et de celui de l’État et ses facultĂ©s d’intervention en France. Ainsi la rĂ©partition des tĂąches que l’on a parfois voulu voir entre une musicologie qui traiterait de musique sĂ©rieuse » et une sociologie qui se consacrerait Ă  la musique dite populaire n’est pas avĂ©rĂ©e du cĂŽtĂ© de cette derniĂšre en France [12].3 – Parcours intellectuels de quatre sociologues22Dans ce contexte fertile, certains auteurs proposent un renouveau des approches thĂ©oriques, empiriques et Ă©pistĂ©mologiques par rapport Ă  leurs prĂ©dĂ©cesseurs, en se distinguant notamment de l’ esthĂ©tique sociologique ». Les annĂ©es 1980 et 1990 voient ainsi la parution d’articles et d’ouvrages qui font date. Face Ă  la richesse et Ă  la multiplicitĂ© actuelle des dĂ©marches, il paraĂźt essentiel de revenir briĂšvement sur des travaux qui ont ouvert des voies heuristiques. Appartenant Ă  la gĂ©nĂ©ration du baby-boom [13], les quatre contributeurs Ă  ce numĂ©ro ont Ă©tĂ© formĂ©s d’abord Ă  d’autres disciplines la philosophie Ă  l’ens, pour Jean-Louis Fabiani et Pierre-Michel Menger, comme nombre de sociologues avant eux Raymond Aron, Pierre Bourdieu, mais aussi le droit, pour Emmanuel Pedler, les sciences de l’ingĂ©nieur et la musicologie, pour Antoine Hennion. Pour autant leur doctorat s’inscrit en sociologie, discipline Ă  laquelle les chercheurs Ă  leur suite seront plus frĂ©quemment initialement formĂ©s. Revenons un temps sur l’itinĂ©raire de recherche de chacun d’entre eux. 23Directeur d’études Ă  l’ehess et professeur Ă  la Central European University Budapest, Jean-Louis Fabiani n. 1951 a soutenu en 1980 Ă  l’ehess, sa thĂšse sur l’étude des configurations de savoir ». Elle a donnĂ© lieu Ă  l’ouvrage Les Philosophes de la RĂ©publique 1988. Ses recherches actuelles interrogent des problĂ©matiques essentielles en sociologie de la culture sur savant/populaire et sur la lĂ©gitimitĂ© culturelle. Tout au long de ses travaux court un fil qui le relie rĂ©guliĂšrement Ă  la musique, au jazz en particulier et au music-hall Fabiani, 2006. Ce thĂšme de recherche prend une importance dans son parcours sans doute plus forte qu’il ne le laisse entendre comme en tĂ©moignent les thĂšses qu’il a dirigĂ©es sur le rap Pecqueux, 2003, le jazz Roueff, 2007 et la globalisation des formes musicales jazz/rock Dorin, 2005. 24Par le jazz se trouve abordĂ©e la question des arts moyens », de la tension entre cultures savantes et populaires, des formes de rĂ©ception et leurs variations historiques. Son article CarriĂšres improvisĂ©es » augure ainsi d’une analyse, non pas des carriĂšres de musiciens de jazz au sens de Everett Hughes ou de la sociologie du travail, mais de la constitution sociale de l’objet “jazz” en France » Fabiani, 1986, 231 il montre comment le jazz a Ă©tĂ© perçu et construit comme tel et quel a Ă©tĂ© l’impact des processus de thĂ©orisation de cette musique sur sa perception et sa caractĂ©risation en musique noire ». L’ethnicisation de cette musique a partie liĂ©e avec la constitution et l’influence d’une jazzophilie » faite par des blancs » en France. L’article Ă©voque Ă©galement le processus de lĂ©gitimation du jazz, par le biais de politiques culturelles, d’un processus d’institutionnalisation enseignement, commandes d’État
 et l’avĂšnement d’ employĂ©s du jazz ». Mais les Ă©crits qui suivent Fabiani, 2008 nuancent cette analyse. Jean-Louis Fabiani montre que le jazz, loin d’ĂȘtre un art moyen » en homologie avec les goĂ»ts de la petite bourgeoisie », se rĂ©vĂšle aprĂšs enquĂȘte un art de la tension entre deux extrĂȘmes » comme il l’explique dans ce numĂ©ro. Au contact de terrains particuliers, la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle telle que dĂ©veloppĂ©e par Pierre Bourdieu en vient Ă  ĂȘtre ainsi fortement amendĂ©e. 25Antoine Hennion n. 1952 est professeur Ă  l’École des Mines et membre du Centre de sociologie de l’innovation qu’il a dirigĂ© de 1994 Ă  2002. Il dĂ©veloppe une sociologie de la culture Ă  partir de la musique Ă  laquelle il consacre la majoritĂ© de ses travaux parmi d’autres sur la radio, la publicitĂ©, le design, le vin, et plus rĂ©cemment les humanitĂ©s altĂ©rĂ©es » par le handicap, la vieillesse, l’alcoolisme
. Comme pour les autres auteurs, on ne peut Ă©voquer tous ses Ă©crits, tant les thĂ©matiques de recherches sont fĂ©condes. Elles portent principalement sur le disque, sur les Ă©lĂšves des conservatoires et l’enseignement musical en France, sur les amateurs et les auditeurs, l’écoute et les goĂ»ts, sur la musique ancienne, Bach et Rameau en particulier, mais aussi sur l’opĂ©ra, le rock
, et le conduisent Ă  diriger des thĂšses par exemple Ă  propos du heavy metal Petesch, 2009. La mĂ©diation, puis les attachements » et sa conception pragmatiste de la sociologie y trouvent leurs fondements. 26Dans ses premiers travaux sur l’industrie du disque, Antoine Hennion montre le rĂŽle essentiel, dans la production d’une chanson de variĂ©tĂ©, du directeur artistique en tant que mĂ©dium » qui incarne le public ses dĂ©sirs, ses envies
 » Hennion 1981, 13. Dans La Passion musicale 1993, ouvrage issu de la thĂšse qu’il a soutenue en 1991, Antoine Hennion dĂ©veloppe sa thĂ©orie de la mĂ©diation. AprĂšs avoir interrogĂ© le renouveau » de la musique baroque, sa redĂ©couverte qui est en fait une rĂ©invention de cette musique aujourd’hui Ă  l’aide d’objets instruments, disques
 outre les traitĂ©s thĂ©oriques anciens, il discute les thĂ©ories en sociologie de l’art et en histoire sociale de l’art et explique que le moyen de saisir l’objet musique est de l’apprĂ©hender par ses mĂ©diations, par les liens musique-auditeur, par les gestes, la scĂšne, les instruments, les partitions
 27Poursuivant ces pistes, il s’intĂ©resse notamment aux amateurs et Ă  Bach au cƓur de deux ouvrages publiĂ©s en 2000. Avec le musicologue JoĂ«l-Marie Fauquet, il analyse comment s’est créé un goĂ»t pour les musiques du passĂ© avec Bach au xixe siĂšcle Fauquet, Hennion, 2000. L’élaboration d’un amour de la musique » et l’avĂšnement de l’ amateur » au sens de celui qui aime et cultive ce goĂ»t sont constitutifs de l’appropriation de cette musique en la transformant par des arrangements divers, en produisant discours et commentaires
