LAMUSIQUE PENDANT LE RAMADAN Question : « Est-ce que Ă©couter de la musique affecte le jeĂ»ne? » RĂ©ponse : « Ăcouter de la musique est une transgression, la transgression affecte le jeĂ»ne, elle
Quelle est la position de lâIslam sur le fait de regarder des films et dâĂ©couter de la musique pendant les journĂ©es de RamadĂąn ? RĂ©ponse du Sheikh `Atiyyah Saqr ancien PrĂ©sident de la Commission de FatwĂą dâAl-Azhar. Les directives gĂ©nĂ©rales concernant le fait de regarder des films, des piĂšces de théùtre ou des feuilletons, ainsi que dâĂ©couter de la musique, sont les suivantes. Si ces supports audio-visuels contiennent des paroles indĂ©centes, suggĂšrent de commettre un interdit quelconque, influent de maniĂšre nĂ©faste sur les idĂ©es et le comportement de lâĂȘtre humain, le dĂ©tournent de ses obligations, ou alors sâils sont accompagnĂ©s de choses interdites â telles que la consommation dâalcool, les danses mixtes, la promiscuitĂ© â, alors ils sont interdits, que ce soit pendant RamadĂąn ou en-dehors de RamadĂąn. Si ces supports audio-visuels sont dĂ©pourvus de tout cela, alors sây adonner de maniĂšre immodĂ©rĂ©e est dĂ©conseillĂ©. En revanche, il nây a pas de mal si on sây adonne quelque peu, afin de se dĂ©tendre. Le mois de RamadĂąn a nĂ©anmoins un aspect particulier. Il se dĂ©finit par lâabstention de lâĂąme de toutes ses envies et par la formation Ă la maĂźtrise rationnelle de ses penchants. Cela ne peut se faire en sâabstenant uniquement de manger, de boire et dâavoir des relations sexuelles. Il sâagit lĂ du strict minimum pour la validation du jeĂ»ne, dont se satisfait la majoritĂ© des gens, qui ne font cela que pour Ă©chapper au chĂątiment divin, se contentant dâune piĂštre rĂ©compense divine. Dâautres, en revanche, tendent Ă la perfection dans tous leurs cultes ils sâabstiennent de toutes les envies de lâĂąme, en particulier de ce que Dieu a interdit, comme le mensonge et la calomnie. Ils sâĂ©lĂšvent ainsi vers la perfection, en sâabstenant Ă©galement de choses permises, sâefforçant Ă lâobĂ©issance de Dieu durant ce mois en particulier, afin dâen ressortir avec une Ăąme et un comportement purifiĂ©s de tout vice et ornĂ©s de toutes les vertus. Nous ne devons donc pas manquer lâoccasion de ce mois durant lequel la rĂ©compense des bonnes actions est dĂ©multipliĂ©e par le jeĂ»ne diurne, les priĂšres nocturnes tarĂąwĂźh, et la rĂ©citation du Coran. Perdre beaucoup de temps en regardant et en Ă©coutant les diverses formes de divertissement est dommageable pour le croyant intelligent. Les responsables, quels quâils soient, devraient observer le caractĂšre sacrĂ© de ce mois. Ils devraient ainsi donner lâoccasion, pour les croyants qui jeĂ»nent et qui prient, de se rapprocher de Dieu, au lieu de divertissements dont nous nous lassons Ă longueur dâannĂ©e. Quoiquâil en soit, regarder ou Ă©couter ces supports audio-visuels nâinvalide pas le jeĂ»ne, sauf sâils mĂšnent Ă un rapport sexuel. NĂ©anmoins, de nombreuses occasions dâadorer Dieu, de rĂ©citer le Coran, de regarder des Ă©missions religieuses auront Ă©tĂ© manquĂ©es. Le ProphĂšte â paix et bĂ©nĂ©diction sur lui â dit RamadĂąn est venu jusquâĂ vous câest un mois de bĂ©nĂ©diction. Dieu vous en recouvre pour faire descendre sur vous Sa MisĂ©ricorde, pour effacer vos pĂ©chĂ©s, pour rĂ©pondre Ă vos invocations. Dieu regarde Ă la maniĂšre dont vous vous concurrencez les uns les autres dans les bonnes actions, puis Il exprime la fiertĂ© quâIl a de vous devant les Anges. Montrez donc Ă Dieu ce que vous savez faire. Car le dĂ©muni est en vĂ©ritĂ© celui qui a Ă©tĂ© privĂ© de la MisĂ©ricorde de Dieu. » Que notre concurrence pendant RamadĂąn porte donc sur le bien, non sur le divertissement ni sur la rĂ©alisation des plaisirs. Et Dieu est le plus Savant. Traduit de lâarabe de la Banque de FatĂąwĂą du site Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous
LarĂ©ponse est compliquĂ©e mais pour le moment on aurait plus tendance Ă ĂȘtre rĂ©aliste et dire non. Ăa nâest pas le style musical en vogue et le classique sâapparente Ă de la musique de « vieux » que lâon ne peut pas vraiment Ă©couter en groupe. A 22 ans, on nâa certes pas tout vu, tout vĂ©cu mais ce qui est sĂ»r câest que la personne qui souhaitera proposer des
Ă la mĂ©moire de Jean-Michel Berthelot1La Musique et lâIneffable, lâassociation des deux termes dans le titre Ă©ponyme de lâouvrage de Vladimir JankĂ©lĂ©vitch 1983 [1961] augure dâun mystĂšre de la musique et pose un rapport au sublime. Il suggĂšre Ă la fois que la musique a partie liĂ©e avec lâindicible, mais aussi que celle-ci sâoffre comme moyen de donner forme Ă lâinexprimable. Ce titre fait Ă©cho parallĂšlement Ă la difficultĂ© de parler de la musique et de la qualifier, Ă la crainte mĂȘme de lâapprĂ©hender quâĂ©voquent bien souvent ceux qui sâapprĂ©cient comme non-spĂ©cialistes, ceux qui ne se sentent pas armĂ©s dâun vocabulaire et dâoutils adĂ©quats. Lâassociation des deux termes Ă©voque encore sans Ă©puiser la palette des interprĂ©tations possibles [1] un butoir contre lequel viendrait heurter la pensĂ©e mĂȘme des spĂ©cialistes ». Pourtant, la musique câest aussi ce refrain qui nous accompagne au quotidien, un air, une chanson, le thĂšme dâune symphonie. Et tout le monde, ou presque, en entend chaque jour, en discute avec dâautres souvent. 2Comment en parler en sociologue ? Comment la sociologie sâest-elle emparĂ©e de cet objet musique » ? Cette question est dĂ©jĂ une maniĂšre assez inexacte de parler de musique comme phĂ©nomĂšne social et esthĂ©tique. Il faudrait se demander plutĂŽt comment les sociologies Ă©tudient les processus, les pratiques, les objets multiformes instruments, disquesâŠ, les acteurs qui font la musique. Et dâailleurs, objectera-t-on, faut-il parler de la musique, plutĂŽt que des musiques ou de faits musicaux ? Nous y reviendrons, car la question est constitutive de lâapproche sociologique choisie. PrĂ©cisons toutefois que lâexpression telle quâemployĂ©e dans cet article nâexprime pas une hiĂ©rarchisation entre ce qui serait de lâart ou nâen serait pas, ce qui reviendrait â au moins implicitement â Ă prĂŽner lâexclusion de certaines formes ou de certains genres musicaux ; cela ne marque pas davantage lâoubli du faire et de son inscription sociale, culturelle et historique. Dans lâemploi gĂ©nĂ©rique, ici privilĂ©giĂ©, le terme inclut toute forme de qualification dâune organisation sonore et parfois aussi multi-artistique comme musique » par des groupes sociaux ce qui est surtout valable en Occident, le terme nâayant pas dâexistence Ă©tablie dans toutes les sociĂ©tĂ©s. Parler de sociologie de la musique Ă©quivaudrait en ce sens Ă parler de sociologie de la famille ou de lâĂ©ducation sans prĂ©juger de la multiplicitĂ© des modĂšles familiaux et des formes dâĂ©ducation. 