 et modifient l’approche de la musique en gĂ©nĂ©ral. Les diffĂ©rentes figures de l’amateur » Hennion, Maisonneuve, Gomart, 2000 doivent prendre place dans l’histoire de la musique, qui est aussi une histoire de l’écoute et du goĂ»t marquĂ©e par la discomorphose ». Mis en parallĂšle avec l’effet d’une drogue, toutes proportions gardĂ©es, l’attachement pour la musique passe fortement par le rapport Ă  des objets comme le disque. 28Dans l’hĂ©ritage de la pensĂ©e de Bruno Latour et de Michel Callon, membres du mĂȘme laboratoire de recherche, Antoine Hennion propose ainsi une approche pragmatiste de la sociologie et de la musique. En tant que telle et posĂ©e a priori, cette derniĂšre n’existe pas, pas plus que le social. Pour reprendre les termes de l’auteur, les choses et les objets nous font », par les prises » qu’ils exercent sur nous. Les collectifs, les corps et les subjectivitĂ©s font exister la musique dans un faire ensemble ». Son approche de la musique se positionne ainsi contre la sociologie critique de Pierre Bourdieu, refusant une position qu’il estime surplombante » dominants/dominĂ©s et sociologiste marquĂ©e par le discours sur la croyance ». Elle critique Ă©galement les approches qui Ă©vacuent la musique parce qu’elles restent dans un dualisme entre sociologie et esthĂ©tique, objet et sujet. Dans la perspective qui est la sienne, insistant sur les capacitĂ©s rĂ©flexives des acteurs, il faut partir de l’appropriation, montrer comment l’objet musique devient objet de dĂ©sir », producteur de sens et d’imaginaire. À la question essentialiste de la nature de l’objet se substitue alors l’interrogation sur ce que fait la musique » et ce qu’elle fait faire », Ă  ceux qui la goĂ»tent et l’apprĂ©cient. 29Pierre-Michel Menger n. 1953 est directeur de recherche au cnrs et directeur d’études Ă  l’ehess ; il a dirigĂ© le Centre de Sociologie du Travail et des Arts de 1993 Ă  2009. La crĂ©ation musicale contemporaine a constituĂ© son premier domaine d’investigation notamment pour son doctorat on l’a vu, oĂč il a rĂ©alisĂ© une enquĂȘte d’envergure sur les compositeurs et leurs liens Ă  l’État, ces travaux ayant Ă©tĂ© prolongĂ©s par une Ă©tude des publics de la musique contemporaine Menger, 1986 et sur Les Laboratoires de la crĂ©ation musicale 1989. Il y montre le caractĂšre assistĂ© » de la crĂ©ation notamment le poids des commandes, les carriĂšres des compositeurs Ă©tant trĂšs liĂ©es Ă  cette institutionnalisation. La question des publics et de l’écoute de la musique contemporaine en dĂ©coule ; elle interroge le schisme communĂ©ment admis entre crĂ©ateurs et auditeurs et montre la coupure entre une consommation volontariste » et la perception de cette musique fondĂ©e sur des compromis. 30D’une terminologie bourdieusienne dans le Paradoxe du musicien 1983, l’analyse se dĂ©clinant en termes de prises de positions esthĂ©tiques Ă  mettre en relation avec des dispositions sociales et la position professionnelle des crĂ©ateurs, Pierre-Michel Menger en vient trĂšs vite Ă  une critique de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle Ă  propos de l’apprĂ©ciation problĂ©matique par mise en suspend du jugement critique de la musique contemporaine mĂȘme pour les auditeurs censĂ©s ĂȘtre les plus cultivĂ©s ». De maniĂšre sous-jacente, la rĂ©flexion sur la musique comme type de langage, ses dĂ©terminations temporelles et historiques au regard des paradigmes esthĂ©tiques, est essentielle. 31Par la suite, ses recherches ont portĂ© sur les comĂ©diens et les intermittents, et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, sur le travail et les professions artistiques, les marchĂ©s de l’art, les nouvelles formes de salariat. Aujourd’hui, il s’intĂ©resse au monde acadĂ©mique Ă  propos de questions telles que les inĂ©galitĂ©s de talent et de gain, questions au cƓur de son ouvrage synthĂ©tique Le travail crĂ©ateur 2009. L’analyse des professions artistiques et scientifiques est menĂ©e sous l’angle de la gestion de l’incertitude comme moteur des pratiques crĂ©atrices, Ă  la lumiĂšre des enseignements de la thĂ©orie Ă©conomique. L’incertitude engendre la surprise qui procure une gratification au travail de l’artiste ou du crĂ©ateur, lui-mĂȘme soumis Ă  de perpĂ©tuels réévaluations. Des diffĂ©rences minimes de talent produisent des inĂ©galitĂ©s patentes de rĂ©ussite dans des univers nĂ©cessairement inĂ©galitaires », empreints de concurrence, comme le montre cette thĂ©orie de l’action en horizon incertain ». 32Tout au long de cet ouvrage qui thĂ©orise son approche, la musique se fait entendre. Pierre-Michel Menger a d’ailleurs consacrĂ© en 2002 une analyse au talent et au gĂ©nie Ă  propos de Beethoven, oĂč il critique des postures constructivistes thĂ©oriques comme celle de Theodor W. Adorno ou empiriques comme celles de Norbert Élias et surtout de Tia DeNora pour privilĂ©gier une analyse dynamique » en termes de rĂ©seaux, de variations de talent qui se renforcent et finissent par produire des Ă©carts consĂ©quents en matiĂšre de soutien de l’activitĂ© et de reconnaissance du gĂ©nie ». Aux forces sociales de macro-acteurs en lutte, il entend opposer une analyse plus micro- sociologique, moins dĂ©terministe, oĂč les stratĂ©gies des acteurs intĂšgrent le feed-back produit par le jugement incessant des musiciens eux- mĂȘmes et d’autres acteurs au jeu de concurrence du milieu. Y transparaĂźt par touches, en particulier Ă  la fin du texte, le statut historique, social et symbolique spĂ©cifique de la musique sĂ©rieuse ou savante ». AprĂšs Beethoven et le gĂ©nie, mais aussi Rodin et l’inachĂšvement, il approfondit dans ce numĂ©ro sa conception d’une sociologie de l’Ɠuvre musicale. Ajoutons qu’il a dirigĂ© plusieurs thĂšses sur le rock Mignon, 1996, les professions et carriĂšres musicales Coulangeon, 1998, le lien entre innovation Ă©conomique, sociale et esthĂ©tique pour la musique ancienne François, 2000 ou les musiques Ă©lectroniques Jouvenet, 2003. 33Enfin, Emmanuel Pedler n. 1956 est directeur d’études Ă  l’ehess de Marseille. Sa thĂšse soutenue en 1985 et son habilitation Ă  diriger des recherches 1996 portent entre autres sur l’opĂ©ra auquel il consacre un ouvrage Pedler, 2003 et plusieurs articles mobilisant notamment une approche sociohistorique. Il s’intĂ©resse aux carriĂšres de spectateurs et d’auditeurs et travaille parallĂšlement sur l’écoute en dialoguant avec la musicologie. Pour caractĂ©riser les modalitĂ©s et les paramĂštres de l’écoute plus prĂ©cisĂ©ment que dans les enquĂȘtes sur les goĂ»ts musicaux, il mĂšne par exemple des expĂ©riences Ă  l’aide de socio-audigrammes » Pedler, 1994. Il montre ainsi que la finesse de l’écoute varie en fonction du degrĂ© de conversion musicale », d’une part, mais aussi que les Ɠuvres du grand rĂ©pertoire » peuvent faire Ă  la fois l’objet d’une lecture commune » et d’une Ă©coute savante », y compris chez les professionnels. 34Ses recherches sur le concert et sur l’institutionnalisation de la musique savante Pedler, 2004 prolongent la mise en question des fondements de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle pertinente quant Ă  l’importance des institutions, cette thĂ©orie est Ă  nuancer quant aux formes de rĂ©ception qui, rapportĂ©es aux diffĂ©rents types de public, sont loin d’ĂȘtre uniformes pour un mĂȘme groupe. Comme il le montre Ă  propos d’une reprĂ©sentation du BƓuf sur le toit de Darius Milhaud Pedler, 2004, confrontation », malentendus culturels » et complicitĂ©s dans le malentendu » caractĂ©risent la rĂ©ception en concert musiciens et public lyrique sensibilisĂ© Ă  la musique dite savante apprĂ©cient de maniĂšre opposĂ©e la prestation, montrant la diversitĂ© des entendements musicaux ». En outre, le concert et chaque type d’institution provoquent la construction d’un rapport particulier Ă  la chose musicale ». 