3Sociologie de la musique donc. Ou plus exactement sociologies de la musique. Notre propos interroge les maniĂšres de concevoir une approche sociologique de la musique et les phĂ©nomĂšnes Ă©tudiĂ©s dans ce domaine, mais aussi le rapport personnel et scientifique Ă la musique quâentretiennent quatre des principaux auteurs qui ont insufflĂ© un dĂ©veloppement de ce champ disciplinaire dans les annĂ©es 1980 en France [2] et qui contribuent Ă ce numĂ©ro de LâAnnĂ©e sociologique. Ăvoquer les itinĂ©raires de recherche, les principaux thĂšmes et les problĂ©matiques qui jalonnent les travaux de ces auteurs nous invite au prĂ©alable Ă questionner le caractĂšre insaisissable » de la musique et Ă reconstituer les dĂ©buts de la sociologie de la musique en France. Cela nous conduira Ă souligner en retour comment la musique et les sociologies de la musique interrogent la sociologie de maniĂšre â Insaisissable musique ?4Pierre Bourdieu a dit de la musique quâelle Ă©tait lâart âpurâ par excellence », elle qui ne dit rien et nâa rien Ă dire » Bourdieu, 1984. Ses propos ont pu paraĂźtre provocateurs les tenants dâune vision dâun art au-dessus des contingences sociales y perçoivent une critique sous-jacente et une dĂ©prĂ©ciation. Ă lâopposĂ©, pour les partisans dâune analyse sociologique de cette activitĂ© sociale comme toute autre, les termes de Pierre Bourdieu ont paru impropres tant la musique est faite de chair, par des humains, peuplĂ©e dâobjets, mise en scĂšne, liĂ©e aux industries culturelles⊠Sans doute faut-il y voir Ă la fois une discussion sur des reprĂ©sentations vĂ©hiculĂ©es par la musique dans notre sociĂ©tĂ©, et la dĂ©signation dâune spĂ©cificitĂ© de cette activitĂ©. Rappelons-en quelques caractĂ©ristiques bien connues. 5Cet art du sonore est dâabord un art du spectacle en se rĂ©fĂ©rant Ă lâĂ©tymologie, câest-Ă -dire appelant lâobservation par lâavĂšnement. Pour se faire entendre, il nĂ©cessite dâĂȘtre jouĂ© » ici et maintenant, par des interprĂštes donc, ou par des machines, Ă lâaide dâun disque, dâun fichier sonore⊠Techniques, instruments au sens large, y compris la voix et les producteurs de son, supports en tout genre participent de son avĂšnement dans un espace-temps prĂ©cis, forcĂ©ment situĂ©, au terme dâune longue chaĂźne de coopĂ©ration » Becker, 1988 mobilisant de nombreux acteurs. Et câest grĂące Ă un dispositif matĂ©riel, par une incarnation physique, dans de lâhumain, de la technique, des objets, que le sonore parvient Ă nos oreilles. Toujours en devenir du temps quâelle est jouĂ©e et Ă©coutĂ©e, une » musique est en fait une multitude de moments uniques. 6MĂȘme avec paroles ou bien descriptive », empreinte de conventions » musicales qui font sens pour un groupe social Becker, 1988, une piĂšce de musique nâoffre pas de signification directe et nâest jamais univoque. On retrouve la question du rapport de la musique au langage, longuement dĂ©battue par Claude LĂ©vi-Strauss, nombre de sĂ©miologues et de musicologues, dont on ne peut reprendre ici les observations, les thĂšses et les dĂ©bats. Disons rapidement quâil nây a pas en musique de dispositif signifiant/signifiĂ© semblable Ă une langue, malgrĂ© lâexistence de langages » musicaux Ă la formalisation plus ou moins complexe faisant lâobjet de grammaires » [3]. En ce sens, la communication est essentiellement dâordre symbolique. Ce qui mĂšne tout droit Ă interroger les reprĂ©sentations Constant-Martin, 2006, la construction dâun sens non pas littĂ©ral mais multiforme et sans traduction immĂ©diate possible pour un groupe, dâune signification accordĂ©e par un/des individus et en partie partagĂ©e, et les Ă©motions qui y sont associĂ©es. 7Le caractĂšre souvent dĂ©crit comme impalpable, immatĂ©riel [4], fugace de la musique contribue Ă entretenir cette part de mystĂšre » [5], ce cĂŽtĂ© impĂ©nĂ©trable quâon lui prĂȘte souvent, cette peur » parfois exprimĂ©e envers le langage musical ». Comme lâont montrĂ© philosophes, musicologues et psychologues, la musique entretient un rapport privilĂ©giĂ© au temps Imberty, 1981. Toute musique crĂ©e un temps spĂ©cifique, une durĂ©e, Ă la fois dans et en dehors du temps commun, permettant de suspendre le fil du temps chronomĂ©trique, de renouer avec dâautres temporalitĂ©s PrĂ©vost-Thomas, 2002, de se syntoniser » avec dâautres compositeurs ou auditeurs SchĂŒtz, 2007, de partager ensemble des Ă©motions intenses. MaĂźtrise temporaire et symbolique du temps, la musique tisse un lien entre des individus, ouvre une fenĂȘtre partagĂ©e, se pose face Ă la vie et Ă la mort, Ă la condition humaine et au devenir humain, aux capacitĂ©s dâengendrement et de crĂ©ation. Parmi les autres arts et formes culturelles, la musique semble dotĂ©e non pas en soi », mais par ses propriĂ©tĂ©s socialement dĂ©finies dâun pouvoir symbolique particulier comme expĂ©rimentĂ© Ă propos du fĂ©minin et du masculin tels que repĂ©rĂ©s en musique par nos propres travaux historiquement en Occident, ce domaine artistique est le plus rĂ©sistant Ă un partage des prĂ©rogatives entre hommes et femmes quant aux fonctions crĂ©atrices composition, direction dâensembles musicaux, sans parler mĂȘme des modalitĂ©s de la pratique chant versus instrument, univers domestique/scĂšne publique. Genre au sens esthĂ©tique et genre au sens sociologique codĂ©terminent lâaccĂšs aux outils de crĂ©ation ainsi quâĂ la reconnaissance symbolique des unes et des autres dans un domaine confinant â finalement â au sacrĂ© Ravet, Ă paraĂźtre. 8Fait social et esthĂ©tique, la musique a aussi Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e comme un fait social total » en rĂ©fĂ©rence Ă Marcel Mauss. Pour Anne-Marie Green qui a dĂ©fendu en sociologie cette conception initiĂ©e en sĂ©miologie de la musique par Jean Molino, ce dernier distinguant le fait musical total » plutĂŽt que la musique des faits musicaux spĂ©cifiques plutĂŽt que des musiques, les diffĂ©rents paliers en profondeur » â selon lâexpression de Georges Gurvitch â de la musique imposent dâen Ă©tudier les aspects Ă©conomiques, politiques, matĂ©riels et techniques, symboliques, etc., de saisir Ă la fois les dimensions sociales et sensibles de chaque fait musical Green, 1993, 234 [6]. On ne peut prĂ©senter ici les thĂ©ories et les travaux menĂ©s du cĂŽtĂ© de la philosophie, de lâhermĂ©neutique, de la sĂ©miologie, de la musicologie et de lâethnomusicologie qui discutent la nature » du fait musical et les maniĂšres de lâapprĂ©hender. PrĂ©cisons toutefois que concevoir la musique en termes de faits et de pratiques, mais aussi â plus rĂ©cemment â lâenvisager en termes de processus est une dĂ©marche partagĂ©e par dâautres disciplines Cook, 2006. 9Proche de celle de certains ethnomusicologues et anthropologues de la musique, insistant sur lâimportance du faire, cette direction de recherche sociologique est, Ă nos yeux, fructueuse. Ătudier comment les acteurs fabriquent de la musique, du son qui prenne un sens esthĂ©tique pour un groupe social situĂ©, pris dans un espace-temps, analyser ce faire la musique » [7] oĂč production, rĂ©ception et Ćuvre » sont insĂ©parables, sâintĂ©resser plus spĂ©cifiquement Ă la musique en train de se faire », par exemple Ă la maniĂšre dont une cheffe et un orchestre construisent ensemble une interprĂ©tation musicale Ravet, 2007 porte Ă sâattacher aux interactions sociomusicales in situ, Ă prendre en compte aussi bien le contexte que les significations donnĂ©es par chacun Ă sa participation personnelle et Ă lâaction commune. La musique est ici saisie en tant que processus qui sâactualise dans le jeu » et par lâĂ©coute, ce qui implique de porter attention Ă toutes les pratiques, Ă toutes les musiques. 10Cette posture Ă la fois thĂ©orique et empirique conduit Ă dĂ©celer les traces des interactions sociales dans la construction mĂȘme du sonore ; elle interroge parallĂšlement le sens des pratiques musicales tel quâil sâenracine dans lâexpĂ©rience sonore et sociale, indissociablement et les propriĂ©tĂ©s esthĂ©tiques rĂ©pertoires, formes, instruments ou types de voix, etc. des processus analysĂ©s. La connaissance du matĂ©riau musical et une pluridisciplinaritĂ© associant sociologie et musicologie sâavĂšrent, dans cette optique, trĂšs enrichissantes, voire indispensables. De la mĂȘme maniĂšre, pour saisir tour Ă tour plutĂŽt que de maniĂšre simultanĂ©e les diffĂ©rentes facettes de chaque fait musical, la collaboration avec dâautres disciplines comme lâhistoire, lâĂ©conomie, lâethnologie ou les sciences politiques permet dâĂ©clairer cette activitĂ© humaine, sociale et symbolique, liĂ©e Ă dâautres univers et semblable Ă bien dâautres activitĂ©s, en se donnant la possibilitĂ© de prĂ©ciser sa spĂ©cificitĂ© par rapport aux autres pratiques artistiques et â Les dĂ©buts de la sociologie de la musique en France11Les rĂ©flexions sur les rapports entre musique et sociĂ©tĂ© ont une origine ancienne. Il suffit de penser aux Ă©crits de Platon et dâAristote sur la place Ă accorder aux musiciens dans la CitĂ© et le rĂŽle Ă donner Ă la musique dans lâĂ©ducation des citoyens, mais aussi aux reprĂ©sentations symboliques et politiques de la musique et des musiciens dans lâAntiquitĂ©. Les thĂ©oriciens de la Renaissance, puis les philosophes des LumiĂšres â pour ne citer quâeux â se sont penchĂ©s Ă leur tour sur la maniĂšre dont la musique entretient des liens avec le langage et la culture dâun peuple, avec lâexpression des sentiments et des Ă©motions, et sur ses relations avec le politique. 12Les fondateurs de la sociologie, quant Ă eux, ont initiĂ© une rĂ©flexion proprement sociologique sur lâart, sans y consacrer lâessentiel de leurs travaux PĂ©quignot, 2009 et en abordant rarement la musique en particulier. Max Weber reprĂ©sente une exception de taille. Son ouvrage posthume sur les fondements rationnels de la musique » Weber, 1998 [1921] est prĂ©curseur il propose une sociologie de la musique fondĂ©e sur une dĂ©marche de sociologie historique comparatiste, qui allie thĂ©orie et empirie et innove Ă la croisĂ©e de la sociologie et de la musicologie. Analysant la maniĂšre dont sâest traduit, en musique, le processus de rationalisation Ă lâĆuvre en Occident, il considĂšre Ă la fois les transformations du langage musical la tonalitĂ©, lâharmonie, la notation, lâĂ©volution des techniques en matiĂšre de facture instrumentale en particulier, leur inscription historique, Ă©conomique et sociale. Traduit tardivement en français par Jean Molino et Emmanuel Pedler, discutĂ© Ă la lumiĂšre de travaux plus rĂ©cents, lâouvrage demeure un essai novateur et fructueux. 13Parmi les auteurs publiĂ©s en France et pour la musique spĂ©cifiquement, outre Lionel Landry qui pose que la musique est un fait de conscience collectif » 1930, 114 dans son ouvrage sur la sensibilitĂ© musicale » et Maurice Halbwachs 1950 qui publie un texte sur la mĂ©moire collective chez les musiciens, Charles Lalo 1921 au dĂ©but du xxe siĂšcle, puis Marcel Belvianes 1951 et Alphons Silbermann 1955, 1968 ont chacun Ă leur maniĂšre tentĂ© de poser les fondements dâune sociologie de la musique. Ces trois auteurs se sont situĂ©s par rapport Ă lâesthĂ©tique traditionnelle qui a partie liĂ©e avec la philosophie, en des sens contraires pour les deux derniers Marcel Belvianes donne Ă lire une conception idĂ©alisĂ©e de la musique le caractĂšre social de celle-ci tenant uniquement au fait quâelle participe de la vie de chaque sociĂ©tĂ©, alors quâAlphons Silbermann tend Ă sociologiser lâanalyse les Ćuvres sont apprĂ©hendĂ©es en tant que symptĂŽmes de la sociĂ©tĂ©. Cependant, leurs propositions, essentiellement thĂ©oriques, demeurent de lâordre de lâ esthĂ©tique sociologique » Lalo, 1921. Ă partir dâexemples dâĆuvres, de compositeurs ou de situations de la vie musicale, se distinguant de lâhistoire de la musique par leur effort de gĂ©nĂ©ralisation BrĂ©van, 2005, ils sâattachent Ă mettre en lumiĂšre des dĂ©terminations extra-esthĂ©tiques en maniant diversement le rapport aux valeurs, mais ils restent pris dans une lecture sociale de lâart » Hennion, 1993 qui oppose art et sociĂ©tĂ©, en une posture aporĂ©tique. 