35De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Emmanuel Pedler s’intĂ©resse Ă  la rĂ©ception des Ɠuvres – musicales, visuelles et théùtrales dans d’autres travaux – ainsi qu’aux formes culturelles de la communication, ancrant sa rĂ©flexion en sociologie de la culture. La sociologie de la musique continue cependant de l’occuper, par la direction de thĂšses par exemple sur le rap Sberna, 2000 et les musiques particularistes » Cestor, 2004, mais aussi par la relecture de textes fondateurs en sociologie de la musique. Depuis la traduction du texte inachevĂ© de Max Weber 1998, il Ɠuvre Ă  en montrer l’intĂ©rĂȘt actuel pour la sociologie de la culture – Ă  l’instar de ceux de Georg Simmel, mais aussi Alfred SchĂŒtz et Maurice Halbwachs comme il l’évoque dans ce numĂ©ro – au-delĂ  des malentendus sur sa lecture Pedler, 2006, 2008. En particulier, la dĂ©marche sociohistorique comparative et l’importance des techniques dans l’évolution des formes culturelles constituent des directions de recherche qu’il contribue lui-mĂȘme Ă  problĂ©matiser. 36La diversitĂ© des thĂ©matiques et des approches des quatre auteurs montre, s’il Ă©tait encore besoin de s’en convaincre, que se lisent lĂ  des sociologies de la musique, des maniĂšres diffĂ©rentes et complĂ©mentaires de faire de la sociologie de la musique. Sociologies du travail musical, de la mĂ©diation, de la rĂ©ception, sociomusicologie, elles sont liĂ©es Ă  la sociologie des arts et de la culture, des professions, des rĂ©seaux, etc. Aucun des quatre auteurs d’ailleurs ne laisserait Ă©tiqueter ses recherches sous une seule acception, mĂȘme s’ils citent l’une ou l’autre parmi leurs domaines d’étude. Ces quatre sociologues participent Ă  l’impulsion donnĂ©e depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980 Ă  la sociologie de la musique en France, notamment en dirigeant des thĂšses, avec d’autres comme Anne-Marie Green. Le foisonnement des recherches depuis une dizaine d’annĂ©es en France suit des pistes ouvertes par leurs travaux recherches sur le travail et les professions musicales interprĂštes, musiciens ordinaires » , la crĂ©ation et la production musicales au sein des musiques savantes » comme populaires », le marchĂ© de la musique au fil de ses Ă©volutions en fonction de l’apparition de nouveaux supports
, les institutions et les politiques musicales lĂ©gitimant » par exemple des musiques comme le rock, l’écoute et les expĂ©riences musicales oĂč publics, mĂ©lomanes, amateurs au sens d’aficionados, ou encore Ă©motions esthĂ©tiques sont apprĂ©hendĂ©s, les Ɠuvres et les interprĂ©tations au cƓur d’interrogations toujours renouvelĂ©es
 tout en explorant de nouveaux terrains et d’autres approches. On en trouvera une prĂ©sentation par CĂ©cile PrĂ©vost-Thomas Ă  la suite des Ă©tudes de nos quatre – Un rapport Ă©troit Ă  la musique37Non spĂ©cifique Ă  ce domaine – rebattue selon d’aucuns –, une question se pose pourtant avec acuitĂ© dans les dĂ©bats sur les dĂ©marches heuristiques en sociologie des arts et de la culture, tout particuliĂšrement en musique faut-il ĂȘtre musicien » pour mener des recherches pertinentes sur la musique, Ă  tout le moins pour mener des enquĂȘtes et comprendre ce qui se dĂ©roule sur le terrain ? Musicien » s’entend ici en un sens large qui comprend de multiples acceptions ĂȘtre formĂ© Ă  la musique, jouer soi-mĂȘme de la musique d’une maniĂšre ou d’une autre, ĂȘtre reconnu comme l’un des membres du milieu » sur lequel porte l’enquĂȘte on n’emploie pas ici Ă  dessein le terme professionnel » qui ne recouvre pas forcĂ©ment la mĂȘme signification pour les acteurs concernĂ©s et pour l’observateur. Ou alors, la condition minimale » requise est-elle de bien connaĂźtre » le milieu Ă©tudiĂ©, voire d’apprĂ©cier particuliĂšrement la musique qui y est produite ? Ou encore, rien de tout cela n’est-il nĂ©cessaire, l’implication pouvant reprĂ©senter davantage une entrave, un biais potentiel contre lequel se prĂ©munir ? 38Howard S. Becker, musicien de jazz et sociologue observant son propre milieu, dans Outsiders et d’autres Ă©crits Faulkner, Becker, 2009, reprĂ©sente actuellement une figure tutĂ©laire pour de nombreux sociologues en contact avec un terrain musical spĂ©cifique. Les quatre auteurs dont nous venons d’apprĂ©hender le parcours intellectuel entretiennent chacun un rapport particulier Ă  la musique, qui – contrairement Ă  H. S. Becker – n’est pas de l’ordre de l’observation participante oĂč relations personnelle et scientifique se mĂȘlent indissociablement. Cependant, leur façon de concevoir la sociologie est pour chacun d’eux marquĂ©e par leur intĂ©rĂȘt intellectuel pour la musique, par leurs goĂ»ts et leur pratique le cas Ă©chĂ©ant. DĂ©couvrir un tant soit peu le rapport qu’ils entretiennent avec la musique permet donc de mieux saisir la construction de leur pensĂ©e, outre leur approche de cet objet » en tant que chercheurs [14]. 39Tout d’abord, deux d’entre eux ont Ă©tĂ© formĂ©s longuement, en particulier Ă  la musique dite classique qu’elle soit enseignĂ©e en conservatoire ou en cours particuliers. Les deux autres formulent des regrets face Ă  une absence de formation et/ou un manque de pratique. Si Pierre-Michel Menger a regrettĂ© infiniment de n’avoir appris le piano », Jean-Louis Fabiani explique 40 J’ai fait un peu de piano et de solfĂšge Ă©tant enfant, mais surtout j’ai fait du chant classique Ă  la Schola Cantorum quand j’étais Ă  l’ens et plus tard. J’ai toujours regrettĂ© de n’avoir pas fait plus de musique et je reprends des cours ici Ă  Budapest. » 41Emmanuel Pedler, quant Ă  lui, a suivi un cursus d’apprentissage de la musique et du violon depuis l’enfance, qui s’est prolongĂ© plus tard par la pratique de la musique de chambre 42 Mon rapport privĂ© Ă  la musique est Ă©troit depuis longtemps maintenant. Des Ă©tudes au cnr de Nice d’abord prix de violon, poursuivies, Ă  la fin, en parallĂšle avec mes Ă©tudes de droit. J’ai eu la chance Ă  ce moment d’avoir Paul Tortelier comme professeur de musique de chambre. Depuis j’ai continuĂ© Ă  pratiquer la musique de chambre – piano et violon et plus rĂ©cemment clavecin et violon. » 43Pour Antoine Hennion, l’apprentissage de la musique s’est fait Ă  partir de l’adolescence, Ă  l’école, au sein d’une chorale de garçons. À la mĂȘme Ă©poque, il commence Ă  prendre des leçons particuliĂšres de piano auprĂšs d’une professeure de la filiĂšre post-Cortot » qui Ă©tait excellente pour apprendre Ă  aimer la musique ». Il poursuit ses Ă©tudes de piano jusque pendant ses annĂ©es de classes prĂ©paratoires puis d’étudiant Ă  l’École des Mines, mais un tel apprentissage – exigeant – devient de moins en moins tenable ». ParallĂšlement, il s’inscrit en musicologie Ă  la Sorbonne oĂč il soutient une maĂźtrise 1978. Il apprend Ă©galement la clarinette durant quatre ou cinq ans avec un professeur de conservatoire hypertraditionnel » et joue beaucoup avec des amis. 44 J’ai fait plein de musiques avec des copains, des dĂ©chiffrages tout Bach instrumental Ă  la clarinette basse ou presque !, des groupes dans la rue pour soutenir le comitĂ© Chili en jouant des mĂ©lodies sud-amĂ©ricaines Ă  la clarinette, 
 un groupe d’amateurs aux Mines, etc. » 45Enfin vient l’apprentissage du chant, plus tardif, auprĂšs de plusieurs enseignants successifs 46 [Je ne faisais] plus de chorale, mais j’ai toujours chantĂ©, fort et fort mal, sans avoir encore un goĂ»t particulier pour l’opĂ©ra, donc sans penser Ă  travailler la voix. Le chant, c’est venu tard, vraiment tard, vers 45 ans, d’une copine qui m’a dit “m’enfin, tu chantes tout le temps, essaie de le faire pour de bon”. 