14ParallĂšlement, la pensĂ©e spĂ©culative allemande » Menger, 1994 sâintĂ©resse Ă la musique et produit des textes Ă redĂ©couvrir aujourdâhui. Comme celui de Max Weber, les Ă©crits dâAlfred SchĂŒtz 2007 et de Theodor W. Adorno 1994 sont traduits tardivement en France et demeurent encore en partie mĂ©connus. Pour ce dernier, Ă la fois sociologue, philosophe, musicologue et compositeur, il faut crĂ©er une mĂ©thode dâinvestigation musico-sociologique » adaptĂ©e Ă chaque phĂ©nomĂšne, conjuguant analyse interne » des Ćuvres et analyse externe » [8]. Fruit de forces insĂ©rĂ©es dans des rapports de production, chaque Ćuvre dĂ©tient un degrĂ© de vĂ©ritĂ© » rarement saisi par les consommateurs de musique. Cette thĂ©orie critique qui pose une relative et illusoire autonomie de lâart par rapport Ă lâaliĂ©nation engendrĂ©e par la sociĂ©tĂ© de consommation a Ă©tĂ© fort discutĂ©e, aussi bien par les musicologues que les sociologues, la force de ses jugements de valeur en particulier ses prises de positions esthĂ©tiques contre le jazz tel quâil le connaissait Ă son Ă©poque rebutant. Son travail, qui participe dâune lecture sociale â Ă©laborĂ©e â de la musique, reste marquĂ© par lâemprise esthĂ©tique. Câest aussi le cas des travaux dâIvo Supi?i? 1971, qui inscrit finalement davantage ses rĂ©flexions en histoire sociale quâen sociologie, mais de maniĂšre opposĂ©e ce dernier rejete du champ des compĂ©tences sociologiques lâinterrogation sur la musique et sur les Ćuvres, rĂ©attribuĂ©e exclusivement Ă lâesthĂ©tique. 15En France, ce nâest quâĂ partir des annĂ©es 1960 que se dĂ©veloppe une vĂ©ritable sociologie dâenquĂȘte dans les domaines artistiques et culturels Moulin, 1988. En raison des profondes transformations sociales et du champ culturel, Ă la faveur dâune demande institutionnelle Ă©manant notamment du ministĂšre de la Culture, un ensemble de travaux empiriques voit le jour. Ils rĂ©pondent Ă un besoin de mieux connaĂźtre les producteurs et les consommateurs des arts et sâinscrivent dans le sillage dâune Ă©valuation des politiques instituĂ©es pour dĂ©mocratiser » la culture. Deux courants se sont ainsi formĂ©s PĂ©quignot, 2009 le premier regroupe des auteurs aux positions diverses comme Pierre Francastel, Roger Bastide et Jean Duvignaud gravitant autour de Georges Gurvitch ; le second se dĂ©veloppe autour de Raymond Aron, avec les travaux des Ă©quipes constituĂ©es par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, dâune part, et Raymonde Moulin, dâautre part. Les arts plastiques, le théùtre, les publics, la photographie constituent les premiers domaines dâinvestigation. LâintĂ©rĂȘt pour la musique vient plus tard. 16Pourtant, des colloques sur la musique ont lieu dans ces annĂ©es-lĂ en France en 1961 se tient au Centre dâĂ©tudes sociologiques un Colloque sur la musique » [9]. En 1962, le Colloque international pour une sociologie de la musique les nouvelles structures musicales constituent-elles un phĂ©nomĂšne social ? » [10] interroge les transformations du langage musical savant » ; il fait appel Ă des musicologues et ethnomusicologues, des compositeurs, des acteurs de la vie musicale, mais pas Ă des sociologues. Quelques contributions sociologiques paraissent sur la chanson Bernard, 1964 et le jazz Newton, 1966. Aux Ătats-Unis, dans les annĂ©es 1960 toujours, Howard S. Becker publie Outsiders 1985 [1963] qui comprend deux chapitres consacrĂ©s aux musiciens de danse » les musiciens des clubs de jazz des annĂ©es 1940-1950 Ă Chicago. Mais lâinfluence de ce dernier en France ne se fait sentir de maniĂšre majeure quâĂ partir des annĂ©es 1980, lorsque ses travaux sont traduits en français. 17Ă la faveur de la rĂ©instauration dâune section Sociologie de lâart » dans LâAnnĂ©e sociologique, Antoine Hennion constate ainsi en 1984 que la sociologie de la musique est moins avancĂ©e que celle de la peinture » Hennion, 1984, 379. Il lui consacre le premier dĂ©bat thĂ©matique en discutant des travaux anglophones, ceux de lâanthropologue de la musique John Blacking dont Le sens musical Ă©tait paru traduit en français en 1980 et lâouvrage collectif intitulĂ© Whose Music? A Sociology of Musical Languages Sherperd et alii, 1977 proposant un modĂšle thĂ©orique systĂ©matique » pour la sociologie de la musique. Ă cette Ă©poque, en effet, des travaux en langue anglaise fleurissent, en particulier sur le rock et la culture juvĂ©nile, comme ceux de Simon Frith qui publie un premier opus The Sociology of Rock 1978 bientĂŽt suivi dâautres, ou ceux de Stith H. Bennett 1980. 18De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le colloque sur la Sociologie de lâart » organisĂ© en 1985 Ă Marseille par Raymonde Moulin apparaĂźt comme fondateur dâun champ spĂ©cifique de la sociologie, celui de la sociologie des arts et de la culture. Sur la quarantaine de contributions, cinq portent directement sur la musique pour les aspects institutionnels et Ă©conomiques, FrĂ©dĂ©rique Patureau sur LâOpĂ©ra de Paris ou les ambiguĂŻtĂ©s de lâenjeu culturel » Moulin, 1999 [1986], 83-93 ; du cĂŽtĂ© des professions artistiques et des marchĂ©s de lâart, Jean-Louis Fabiani sur les CarriĂšres improvisĂ©es thĂ©ories et pratiques de la musique de jazz en France » 231-246 et Pierre-Michel Menger sur Lâart, objet de science la recherche musicale savante contemporaine » 247-260 ; enfin, Ă propos de la sociologie des Ćuvres, John Shepherd Les exigences dâune sociologie des Ćuvres musicales le cas des musiques âclassiquesâ et âpopulairesâ » 335-346 et Antoine Hennion La musique est une sociologie points de mĂ©thode, Ă propos des thĂ©ories musicales de Rameau » 347-356. 