 Entre-temps, je m’étais mis Ă  apprĂ©cier l’opĂ©ra, comme beaucoup avec l’ñge, mais pas du tout Verdi-Wagner, au contraire, tous les autres, en particulier les Français du xixe siĂšcle, Ă  mon sens bien trop dĂ©daignĂ©s. Et comme j’ai une grosse voix de basse-baryton, je prends un plaisir Ă©norme Ă  aller de Bach ou FaurĂ© ou Schumann Ă  Verdi, pour le chanter, ou Bizet ou Massenet
 » 47Emmanuel Pedler et Antoine Hennion continuent Ă  pratiquer la musique mais juste en amateur, on fait quelques auditions ou concerts aux Mines en fin d’annĂ©e, rien de plus » explique ce dernier. Jean-Louis Fabiani est par ailleurs depuis onze ans prĂ©sident du conseil d’administration de l’orchestre des jeunes de la MĂ©diterranĂ©e rĂ©unissant vingt et un pays. Quant Ă  Pierre-Michel Menger, il est un fervent mĂ©lomane. 48Le goĂ»t prononcĂ© pour la musique est partagĂ© par les quatre sociologues. Il Ă©claire le choix de travailler sociologiquement sur celle-ci – de maniĂšre distincte pour chacun d’eux – goĂ»ts et rapport Ă  la musique Ă©voluant au cours des annĂ©es de recherche. Pour Pierre-Michel Menger, la rencontre » avec la musique a fondĂ© une vĂ©ritable passion, dont le rĂ©cit est apparentĂ© Ă  celui que font certains musiciens de la naissance d’une vocation » nĂ©e d’un coup de foudre » ou d’ une rencontre » prĂ©cisĂ©ment. 49 Mon rapport Ă  la musique est celui d’une passion nĂ©e Ă  11 ans, fortuitement un ami de la famille dĂ©cĂ©dĂ© lĂšgue, pour moi, un bureau en chĂȘne que j’ai toujours et cinq 33 tours de musique classique – Beethoven, Mozart, Wagner – et c’est une Ă©tincelle qui se transforme en incendie dans mes neurones et ma sensibilitĂ©, et s’est transformĂ©e en goĂ»t profond uniquement par la mĂ©diation du disque, puis, Ă  Paris, quand j’y ai fait mes Ă©tudes, du concert et de l’opĂ©ra. 
 Plusieurs camarades normaliens, surtout parmi les scientifiques, Ă©taient d’excellents pianistes et j’adorais passer des nuits Ă  les Ă©couter jouer en sous-sol, rue d’Ulm. » 50Cette rencontre se double d’une curiositĂ© assez vive pour la musique moderne contemporaine, au moment mĂȘme oĂč [il] dĂ©couvr[e] la musique » 51 Je me souviens d’avoir Ă©tĂ© mĂ©dusĂ© par l’écoute de la Musique pour cordes, percussion et cĂ©lesta de BartĂłk, dont un camarade de classe m’avait passĂ© le disque, puis d’avoir voulu Ă©couter en classe de musique la totalitĂ© du Concerto de Jolivet dont la professeur de musique avait prĂ©sentĂ© un extrait aux Ă©lĂšves, et encore d’avoir Ă©tĂ© troublĂ© par l’écoute d’Ɠuvres de VarĂšse et Xenakis, qui passaient sur ce qui est devenu France-Musique ensuite. Tout ça dans ma province lorraine, Ă  Forbach, oĂč pas une once de musique vivante n’était Ă  portĂ©e d’ouĂŻe, jusqu’à la fin des annĂ©es 1960. » 52Cela ne sera pas sans consĂ©quence sur son investissement dans des recherches sur la crĂ©ation contemporaine, puisque explique-t-il cela m’a dĂ©terminĂ© Ă  choisir mon sujet de doctorat, mais pas au point de renoncer Ă  la recherche pour apprendre l’écriture et la composition, comme me l’a proposĂ© Maurice Ohana ». Pour Emmanuel Pedler le parcours est inverse. Il a commencĂ© Ă  travailler sur l’opĂ©ra selon un choix qui a Ă©tĂ© plus directement pilotĂ© par des motifs intellectuels que par un goĂ»t pour [celui-ci] ». Il en va diffĂ©remment aujourd’hui 53 Le parcours musical de mes enfants 
 m’a confrontĂ© Ă  d’autres rĂ©pertoires et m’a introduit Ă  la musique baroque vers laquelle je penche de plus en plus. Ma curiositĂ© pour la fin du xviie et le tout dĂ©but xviiie italien s’ancre ainsi doublement intellectuellement pour explorer dans une perspective wĂ©bĂ©rienne des voies encore indĂ©frichĂ©es, musicalement pour saisir la posture et l’expĂ©rience musicales des compositeurs et interprĂštes oubliĂ©s aujourd’hui comme Veracini, Carbonelli ou Mascitti. » 54De son cĂŽtĂ©, Antoine Hennion a travaillĂ© sur les variĂ©tĂ©s » lors de ses premiers travaux sociologiques et musicologiques mais, Ă©galement, moins par goĂ»t pour des musiques – dont il estimait alors qu’elles Ă©taient situĂ©es en dehors du domaine de l’art – que par nĂ©cessitĂ© scientifique 55 A priori plus sensibles Ă  la musique classique ou contemporaine et au jazz, tant par goĂ»t que par formation et intĂ©rĂȘts thĂ©oriques, nous avons sur le terrain opĂ©rĂ© un premier dĂ©placement, qui s’imposait le disque, c’est avant tout les variĂ©tĂ©s. » 56Quant Ă  Jean-Louis Fabiani, il se reconnaĂźt comme amateur de jazz » Fabiani, 2008 mais prĂ©cise par ailleurs 57 Je me suis toujours intĂ©ressĂ© Ă  des objets pĂ©riphĂ©riques en musique jazz ou music-hall sur lequel je prĂ©pare un livre avec Jacques Cheyronnaud mais j’ai des goĂ»ts personnels plus lĂ©gitimes. » 58Les goĂ»ts des quatre sociologues les portent surtout vers les musiques communĂ©ment classĂ©es comme savantes musiques an- cienne et baroque, musiques classique et romantique, opĂ©ra, musique contemporaine
 Mais il peut comprendre des incursions vers d’autres rĂ©pertoires. Antoine Hennion aime Bach avant tout, Schumann, Rameau et la musique française de la fin du xixe et du dĂ©but du xxe siĂšcles, mais il a aimĂ© le rock des annĂ©es 1960 il regrette d’avoir vendu tous ses disques en 1968, le jazz Charlie Parker, Archie Shepp et la musique contemporaine. Surtout, le rapport personnel Ă  la musique s’ancre dans des pratiques intimement liĂ©es Ă  l’activitĂ© intellectuelle telle que l’écoute de disques 59 J’ai une Ă©norme collection de disques, au fur et Ă  mesure de mes strates de goĂ»ts en 33 tours puis cd pas encore trop Internet. Mais surtout, sauf pour des rĂ©dactions pointues, je travaille en Ă©coutant. C’est mon rapport no 1 Ă  la musique aujourd’hui, mĂȘme avant le chant que j’adore, on sort de chaque leçon en possĂ©dant le monde, avec l’impression d’avoir enfin tout compris et de repartir Ă  zĂ©ro mais que tout s’ouvre
. En fait je suis un Ă©couteur de kilomĂštres et de kilomĂštres de musiques. » 60On le voit, le lien est fort et parfois indissociable entre une passion ou un goĂ»t pour la musique et la pratique scientifique. Le rapport qui s’est construit au fil des annĂ©es avec certaines musiques a eu, de diverses maniĂšres, une incidence rĂ©elle sur le choix des sujets de recherche ou la maniĂšre mĂȘme de faire de la sociologie. La question de la distance au sujet de recherche, de la neutralitĂ© scientifique » et de l’objectivitĂ© y est mĂȘlĂ©e. Si cette question peut apparaĂźtre comme banale, elle n’en demeure pas moins abordĂ©e par chacun des sociologues comme un questionnement au fondement de leur positionnement et de leur dĂ©marche. Dans la prĂ©face » au Paradoxe du musicien, Raymonde Moulin donne comme clĂ© » de l’ouvrage l’ admiration [de Pierre-Michel Menger] pour l’activitĂ© de crĂ©ation » et explique 61 Je sais la fascination qu’ont exercĂ©e sur lui ses interlocuteurs et quel ascĂ©tique effort lui a demandĂ© la prise de distance que le sociologue s’impose, par exigence de mĂ©thode, Ă  l’égard du milieu observĂ©. » 62Partageant ce principe d’une distance » nĂ©cessaire avec son domaine de recherches lors de ses premiers travaux sur l’opĂ©ra, Emmanuel Pedler se montre aujourd’hui plus nuancĂ©. Il adopte ainsi une position bien diffĂ©rente vis-Ă -vis de ses goĂ»ts et intĂ©rĂȘts musicaux comme moteur » de comprĂ©hension scientifique, Ă  propos de la musique italienne des xviie et xviiie siĂšcles. Il estime en outre que le rapport plus ou moins familier et complice Ă  un rĂ©pertoire et/ou une forme musicale agit en consĂ©quence sur la teneur de l’analyse 63 J’avoue avoir toujours travaillĂ© sur l’opĂ©ra Italien et français du xixe avec une certaine distance. J’ai longtemps Ă©tĂ© persuadĂ© que cette distance Ă©tait salutaire. Est-ce vraiment le cas ? L’intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  la forme musicale qu’on Ă©tudie est Ă©galement un bon moteur pour la comprendre de l’intĂ©rieur. D’une certaine façon, expĂ©rimenter les deux postures – distance vis-Ă -vis de l’opĂ©ra du xixe et goĂ»t pour la musique italienne des xviie et xviiie siĂšcles – constitue un dispositif comparatif intĂ©ressant. Je note que dans l’un et l’autre cas, les styles des recherches que j’ai dĂ©veloppĂ©es ont variĂ© significativement, sans doute parce que ces deux chantiers ont Ă©tĂ© engagĂ©s Ă  des moments trĂšs diffĂ©rents du dĂ©roulement de carriĂšre, dans des contextes intellectuels qui ont bougĂ©, etc.. Dans tous les cas il serait impossible de permuter les deux terrains l’un Ă©loignĂ©, l’autre proche sans modifier significativement les cadres d’analyse mobilisĂ©s. » 64Les thĂ©matiques des travaux d’Antoine Hennion recoupent ses goĂ»ts de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ainsi des amateurs et de la discomorphose, de Rameau et de ses thĂ©ories, de l’opĂ©ra français, du travail sur Bach. Mais ce rapport Ă  la musique fonde finalement toute sa dĂ©marche sociologique et la nĂ©cessitĂ© de ne pas dissocier l’objet et le goĂ»t pour l’objet de l’étude. On l’a vu, pour lui, il n’y a pas d’ objet » – lĂ , en dehors – duquel le/la sociologue devrait se dĂ©tacher pour mieux l’analyser. Tout se joue dans des rapports d’attachement qui impliquent le/la chercheure. Antoine Hennion a dĂ©veloppĂ© Ă  plusieurs reprises la nĂ©cessitĂ© de revenir sur la fausse Ă©vidence de l’injonction de distance et de recul, confondue avec une objectivitĂ© critique » qui est aussi une critique de la sociologie critique, comme Ă  propos de l’écoute 65 L’écoute est bien aussi un dĂ©fi Ă  la sociologie que peux-tu dire de la musique, sans mettre en jeu ton propre amour de la musique, et d’abord, sans Ă©couter toi-mĂȘme ? Le mot Ă©coute est parfait, pour cela, il Ă©vite la dualitĂ© du rapport Ă  l’objet s’y connaĂźtre ou non, l’aimer ou non, se “faire avoir” en y croyant ou montrer la croyance en l’objet, pour rameuter une large palette d’aspects variĂ©s de l’activitĂ© musicale l’attention d’un “je”, la prĂ©sence-rĂ©fĂ©rence Ă  d’autres, les effets de la durĂ©e, de la rĂ©pĂ©tition, l’appareillage de l’oreille, les instruments de la production sonore, la rĂ©action corporelle et le dĂ©veloppement rĂ©flexif d’une sensibilitĂ©. » 66Outre le choix des thĂ©matiques de recherche et la question de la distance et/ou de l’implication, l’incidence du rapport personnel Ă  la musique sur la pratique sociologique s’inscrit ainsi dans la maniĂšre mĂȘme de concevoir la sociologie. Cette incidence peut se traduire encore autrement, ces Ă©lĂ©ments Ă©tant trĂšs liĂ©s, au travers des questions intellectuelles qui taraudent le/la chercheure mais aussi dans l’écriture elle-mĂȘme comme le souligne Pierre-Michel Menger 67 Je crois bien avoir trouvĂ© dans la musique au moins deux obsessions le problĂšme de la temporalitĂ© et de son architecture logique et sensible, et l’obsession du phrasĂ©, dans l’écriture quand je peux, en mettant l’accent sur les points importants d’une formulation de problĂšme et dans l’exposĂ© oral. » 68Au travers des parcours intellectuels de ces quatre sociologues et de leurs prĂ©occupations de chercheurs, la question du rapport personnel Ă  la musique se trouve posĂ©e sous de multiples facettes. Si la pratique musicale vocale ou instrumentale n’intervient pas directement comme contribution Ă  l’enquĂȘte [15], Ă  l’entrĂ©e sur un terrain et Ă  son exploration comme membre participant d’un milieu professionnel par exemple – ainsi qu’il a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© pour Howard S. Becker et comme de nombreux sociologues Ă  sa suite en useront –, la curiositĂ© et les goĂ»ts musicaux constituent des aiguillons et des clefs d’entrĂ©e pour la recherche. La proximitĂ© avec des univers connus et apprĂ©ciĂ©s, voire pratiquĂ©s, se retrouve chez de nombreux chercheurs actuellement. En musique, sans doute davantage que pour les arts plastiques ou la littĂ©rature, pratiques artistique et scientifique se trouvent mĂȘlĂ©es et font en retour l’objet d’un travail rĂ©flexif. Par ailleurs, le caractĂšre rĂ©putĂ© impĂ©nĂ©trable de la/des musiques pour qui n’y est pas initiĂ© et le langage formel et esthĂ©tique mobilisĂ© impressionnent toujours. Ainsi, mĂȘme avertis et amateurs » du genre ou du style considĂ©rĂ©, certains chercheurs ne s’autorisent pas Ă  Ă©voquer et Ă  qualifier le matĂ©riau musical en propre, pas seulement par crainte d’empiĂ©ter sur le domaine de l’esthĂ©tique et de la musicologie. Une relation pratique et soutenue Ă  la musique par le chant, une activitĂ© instrumentale ou de crĂ©ation musicale engendrerait-elle une dĂ©fĂ©rence moindre que l’écoute de disques et/ou la frĂ©quentation des concerts ? Permettrait-elle une approche familiĂšre au plus prĂšs du matĂ©riau musical ? Et qu’apporterait cette derniĂšre, en particulier pour apprĂ©hender – sociologiquement – les Ɠuvres et les processus crĂ©ateurs ? Si de telles questions Ă©pistĂ©mologiques ne peuvent ĂȘtre ici tranchĂ©es, le positionnement thĂ©orique et empirique distinct de chacun des quatre auteurs considĂ©rĂ©s tĂ©moigne de leur – Ce que la musique fait Ă  la sociologie [16]
 et Ă  la musicologie69Comme Bruno PĂ©quignot Ă  propos de la sociologie des arts et de la culture 2000, 2009, on peut dire que la sociologie de la musique est d’abord » de la sociologie. Elle lui emprunte ses outils conceptuels et empiriques, ses thĂ©ories et ses mĂ©thodes, qu’elle questionne Ă  l’aune de la spĂ©cificitĂ© de son domaine de recherche. Elle partage nombre de prĂ©occupations avec d’autres domaines de la sociologie avec lesquels elle croise la rĂ©flexion le travail et les professions, pour ne citer qu’un exemple. Par ailleurs, on peut tout aussi bien affirmer que la sociologie de la musique se trouve Ă  la croisĂ©e de la sociologie et de la musicologie, ou plus radicalement qu’elle fait partie de la musicologie, des musicologies » comme l’indique DaniĂšle Pistone, musicologue qui a toujours ƓuvrĂ© pour des Ă©changes entre musicologie et sociologie, en insistant sur la multiplicitĂ© des dĂ©marches approches historiques, analytiques elles-mĂȘmes nombreuses, mais Ă©galement Ă©conomiques, sociologiques, psychologiques, anthropologiques