19La fin des annĂ©es 1970 et les annĂ©es 1980 marquent ainsi le dĂ©veloppement de travaux empiriques sur la musique en France et lâinvestissement de chercheurs qui vont consacrer pleinement â au moins un temps â leurs recherches Ă la musique. Si Bruno BrĂ©van soutient en 1977 une thĂšse de sociologie historique sur la vie musicale parisienne et le concert sous le rĂšgne de Louis XVI et sous la RĂ©volution, qui donne lieu Ă la parution dâun ouvrage BrĂ©van, 1980, les autres chercheurs se concentrent davantage sur la pĂ©riode contemporaine. Pierre-Michel Menger commence Ă publier sur la crĂ©ation musicale dans un premier article en 1977, avant son ouvrage sur La Condition du compositeur et le marchĂ© de la musique contemporaine en France 1979, bientĂŽt suivi par Le Paradoxe du musicien 1983 issu de sa thĂšse de doctorat. Antoine Hennion fait paraĂźtre Ă la mĂȘme Ă©poque des recherches sur lâindustrie du disque un premier document en 1975, suivi dâun ouvrage avec Jean-Pierre Vignolle sur LâĂconomie du disque en France 1978, puis de celui sur Les Professionnels du disque. Une sociologie des variĂ©tĂ©s 1981. La mĂȘme annĂ©e paraĂźt le premier rapport de lâ EnquĂȘte sur les Ă©lĂšves et anciens Ă©lĂšves des Ă©coles de musique contrĂŽlĂ©es par lâĂtat » auquel il participe. En 1983, Anne-Marie Green soutient sa thĂšse sur le rapport des adolescents de lycĂ©es professionnels Ă la musique, qui donne lieu Ă la publication dâun ouvrage intitulĂ© Les Adolescents et la Musique 1986. Patrick Mignon commence Ă publier sur le rock et Jean-Louis Fabiani sur le jazz. Ă la fin des annĂ©es 1980, Emmanuel Pedler fait paraĂźtre ses premiers articles sur lâopĂ©ra et sur lâĂ©coute aprĂšs avoir soutenu une thĂšse proposant une sociosĂ©miotique de lâopĂ©ra verdien » en 1984. 20On ne peut bien sĂ»r citer tous les auteurs qui dĂ©veloppent une rĂ©flexion dâordre sociologique sur la musique Ă partir des annĂ©es 1980 [11]. Avant Jacques Attali avec son essai dâĂ©conomie politique de la musique » 1977 et Françoise Escal avec Espaces sociaux. Espaces musicaux 1979, Paul Beaud et Alfred Willener avaient en effet proposĂ© dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1970 une rĂ©flexion sur la façon sans prĂ©cĂ©dent dont la musique sâintĂ©grait dans la vie quotidienne et se faisait porteuse dâune nouvelle culture » Beaud, Willener, 1973. Chercheur suisse hĂ©ritier de la pensĂ©e dâAdorno, aprĂšs avoir menĂ© des recherches en sociologie du travail, Alfred Willener se consacre Ă la musique en travaillant successivement sur lâinterprĂ©tation, les rapports sociaux Ă lâĆuvre dans lâorchestre, lâimprovisation. En outre, venus de la linguistique pour Louis-Jean Calvet, de lâhistoire pour Jean-Claude Klein ou de la psychologie sociale pour Jean-Marie Seca, des Ă©tudes dâautres disciplines interrogent les rapports musique/sociĂ©tĂ© Ă propos de la chanson, pour les premiers Calvet, 1981 Klein, 1990, les musiciens de rock, pour le troisiĂšme Seca, 1987. 21Les premiĂšres recherches empiriques en sociologie de la musique ont suivi plusieurs chemins, notamment celui des nouvelles » musiques, et en particulier le rock, oĂč la rĂ©flexion croise celle sur la culture jeune » voire le problĂšme jeune », sur les politiques urbaines, sociales et culturelles, sur la part des industries culturelles et des mĂ©dias dans ces phĂ©nomĂšnes. Autre type de nouvelle » musique, la musique contemporaine et la crĂ©ation ont Ă©tĂ© questionnĂ©es, Ă lâaune du rĂŽle du marchĂ© et de celui de lâĂtat et ses facultĂ©s dâintervention en France. Ainsi la rĂ©partition des tĂąches que lâon a parfois voulu voir entre une musicologie qui traiterait de musique sĂ©rieuse » et une sociologie qui se consacrerait Ă la musique dite populaire nâest pas avĂ©rĂ©e du cĂŽtĂ© de cette derniĂšre en France [12].3 â Parcours intellectuels de quatre sociologues22Dans ce contexte fertile, certains auteurs proposent un renouveau des approches thĂ©oriques, empiriques et Ă©pistĂ©mologiques par rapport Ă leurs prĂ©dĂ©cesseurs, en se distinguant notamment de lâ esthĂ©tique sociologique ». Les annĂ©es 1980 et 1990 voient ainsi la parution dâarticles et dâouvrages qui font date. Face Ă la richesse et Ă la multiplicitĂ© actuelle des dĂ©marches, il paraĂźt essentiel de revenir briĂšvement sur des travaux qui ont ouvert des voies heuristiques. Appartenant Ă la gĂ©nĂ©ration du baby-boom [13], les quatre contributeurs Ă ce numĂ©ro ont Ă©tĂ© formĂ©s dâabord Ă dâautres disciplines la philosophie Ă lâens, pour Jean-Louis Fabiani et Pierre-Michel Menger, comme nombre de sociologues avant eux Raymond Aron, Pierre Bourdieu, mais aussi le droit, pour Emmanuel Pedler, les sciences de lâingĂ©nieur et la musicologie, pour Antoine Hennion. Pour autant leur doctorat sâinscrit en sociologie, discipline Ă laquelle les chercheurs Ă leur suite seront plus frĂ©quemment initialement formĂ©s. Revenons un temps sur lâitinĂ©raire de recherche de chacun dâentre eux. 23Directeur dâĂ©tudes Ă lâehess et professeur Ă la Central European University Budapest, Jean-Louis Fabiani n. 1951 a soutenu en 1980 Ă lâehess, sa thĂšse sur lâĂ©tude des configurations de savoir ». Elle a donnĂ© lieu Ă lâouvrage Les Philosophes de la RĂ©publique 1988. Ses recherches actuelles interrogent des problĂ©matiques essentielles en sociologie de la culture sur savant/populaire et sur la lĂ©gitimitĂ© culturelle. Tout au long de ses travaux court un fil qui le relie rĂ©guliĂšrement Ă la musique, au jazz en particulier et au music-hall Fabiani, 2006. Ce thĂšme de recherche prend une importance dans son parcours sans doute plus forte quâil ne le laisse entendre comme en tĂ©moignent les thĂšses quâil a dirigĂ©es sur le rap Pecqueux, 2003, le jazz Roueff, 2007 et la globalisation des formes musicales jazz/rock Dorin, 2005. 