 Si le dialogue avec les sciences sociales et les sciences cognitives, notamment, n’est pas du goĂ»t de tous les musicologues notamment français, la nouvelle musicologie » anglophone le pratique depuis longtemps. 70Plus qu’un amalgame entre deux disciplines, un mĂ©lange dangereux car porteur d’un risque de mĂ©connaissance des outils et des problĂ©matiques de part et d’autre, ce croisement disciplinaire – fĂ©cond nous semble-t-il – est gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ© selon un ancrage propre Ă  chaque contribution. Chaque discipline apporte Ă  l’autre, mais les objectifs de recherche demeurent distincts. Pour dresser une ligne de partage artificielle, du cĂŽtĂ© de la musicologie, le but Ă  atteindre rĂ©side gĂ©nĂ©ralement dans la connaissance de la maniĂšre dont un matĂ©riau sonne », ce qui peut se traduire par la caractĂ©risation d’un style par exemple. Cela peut impliquer de comprendre comment et pourquoi il sonne comme ça », mais aussi – pour certains chercheurs – ce que ce comme ça » veut dire pour un groupe d’individus Ă  une Ă©poque donnĂ©e. À tout le moins, il s’agit de qualifier le musical et son organisation. Du cĂŽtĂ© de la sociologie, il importe souvent davantage de saisir les modalitĂ©s d’une pratique donnĂ©e qui est ou non concernĂ©, comment, dans quelles conditions et dans quel contexte, depuis quand Ă©ventuellement, mais aussi quel est le sens donnĂ© Ă  cette pratique par les groupes d’individus concernĂ©s. Toutes ces questions sont Ă  rapporter – selon nous – au phĂ©nomĂšne musical, Ă  la maniĂšre dont une musique sonne » et se dĂ©ploie ; et donc aux processus indissociablement musicaux et sociaux d’élaboration, de qualification et d’appropriation du matĂ©riau sonore. Cela implique donc d’interroger les enjeux sociaux, symboliques et esthĂ©tiques sous-jacents liĂ©s Ă  un phĂ©nomĂšne musical en particulier. 71La sociologie de la musique interroge ainsi la musicologie, rejointe en cela par l’ethnomusicologie, en soulignant l’inscription sociale et l’incarnation dans des corps des faits musicaux, au sein de pratiques concrĂštes de crĂ©ation, de diffusion et de rĂ©ception, aujourd’hui et dans le passĂ©, pour toutes les musiques. Bien loin d’ĂȘtre un art pur », la sociologie rappelle combien la » musique est ouvragĂ©e par des humains. Cette discipline agirait-elle comme mauvaise conscience » de la musicologie en soulignant les aspects que d’aucuns avaient tendance Ă  vouloir oublier au nom de la beautĂ© » formelle ? de l’art pour l’art ? Étudiant les phĂ©nomĂšnes musicaux les plus extraordinaires et grandioses » comme les plus banals, des gĂ©nies » aux musiciens ordinaires », des chefs- d’Ɠuvre » aux musiques d’ambiance, les sociologues peuvent dĂ©router en s’intĂ©ressant Ă  ce qui ne sera pas examinĂ© ni conçu comme musique » par nombre de musicologues. Certains craindront une rĂ©duction » sur et par le social, une banalisation mais surtout l’éviction de l’étude de la musique elle-mĂȘme ». D’autres musicologues, au contraire, mobiliseront la sociologie ou l’ethnologie comme Ă©tant indispensables pour saisir la construction mĂȘme du sonore, en particulier pour apprĂ©hender les dispositifs de crĂ©ation et les modalitĂ©s d’interprĂ©tation ; ainsi du rĂŽle de la technologie et de ses acteurs, des effets de l’enregistrement en studio, des supports et des circuits de diffusion, pour les musiques d’aujourd’hui pas seulement populaires » qui conduisent Ă  proposer de nouveaux outils analytiques. 72Quant Ă  la sociologie, les quatre contributeurs de ce numĂ©ro montrent chacun Ă  leur maniĂšre que partir de la musique opĂšre des mises en question efficientes de la sociologie de la culture, du travail et des professions, de la sociologie en gĂ©nĂ©ral
 En travaillant sur la musique, Max Weber Ă©claire d’un jour nouveau sa thĂ©orie de la rationalisation Ă  l’Ɠuvre en Occident explique Emmanuel Pedler. En outre, dans sa propre contribution Ă  ce numĂ©ro, ce dernier montre que les Ă©crits sur la musique de Georg Simmel, mais aussi Alfred SchĂŒtz et Maurice Halbwachs, peuvent insuffler de nouveaux dĂ©veloppements Ă  la sociologie de la culture qui peine Ă  se renouveler ». D’ailleurs, les travaux qu’il a lui-mĂȘme menĂ©s sur l’écoute, les goĂ»ts musicaux et le concert relativisent et nuancent la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle, on l’a vu. En montrant l’importance des compĂ©tences musicales et les degrĂ©s d’ entendement musical », il complexifie et enrichit d’autant l’analyse de l’ancrage social des pratiques culturelles. 73Cette critique de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle, Jean-Louis Fabiani la mĂšne Ă©galement Ă  partir de la musique ; invalidant la notion d’ art moyen », le jazz mais aussi le music-hall apparaissent comme des territoires propices pour la repenser. Plus gĂ©nĂ©ralement, la musique reprĂ©sente selon Jean-Louis Fabiani un objet frontiĂšre », un objet qui rĂ©siste, qui nous oblige Ă  le contourner et Ă  reconnaĂźtre nos limites », sans dissoudre notre identitĂ© de sociologue » [17]. Cette conception le conduit Ă  aller Ă  l’encontre d’une visĂ©e impĂ©riale qui voudrait le dĂ©shabiller jusqu’à la moelle dans un dĂ©passement dialectique entre l’interne et l’externe », mettant ainsi en garde la sociologie des Ɠuvres. 74L’angle d’approche de Pierre-Michel Menger diffĂšre sensiblement. L’analyse des professions artistiques lui permet de voir l’émergence d’une nouvelle figure du travailleur, exerçant son activitĂ© au fil de projets, par contrat, oĂč s’articulent prĂ©caritĂ© et engagement, incertitude et motivation, en raison de bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s dans l’avenir. Dans ce cadre, la musique constitue un terrain privilĂ©giĂ© d’analyse, balançant entre savant et populaire, et offrant une multiplicitĂ© de cas intermĂ©diaires oĂč se font jour tous les degrĂ©s d’incertitude et toutes les formes d’appariements [18]. 75En des termes assez proches de ceux de Roger Bastide dans Art et sociĂ©tĂ©, Antoine Hennion Ă©crivait quant Ă  lui en 1981 Ă  propos du disque 76 Dans l’histoire des variĂ©tĂ©s se dessine en creux l’histoire de ceux qui n’ont pas la parole, comme dans la musique se rĂ©fugie ce que refoule le pouvoir des mots. Ce plus-de-sens suggĂšre en dĂ©finitive que nous renversions notre dĂ©marche ce n’est pas tant Ă  la sociologie, aux rapports sociaux tels qu’on les connaĂźt, de venir expliquer le sens ou le non-sens de la musique, c’est plutĂŽt Ă  la musique de nous rĂ©vĂ©ler un social inconnu. » 77Plus radical, il affirme plus tard la musique est une sociologie » Hennion, 1993, 365, indiquant par lĂ  combien le caractĂšre “insaisissable” de cet art, cette forme culturelle entre science et pratique, pensĂ©e et sensation, oblige Ă  considĂ©rer autrement l’ objet » de l’investigation scientifique. La question de la mĂ©diation vient de la musique, de la rĂ©flexion qu’elle suscite il n’existe pas de musique en soi et pour soi, mais toujours dans une relation mobilisant l’observateur, d’autant qu’elle a toujours besoin de se faire rĂ©entendre pour exister. Dans le pragmatisme sociologique tel qu’il le prĂŽne, les objets nous agissent et la musique modĂšle la rĂ©flexion. 