24Par le jazz se trouve abordĂ©e la question des arts moyens », de la tension entre cultures savantes et populaires, des formes de rĂ©ception et leurs variations historiques. Son article CarriĂšres improvisĂ©es » augure ainsi dâune analyse, non pas des carriĂšres de musiciens de jazz au sens de Everett Hughes ou de la sociologie du travail, mais de la constitution sociale de lâobjet âjazzâ en France » Fabiani, 1986, 231 il montre comment le jazz a Ă©tĂ© perçu et construit comme tel et quel a Ă©tĂ© lâimpact des processus de thĂ©orisation de cette musique sur sa perception et sa caractĂ©risation en musique noire ». Lâethnicisation de cette musique a partie liĂ©e avec la constitution et lâinfluence dâune jazzophilie » faite par des blancs » en France. Lâarticle Ă©voque Ă©galement le processus de lĂ©gitimation du jazz, par le biais de politiques culturelles, dâun processus dâinstitutionnalisation enseignement, commandes dâĂtat⊠et lâavĂšnement dâ employĂ©s du jazz ». Mais les Ă©crits qui suivent Fabiani, 2008 nuancent cette analyse. Jean-Louis Fabiani montre que le jazz, loin dâĂȘtre un art moyen » en homologie avec les goĂ»ts de la petite bourgeoisie », se rĂ©vĂšle aprĂšs enquĂȘte un art de la tension entre deux extrĂȘmes » comme il lâexplique dans ce numĂ©ro. Au contact de terrains particuliers, la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle telle que dĂ©veloppĂ©e par Pierre Bourdieu en vient Ă ĂȘtre ainsi fortement amendĂ©e. 25Antoine Hennion n. 1952 est professeur Ă lâĂcole des Mines et membre du Centre de sociologie de lâinnovation quâil a dirigĂ© de 1994 Ă 2002. Il dĂ©veloppe une sociologie de la culture Ă partir de la musique Ă laquelle il consacre la majoritĂ© de ses travaux parmi dâautres sur la radio, la publicitĂ©, le design, le vin, et plus rĂ©cemment les humanitĂ©s altĂ©rĂ©es » par le handicap, la vieillesse, lâalcoolismeâŠ. Comme pour les autres auteurs, on ne peut Ă©voquer tous ses Ă©crits, tant les thĂ©matiques de recherches sont fĂ©condes. Elles portent principalement sur le disque, sur les Ă©lĂšves des conservatoires et lâenseignement musical en France, sur les amateurs et les auditeurs, lâĂ©coute et les goĂ»ts, sur la musique ancienne, Bach et Rameau en particulier, mais aussi sur lâopĂ©ra, le rockâŠ, et le conduisent Ă diriger des thĂšses par exemple Ă propos du heavy metal Petesch, 2009. La mĂ©diation, puis les attachements » et sa conception pragmatiste de la sociologie y trouvent leurs fondements. 26Dans ses premiers travaux sur lâindustrie du disque, Antoine Hennion montre le rĂŽle essentiel, dans la production dâune chanson de variĂ©tĂ©, du directeur artistique en tant que mĂ©dium » qui incarne le public ses dĂ©sirs, ses envies⊠» Hennion 1981, 13. Dans La Passion musicale 1993, ouvrage issu de la thĂšse quâil a soutenue en 1991, Antoine Hennion dĂ©veloppe sa thĂ©orie de la mĂ©diation. AprĂšs avoir interrogĂ© le renouveau » de la musique baroque, sa redĂ©couverte qui est en fait une rĂ©invention de cette musique aujourdâhui Ă lâaide dâobjets instruments, disques⊠outre les traitĂ©s thĂ©oriques anciens, il discute les thĂ©ories en sociologie de lâart et en histoire sociale de lâart et explique que le moyen de saisir lâobjet musique est de lâapprĂ©hender par ses mĂ©diations, par les liens musique-auditeur, par les gestes, la scĂšne, les instruments, les partitions⊠27Poursuivant ces pistes, il sâintĂ©resse notamment aux amateurs et Ă Bach au cĆur de deux ouvrages publiĂ©s en 2000. Avec le musicologue JoĂ«l-Marie Fauquet, il analyse comment sâest créé un goĂ»t pour les musiques du passĂ© avec Bach au xixe siĂšcle Fauquet, Hennion, 2000. LâĂ©laboration dâun amour de la musique » et lâavĂšnement de lâ amateur » au sens de celui qui aime et cultive ce goĂ»t sont constitutifs de lâappropriation de cette musique en la transformant par des arrangements divers, en produisant discours et commentaires⊠et modifient lâapproche de la musique en gĂ©nĂ©ral. Les diffĂ©rentes figures de lâamateur » Hennion, Maisonneuve, Gomart, 2000 doivent prendre place dans lâhistoire de la musique, qui est aussi une histoire de lâĂ©coute et du goĂ»t marquĂ©e par la discomorphose ». Mis en parallĂšle avec lâeffet dâune drogue, toutes proportions gardĂ©es, lâattachement pour la musique passe fortement par le rapport Ă des objets comme le disque. 28Dans lâhĂ©ritage de la pensĂ©e de Bruno Latour et de Michel Callon, membres du mĂȘme laboratoire de recherche, Antoine Hennion propose ainsi une approche pragmatiste de la sociologie et de la musique. En tant que telle et posĂ©e a priori, cette derniĂšre nâexiste pas, pas plus que le social. Pour reprendre les termes de lâauteur, les choses et les objets nous font », par les prises » quâils exercent sur nous. Les collectifs, les corps et les subjectivitĂ©s font exister la musique dans un faire ensemble ». Son approche de la musique se positionne ainsi contre la sociologie critique de Pierre Bourdieu, refusant une position quâil estime surplombante » dominants/dominĂ©s et sociologiste marquĂ©e par le discours sur la croyance ». Elle critique Ă©galement les approches qui Ă©vacuent la musique parce quâelles restent dans un dualisme entre sociologie et esthĂ©tique, objet et sujet. Dans la perspective qui est la sienne, insistant sur les capacitĂ©s rĂ©flexives des acteurs, il faut partir de lâappropriation, montrer comment lâobjet musique devient objet de dĂ©sir », producteur de sens et dâimaginaire. Ă la question essentialiste de la nature de lâobjet se substitue alors lâinterrogation sur ce que fait la musique » et ce quâelle fait faire », Ă ceux qui la goĂ»tent et lâapprĂ©cient. 29Pierre-Michel Menger n. 1953 est directeur de recherche au cnrs et directeur dâĂ©tudes Ă lâehess ; il a dirigĂ© le Centre de Sociologie du Travail et des Arts de 1993 Ă 2009. La crĂ©ation musicale contemporaine a constituĂ© son premier domaine dâinvestigation notamment pour son doctorat on lâa vu, oĂč il a rĂ©alisĂ© une enquĂȘte dâenvergure sur les compositeurs et leurs liens Ă lâĂtat, ces travaux ayant Ă©tĂ© prolongĂ©s par une Ă©tude des publics de la musique contemporaine Menger, 1986 et sur Les Laboratoires de la crĂ©ation musicale 1989. Il y montre le caractĂšre assistĂ© » de la crĂ©ation notamment le poids des commandes, les carriĂšres des compositeurs Ă©tant trĂšs liĂ©es Ă cette institutionnalisation. La question des publics et de lâĂ©coute de la musique contemporaine en dĂ©coule ; elle interroge le schisme communĂ©ment admis entre crĂ©ateurs et auditeurs et montre la coupure entre une consommation volontariste » et la perception de cette musique fondĂ©e sur des compromis. 