78Pratique du quotidien dans ses formes les plus banalisĂ©es sans pĂ©joration et mĂ©diatisĂ©es, pratique de sociabilitĂ© reposant sur un rĂ©seau d’institutions pĂ©rennes Ă©coles de musique et conservatoires, opĂ©ras, orchestres, etc. sans commune mesure avec celles des autres arts, domaine d’activitĂ© oĂč s’observent des mutations sociales et Ă©conomiques d’envergure, la musique apparaĂźt enfin comme un mĂ©dium dotĂ© d’une puissance onirique et d’un pouvoir symbolique remarquables dans notre sociĂ©tĂ©. Objet d’identification au sein des jeunes gĂ©nĂ©rations, investie de promesses d’émancipation sociale, aurĂ©olĂ©e de prestige, autant d’exemples effleurĂ©s qui Ă©voquent la force des reprĂ©sentations et le pouvoir souvent attachĂ© Ă  la/aux musiques. La sociologie des musiques, les sociologies de la musique constituent un champ d’investigation heuristique et dynamique. Notes [1] Et sans mĂȘme discuter les propos de V. JankĂ©lĂ©vitch. [2] L’article se consacre par consĂ©quent Ă  la France, sans exhaustivitĂ©. La mise en perspective des travaux des contributeurs reste Ă  englober dans une perspective internationale plus vaste, au regard de ceux parus en Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, aux États-Unis avec la figure primordiale et trĂšs prĂ©sente en France d’Howard S. Becker. Le colloque international sur 25 ans de sociologie de la musique en France » qui s’est tenu en novembre 2008 Ă  la Sorbonne et celui sur la sociologie de la musique qui s’est tenu en juillet 2009 Ă  Lisbonne en tĂ©moignent Ă©galement. [3] Pas seulement pour les musiques dites savantes, le langage tonal Ă©tant au fondement des musiques populaires modernes ». L’article d’Antoine Hennion dans ce numĂ©ro dĂ©veloppe prĂ©cisĂ©ment la question de la tonalitĂ© » en rapport Ă  la langue et Ă  l’articulation nature/culture. [4] Une immatĂ©rialitĂ© relative au regard de l’existence des ondes sonores. [5] Ce qui fait le mystĂšre » de la musique tel que pointĂ© par Claude LĂ©vi-Strauss, c’est qu’un art aussi technique et formel, hautement codifiĂ© et contraignant, puisse toucher si profondĂ©ment l’affectivitĂ© individuelle selon des modalitĂ©s si variables, rĂ©sistant souvent Ă  la formulation. » Donin, Campos, Keck, 2006, 3 [6] Dans cet ouvrage, elle revisite les thĂ©ories du xixe et du xxe siĂšcles pour montrer les manques dans la construction d’une vĂ©ritable » approche sociologique des faits musicaux, qui dĂ©passerait l’approche positiviste pour saisir le sensible ». [7] PlutĂŽt que faire de la musique » comme Ă©voquĂ© notamment par Denis Laborde Ă  paraĂźtre. [8] Une sociologie de la musique oĂč la musique signifie plus que les cigarettes ou le savon dans des enquĂȘtes de marchĂ© ne rĂ©clame pas uniquement une conscience de la sociĂ©tĂ© et de sa structure, pas uniquement non plus la seule connaissance des phĂ©nomĂšnes musicaux Ă  but d’information, mais la pleine comprĂ©hension de la musique dans toutes ses implications. » Adorno, 1994, 6. [9] Les trois confĂ©rences tenues par des auteurs ne relevant pas directement de la sociologie sont nĂ©anmoins publiĂ©s par la Revue Française de Sociologie Colloque sur la musique, 1962 deux textes sont ethnomusicologiques, AndrĂ© Schaeffner sur Musique et structures sociales SociĂ©tĂ©s d’Afrique Noire » 388-395 et Marina Scriabine sur La musique et la Chine ancienne » 398-406, un troisiĂšme Ă©manant d’un critique musical, Boris de Schoelzer, s’interroge sur la maniĂšre dont nous Ă©coutons aujourd’hui la musique du passĂ© La musique ancienne et nous » 395-398. [10] OrganisĂ© conjointement par Jacques Chailley directeur de l’Institut de Musicologie et plusieurs ministĂšres, cette rencontre de cinq jours ne laisse pas trace d’une rĂ©flexion que l’on dirait aujourd’hui sociologique » Paris, Semaines musicales internationales de Paris, 1962. [11] Il faudrait citer bien d’autres publications en dehors de la France, et exceptionnellement rapidement traduites comme Élias, 1991, mais le croisement avec les recherches menĂ©es Ă  l’étranger n’est pas toujours rĂ©alisĂ© et les comparaisons internationales manquent. En outre, une interrogation de la base web of science » montre que de nombreux travaux en langue française n’y sont pas recensĂ©s. Y apparaissent cependant les articles de la revue Poetics, l’International Review of Aesthetics and Sociology of Music ou la Revue de synthĂšse ayant une entrĂ©e sociologie de la musique ». [12] La musicologie française a mis plus de temps Ă  se pencher sur l’analyse de la chanson et des musiques populaires modernes » malgrĂ© les travaux pionniers de Jean-RĂ©my Julien nomment. [13] Le rapprochement de leurs dates de naissance respectives, prĂ©cisĂ©es au fil de la prĂ©sentation des auteurs, ainsi que des donnĂ©es biographiques rarement abordĂ©es permettent de situer ces derniers les uns par rapport aux autres. [14] Les propos qui suivent proviennent d’échanges par courriel de l’auteure en juin et juillet 2009 avec chacun des sociologues, que nous remercions chaleureusement de s’ĂȘtre prĂȘtĂ©s Ă  notre jeu de questions. [15] Encore que, Ă  propos de l’écoute, chacun soit bien un amateur » actif. [16] Pour paraphraser Heinich, 1998. [17] Expliquait-il lors du colloque 25 ans de sociologie de musique en France. Ancrages thĂ©oriques et rayonnement international », Sorbonne, 6-8 novembre 2009. [18] Comme il l’évoquait Ă©galement lors du mĂȘme colloque. 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JĂ©rĂ©mieRhorer, le directeur d’orchestre du Cercle de l’harmonie, dirigera ce vendredi 26 aoĂ»t Ă  21 heures, au chĂąteau Louis XI, dans le cadre du festival Berlioz, l’opĂ©ra

Le film est aujourd'hui tournĂ©, au-delĂ  des attentes qu'il pouvait soulever. D'un documentaire autour de quelques spĂ©cialistes du jeĂ»ne, il est devenu un vĂ©ritable film sur le JeĂ»ne qui sera projetĂ© sur grand Ă©cran. De 6 jours de tournage et 3 interviews, il s'est muĂ© en 25 jours et 27 entretiens passionnants qui nĂ©cessitent d'autres moyens. Plus de temps de montage, une meilleure post-production, la composition d'une musique originale avec enregistrement studio, une communication ambitieuse voilĂ  ce que cette campagne offrira au film. Une qualitĂ© Ă  la hauteur de son contenu unique !Synopsis Faire le choix de ne pas manger pour retrouver la santĂ© ? Cette idĂ©e saugrenue continue d'intriguer et de diviser mais rencontre aujourd’hui un engouement grandissant dans les mĂ©dias et dans de nombreuses par Fabien Moine, accompagnateur de jeĂ»ne, ce film propose une information complĂšte sur le jeĂ»ne Ă  travers les interviews d’experts et les histoires de vie de jeĂ»neurs qui tĂ©moignent avant, pendant et aprĂšs leur jeĂ»ne. Au rythme de la nature, ils apprennent Ă  Ă©couter leur corps. Sans dogmatisme ou prosĂ©lytisme, le film revient sur 55 ans d’histoire du jeĂ»ne en France avec comme interrogation la suite Ă  lui donner, demain...Images magnifiques, musique composĂ©e pour l’occasion c’est en poĂ©sie que des rĂ©ponses seront transmises et les diffĂ©rentes maniĂšres de jeĂ»ner prĂ©sentĂ©es. Bien plus qu'une dĂ©marche de bien-ĂȘtre, c'est une ode au merveilleux fonctionnement du corps humain, Ă  sa capacitĂ© Ă  retrouver la pleine santĂ©. C'est aussi une quĂȘte de soi, de son humanitĂ©...L'Ă©quipeLes intervenants spĂ©cialistes du jeĂ»neLes jeĂ»neurs Quelques images du film...A quoi servira l'argent collectĂ© ? Aujourd'hui 35 heures d'images ont Ă©tĂ© tournĂ©es, le montage a commencĂ© mais les fonds propres du rĂ©alisateur ne suffisent pas Ă  rendre possible le projet tel qu'il s'est transformĂ© un vĂ©ritable film projetĂ© sur grand Ă©cran et Ă©ditĂ© en DVD !L'aventure du film c'est aussi Envie d'en savoir plus sur le film PrĂ©sentation vidĂ©o de 30 minutes par le rĂ©alisateurComment puis-je aider le film ?
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Question Quel est le bon comportement [Adab] pendant le jeĂ»ne ? RĂ©ponse Parmi le bon comportement prescrit pendant le jeĂ»ne, il y a l’attache Ă  la piĂ©tĂ© en AllĂąh en respectant Ses commandements et en s’éloignant de Ses interdits. AllĂąh dit traduction rapprochĂ©e Ô les croyants ! On vous a prescrit as-Siyam comme on l’a prescrit Ă  ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piĂ©té» [1] Le ProphĂšte sallallahu alayhi wa sallam a dit Celui qui ne renonce ni Ă  dire des mensonges, ni Ă  pratiquer des faussetĂ©s, Allah n’a nul besoin qu’il se prive de boire ou de manger.» [2] Parmi le bon comportement encore, il y a la gĂ©nĂ©rositĂ© et la bienfaisance envers les gens surtout pendant le mois de RamadhĂąn, car le Messager d’AllĂąh sallallahu alayhi wa sallam Ă©tait le plus gĂ©nĂ©reux des gens et il l’était encore plus pendant le mois de RamadhĂąn durant lequel il rencontrait DjibrĂźl pour Ă©tudier le Qor’ñn. [3] Celui qui jeĂ»ne doit aussi s’éloigner des interdits, il doit notamment s’abstenir de mentir, d’insulter, de jurer, de tricher, de trahir, de regarder ou d’écouter ce qui est interdit. Parmi le bon comportement de ce mois-ci, il y a le SouhoĂ»r qui doit ĂȘtre retardĂ©, car le ProphĂšte sallallahu alayhi wa sallam disait Prenez le dernier repas, car il y a dans ce repas une bĂ©nĂ©diction.» [4] Il y a encore le fait de rompre le jeĂ»ne avec des dattes fraĂźches, sinon avec des dattes sĂšches, sinon avec de l’eau. La rupture du jeĂ»ne doit ĂȘtre faite aussitĂŽt que le soleil se couche, car le ProphĂšte sallallahu alayhi wa sallam a dit Les gens ne cessent d’ĂȘtre dans une bonne voie tant qu’ils se hĂąteront de rompre le jeĂ»ne.»[5] [1] Coran, 2/183 [2] RapportĂ© par al-BukhĂąrĂź [3] RapportĂ© par al-BukhĂąrĂź [4] RapportĂ© par al-BukhĂąrĂź [5] RapportĂ© par al-BukhĂąrĂź Madjmu’ FatĂąwa du SHeikh Ibn UthaymĂźn, 19/349-350 ✅ PubliĂ© par Cheikh Mouhammad Ibn Salih Al-’Outheymine - Ű§Ù„ŰŽÙŠŰź Ù…Ű­Ù…ŰŻ ŰšÙ† Ű”Ű§Ù„Ű­ Ű§Ù„ŰčŰ«ÙŠÙ…ÙŠÙ†
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Lamusique peut donc les aider Ă  recouvrer une partie de leurs souvenirs et Ă  rĂ©duire l’apathie, la peur, la dĂ©pression, trĂšs souvent prĂ©sentes. – Chez les personnes
Notre vie chrĂ©tienne est une vie de combattant. Nous avons trop souvent tendance Ă  l’oublier et Ă  vivre comme si la vie Ă©ternelle que JĂ©sus nous a acquise au prix de son sang n’arriverait jamais. Et pourtant, nous devrions garder nos yeux sur l’éternitĂ© et nous maintenir en forme et prĂȘts au combat spirituel quand il se prĂ©sente. Une des armes que nous voulons tenir aiguisĂ©e est le jeĂ»ne. Ce n’est pas mon propos ici, mais voilĂ  une idĂ©e d’étude trĂšs intĂ©ressante les personnages de la Bible qui ont pratiquĂ© le jeĂ»ne et les raisons pour lesquelles ils l’ont pratiquĂ© seul ou en groupe! L’évocation du jeĂ»ne fait souvent peur! En fait, nous jeĂ»nons naturellement toutes les nuits sans nous en rendre compte. La pĂ©riode de sommeil quotidienne permet aussi Ă  notre organisme de se reposer sans avoir Ă  travailler Ă  la digestion. Il y a diffĂ©rentes façons de jeĂ»ner On peut jeĂ»ner de nourriture, en prenant toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires et indispensables Ă  un bon Ă©quilibre pour notre organisme pendant cette pĂ©riode, ce qui pourrait faire l’objet d’un article Ă  part entiĂšre, ou jeĂ»ner d’une seule catĂ©gorie d’aliments Ă  la fois comme par exemple les protĂ©ines, ou encore d’une habitude qui prend trop de place dans notre vie rĂ©seaux sociaux, tĂ©lĂ©vision ou autre
 Le jeĂ»ne est une recommandation que nous retrouvons aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament. Le jeĂ»ne est encouragĂ© par Dieu, vĂ©cu par JĂ©sus et les apĂŽtres. Le jeĂ»ne est vĂ©ritablement une arme qui est Ă  notre disposition dans notre armure de soldat. JĂ©sus le dit, certains combats spirituels ne peuvent ĂȘtre remportĂ©s que dans le jeĂ»ne et la priĂšre. Matthieu “Mais cette sorte de dĂ©mon ne sort que par la priĂšre et par le jeĂ»ne.” JeĂ»ner doit faire partie de la vie courante du chrĂ©tien. Lorsque JĂ©sus en parle dans Matthieu, il ne dit pas SI, mais bien LORSQUE
 Matthieu “Lorsque vous jeĂ»nez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout dĂ©fait, pour montrer aux hommes qu'ils jeĂ»nent.” Attention, il ne faut pas confondre le jeĂ»ne, arme spirituelle du chrĂ©tien, et les diffĂ©rentes approches religieuses, extrĂ©mistes ou simplement intellectuelles qui n’ont pour objectif que d’essayer d’atteindre un idĂ©al ou d’obtenir un corps en forme. Le jeĂ»ne est un trĂšs mauvais rĂ©gime! Le jeĂ»ne n’est pas non plus un moyen de prouver quoi que ce soit au Seigneur ou un moyen d’essayer de l’impressionner ou de faire pression sur Lui. Le jeĂ»ne nous permet de remettre Dieu Ă  la premiĂšre place dans nos vies. Le temps mis de cĂŽtĂ© par le jeĂ»ne nous permet d’ĂȘtre plus disponibles pour le Seigneur. Cette abstinence dispose nos coeurs Ă  rechercher notre Dieu. Psaume “Comme une biche soupire aprĂšs des courants d'eau, Ainsi mon Ăąme soupire aprĂšs toi, ĂŽ Dieu “ Il y a des prĂ©cautions autres que pratiques qui ne seront pas dĂ©veloppĂ©es dans cet article Ă  prendre avant de dĂ©cider une pĂ©riode de jeĂ»ne et voici les Ă©tapes qu’Éric et moi suivons toujours avant de dĂ©marrer La premiĂšre chose Ă  prendre en compte quand nous dĂ©cidions de jeĂ»ner est de vĂ©rifier que notre motivation soit Ă  la bonne place. C’est la premiĂšre Ă©tape indispensable pour s’assurer que le jeĂ»ne que nous envisageons, fasse plaisir au coeur de Dieu. EsaĂŻe “Voici le jeĂ»ne auquel je prends plaisir
” Une fois notre motivation assurĂ©e, il nous faut aussi dĂ©cider de l’objectif que nous recherchons Ă  atteindre, du combat que nous dĂ©cidons de mener. Nos circonstances, les difficultĂ©s que nous rencontrons, un problĂšme qui a besoin de trouver une solution, une question sans rĂ©ponse, une recherche au niveau spirituel, une soif de notre Ăąme
 pour quelles raisons dĂ©cidons-nous de jeĂ»ner? Avant de nous lancer, parlons-en clairement au Seigneur. Prions et intercĂ©dons pour cet objectif prĂ©cis pendant le jeĂ»ne. Une autre dĂ©cision Ă  prendre AVANT de commencer le jeĂ»ne est la durĂ©e pendant laquelle nous allons jeĂ»ner. Il ne serait absolument pas sage de se lancer sans avoir par avance dĂ©cidĂ© du jour d’arrĂȘt du jeĂ»ne. Un cadre strict et stable est indispensable pour ne pas se mettre en danger autant au niveau physique que spirituel. S’entourer d’amis ou de proches qui ne jeĂ»nent pas pendant cette pĂ©riode est aussi indispensable pour pouvoir avoir un recul sur notre bien-ĂȘtre tant physique que spirituel. Nous nous sommes rendus compte qu’une pratique rĂ©guliĂšre du jeĂ»ne nous permet de garder cette arme aiguisĂ©e et toujours prĂȘte Ă  ĂȘtre utilisĂ©e. Lorsque nous nous retrouvons devant un combat spirituel que nous n’avions pas vu venir, il nous est facile d’avoir recours au jeĂ»ne parce que nos organismes et esprits sont “musclĂ©s” dans ce domaine. Lorsque le combat fait rage, ce n’est pas le moment de se demander “comment faire?”. VoilĂ  pourquoi je voulais vous encourager Ă  considĂ©rer le jeĂ»ne, s'il ne fait pas encore partie de votre vie, comme une discipline spirituelle Ă  dĂ©couvrir! Que le Seigneur vous parle, si c’est un domaine qu’Il veut que vous dĂ©veloppiez dans votre vie! ATTENTION, RAPPEL Mon propos ici n’est absolument pas suffisant pour une Ă©ducation complĂšte autour du jeĂ»ne. Cela demanderait beaucoup plus d’approfondissement. JeĂ»ner peut ĂȘtre dangereux, si pratiquĂ© dans de mauvaises conditions. Vous avez aimĂ© ? Partagez autour de vous ! Le livre de Rachel Miquel Dufour est sorti ! A l’heure oĂč le mot sexe » est utilisĂ© pour vendre tout et n’importe quoi et que beaucoup se posent des questions sur comment aborder le sujet en couple, en famille et mĂȘme entre amis, Rachel Miquel Dufour nous offre une vision de la sexualitĂ© Ă©quilibrĂ©e, avec un angle novateur
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