30Dâune terminologie bourdieusienne dans le Paradoxe du musicien 1983, lâanalyse se dĂ©clinant en termes de prises de positions esthĂ©tiques Ă mettre en relation avec des dispositions sociales et la position professionnelle des crĂ©ateurs, Pierre-Michel Menger en vient trĂšs vite Ă une critique de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle Ă propos de lâapprĂ©ciation problĂ©matique par mise en suspend du jugement critique de la musique contemporaine mĂȘme pour les auditeurs censĂ©s ĂȘtre les plus cultivĂ©s ». De maniĂšre sous-jacente, la rĂ©flexion sur la musique comme type de langage, ses dĂ©terminations temporelles et historiques au regard des paradigmes esthĂ©tiques, est essentielle. 31Par la suite, ses recherches ont portĂ© sur les comĂ©diens et les intermittents, et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, sur le travail et les professions artistiques, les marchĂ©s de lâart, les nouvelles formes de salariat. Aujourdâhui, il sâintĂ©resse au monde acadĂ©mique Ă propos de questions telles que les inĂ©galitĂ©s de talent et de gain, questions au cĆur de son ouvrage synthĂ©tique Le travail crĂ©ateur 2009. Lâanalyse des professions artistiques et scientifiques est menĂ©e sous lâangle de la gestion de lâincertitude comme moteur des pratiques crĂ©atrices, Ă la lumiĂšre des enseignements de la thĂ©orie Ă©conomique. Lâincertitude engendre la surprise qui procure une gratification au travail de lâartiste ou du crĂ©ateur, lui-mĂȘme soumis Ă de perpĂ©tuels réévaluations. Des diffĂ©rences minimes de talent produisent des inĂ©galitĂ©s patentes de rĂ©ussite dans des univers nĂ©cessairement inĂ©galitaires », empreints de concurrence, comme le montre cette thĂ©orie de lâaction en horizon incertain ». 32Tout au long de cet ouvrage qui thĂ©orise son approche, la musique se fait entendre. Pierre-Michel Menger a dâailleurs consacrĂ© en 2002 une analyse au talent et au gĂ©nie Ă propos de Beethoven, oĂč il critique des postures constructivistes thĂ©oriques comme celle de Theodor W. Adorno ou empiriques comme celles de Norbert Ălias et surtout de Tia DeNora pour privilĂ©gier une analyse dynamique » en termes de rĂ©seaux, de variations de talent qui se renforcent et finissent par produire des Ă©carts consĂ©quents en matiĂšre de soutien de lâactivitĂ© et de reconnaissance du gĂ©nie ». Aux forces sociales de macro-acteurs en lutte, il entend opposer une analyse plus micro- sociologique, moins dĂ©terministe, oĂč les stratĂ©gies des acteurs intĂšgrent le feed-back produit par le jugement incessant des musiciens eux- mĂȘmes et dâautres acteurs au jeu de concurrence du milieu. Y transparaĂźt par touches, en particulier Ă la fin du texte, le statut historique, social et symbolique spĂ©cifique de la musique sĂ©rieuse ou savante ». AprĂšs Beethoven et le gĂ©nie, mais aussi Rodin et lâinachĂšvement, il approfondit dans ce numĂ©ro sa conception dâune sociologie de lâĆuvre musicale. Ajoutons quâil a dirigĂ© plusieurs thĂšses sur le rock Mignon, 1996, les professions et carriĂšres musicales Coulangeon, 1998, le lien entre innovation Ă©conomique, sociale et esthĂ©tique pour la musique ancienne François, 2000 ou les musiques Ă©lectroniques Jouvenet, 2003. 33Enfin, Emmanuel Pedler n. 1956 est directeur dâĂ©tudes Ă lâehess de Marseille. Sa thĂšse soutenue en 1985 et son habilitation Ă diriger des recherches 1996 portent entre autres sur lâopĂ©ra auquel il consacre un ouvrage Pedler, 2003 et plusieurs articles mobilisant notamment une approche sociohistorique. Il sâintĂ©resse aux carriĂšres de spectateurs et dâauditeurs et travaille parallĂšlement sur lâĂ©coute en dialoguant avec la musicologie. Pour caractĂ©riser les modalitĂ©s et les paramĂštres de lâĂ©coute plus prĂ©cisĂ©ment que dans les enquĂȘtes sur les goĂ»ts musicaux, il mĂšne par exemple des expĂ©riences Ă lâaide de socio-audigrammes » Pedler, 1994. Il montre ainsi que la finesse de lâĂ©coute varie en fonction du degrĂ© de conversion musicale », dâune part, mais aussi que les Ćuvres du grand rĂ©pertoire » peuvent faire Ă la fois lâobjet dâune lecture commune » et dâune Ă©coute savante », y compris chez les professionnels. 34Ses recherches sur le concert et sur lâinstitutionnalisation de la musique savante Pedler, 2004 prolongent la mise en question des fondements de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle pertinente quant Ă lâimportance des institutions, cette thĂ©orie est Ă nuancer quant aux formes de rĂ©ception qui, rapportĂ©es aux diffĂ©rents types de public, sont loin dâĂȘtre uniformes pour un mĂȘme groupe. Comme il le montre Ă propos dâune reprĂ©sentation du BĆuf sur le toit de Darius Milhaud Pedler, 2004, confrontation », malentendus culturels » et complicitĂ©s dans le malentendu » caractĂ©risent la rĂ©ception en concert musiciens et public lyrique sensibilisĂ© Ă la musique dite savante apprĂ©cient de maniĂšre opposĂ©e la prestation, montrant la diversitĂ© des entendements musicaux ». En outre, le concert et chaque type dâinstitution provoquent la construction dâun rapport particulier Ă la chose musicale ». 35De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Emmanuel Pedler sâintĂ©resse Ă la rĂ©ception des Ćuvres â musicales, visuelles et théùtrales dans dâautres travaux â ainsi quâaux formes culturelles de la communication, ancrant sa rĂ©flexion en sociologie de la culture. La sociologie de la musique continue cependant de lâoccuper, par la direction de thĂšses par exemple sur le rap Sberna, 2000 et les musiques particularistes » Cestor, 2004, mais aussi par la relecture de textes fondateurs en sociologie de la musique. Depuis la traduction du texte inachevĂ© de Max Weber 1998, il Ćuvre Ă en montrer lâintĂ©rĂȘt actuel pour la sociologie de la culture â Ă lâinstar de ceux de Georg Simmel, mais aussi Alfred SchĂŒtz et Maurice Halbwachs comme il lâĂ©voque dans ce numĂ©ro â au-delĂ des malentendus sur sa lecture Pedler, 2006, 2008. En particulier, la dĂ©marche sociohistorique comparative et lâimportance des techniques dans lâĂ©volution des formes culturelles constituent des directions de recherche quâil contribue lui-mĂȘme Ă problĂ©matiser. 36La diversitĂ© des thĂ©matiques et des approches des quatre auteurs montre, sâil Ă©tait encore besoin de sâen convaincre, que se lisent lĂ des sociologies de la musique, des maniĂšres diffĂ©rentes et complĂ©mentaires de faire de la sociologie de la musique. Sociologies du travail musical, de la mĂ©diation, de la rĂ©ception, sociomusicologie, elles sont liĂ©es Ă la sociologie des arts et de la culture, des professions, des rĂ©seaux, etc. Aucun des quatre auteurs dâailleurs ne laisserait Ă©tiqueter ses recherches sous une seule acception, mĂȘme sâils citent lâune ou lâautre parmi leurs domaines dâĂ©tude. Ces quatre sociologues participent Ă lâimpulsion donnĂ©e depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980 Ă la sociologie de la musique en France, notamment en dirigeant des thĂšses, avec dâautres comme Anne-Marie Green. Le foisonnement des recherches depuis une dizaine dâannĂ©es en France suit des pistes ouvertes par leurs travaux recherches sur le travail et les professions musicales interprĂštes, musiciens ordinaires »âŠ, la crĂ©ation et la production musicales au sein des musiques savantes » comme populaires », le marchĂ© de la musique au fil de ses Ă©volutions en fonction de lâapparition de nouveaux supportsâŠ, les institutions et les politiques musicales lĂ©gitimant » par exemple des musiques comme le rock, lâĂ©coute et les expĂ©riences musicales oĂč publics, mĂ©lomanes, amateurs au sens dâaficionados, ou encore Ă©motions esthĂ©tiques sont apprĂ©hendĂ©s, les Ćuvres et les interprĂ©tations au cĆur dâinterrogations toujours renouvelĂ©es⊠tout en explorant de nouveaux terrains et dâautres approches. On en trouvera une prĂ©sentation par CĂ©cile PrĂ©vost-Thomas Ă la suite des Ă©tudes de nos quatre â Un rapport Ă©troit Ă la musique37Non spĂ©cifique Ă ce domaine â rebattue selon dâaucuns â, une question se pose pourtant avec acuitĂ© dans les dĂ©bats sur les dĂ©marches heuristiques en sociologie des arts et de la culture, tout particuliĂšrement en musique faut-il ĂȘtre musicien » pour mener des recherches pertinentes sur la musique, Ă tout le moins pour mener des enquĂȘtes et comprendre ce qui se dĂ©roule sur le terrain ? Musicien » sâentend ici en un sens large qui comprend de multiples acceptions ĂȘtre formĂ© Ă la musique, jouer soi-mĂȘme de la musique dâune maniĂšre ou dâune autre, ĂȘtre reconnu comme lâun des membres du milieu » sur lequel porte lâenquĂȘte on nâemploie pas ici Ă dessein le terme professionnel » qui ne recouvre pas forcĂ©ment la mĂȘme signification pour les acteurs concernĂ©s et pour lâobservateur. Ou alors, la condition minimale » requise est-elle de bien connaĂźtre » le milieu Ă©tudiĂ©, voire dâapprĂ©cier particuliĂšrement la musique qui y est produite ? Ou encore, rien de tout cela nâest-il nĂ©cessaire, lâimplication pouvant reprĂ©senter davantage une entrave, un biais potentiel contre lequel se prĂ©munir ? 38Howard S. Becker, musicien de jazz et sociologue observant son propre milieu, dans Outsiders et dâautres Ă©crits Faulkner, Becker, 2009, reprĂ©sente actuellement une figure tutĂ©laire pour de nombreux sociologues en contact avec un terrain musical spĂ©cifique. Les quatre auteurs dont nous venons dâapprĂ©hender le parcours intellectuel entretiennent chacun un rapport particulier Ă la musique, qui â contrairement Ă H. S. Becker â nâest pas de lâordre de lâobservation participante oĂč relations personnelle et scientifique se mĂȘlent indissociablement. Cependant, leur façon de concevoir la sociologie est pour chacun dâeux marquĂ©e par leur intĂ©rĂȘt intellectuel pour la musique, par leurs goĂ»ts et leur pratique le cas Ă©chĂ©ant. DĂ©couvrir un tant soit peu le rapport quâils entretiennent avec la musique permet donc de mieux saisir la construction de leur pensĂ©e, outre leur approche de cet objet » en tant que chercheurs [14]. 39Tout dâabord, deux dâentre eux ont Ă©tĂ© formĂ©s longuement, en particulier Ă la musique dite classique quâelle soit enseignĂ©e en conservatoire ou en cours particuliers. Les deux autres formulent des regrets face Ă une absence de formation et/ou un manque de pratique. Si Pierre-Michel Menger a regrettĂ© infiniment de nâavoir appris le piano », Jean-Louis Fabiani explique 40 Jâai fait un peu de piano et de solfĂšge Ă©tant enfant, mais surtout jâai fait du chant classique Ă la Schola Cantorum quand jâĂ©tais Ă lâens et plus tard. Jâai toujours regrettĂ© de nâavoir pas fait plus de musique et je reprends des cours ici Ă Budapest. » 41Emmanuel Pedler, quant Ă lui, a suivi un cursus dâapprentissage de la musique et du violon depuis lâenfance, qui sâest prolongĂ© plus tard par la pratique de la musique de chambre 42 Mon rapport privĂ© Ă la musique est Ă©troit depuis longtemps maintenant. Des Ă©tudes au cnr de Nice dâabord prix de violon, poursuivies, Ă la fin, en parallĂšle avec mes Ă©tudes de droit. Jâai eu la chance Ă ce moment dâavoir Paul Tortelier comme professeur de musique de chambre. Depuis jâai continuĂ© Ă pratiquer la musique de chambre â piano et violon et plus rĂ©cemment clavecin et violon. » 43Pour Antoine Hennion, lâapprentissage de la musique sâest fait Ă partir de lâadolescence, Ă lâĂ©cole, au sein dâune chorale de garçons. Ă la mĂȘme Ă©poque, il commence Ă prendre des leçons particuliĂšres de piano auprĂšs dâune professeure de la filiĂšre post-Cortot » qui Ă©tait excellente pour apprendre Ă aimer la musique ». Il poursuit ses Ă©tudes de piano jusque pendant ses annĂ©es de classes prĂ©paratoires puis dâĂ©tudiant Ă lâĂcole des Mines, mais un tel apprentissage â exigeant â devient de moins en moins tenable ». ParallĂšlement, il sâinscrit en musicologie Ă la Sorbonne oĂč il soutient une maĂźtrise 1978. Il apprend Ă©galement la clarinette durant quatre ou cinq ans avec un professeur de conservatoire hypertraditionnel » et joue beaucoup avec des amis. 44 Jâai fait plein de musiques avec des copains, des dĂ©chiffrages tout Bach instrumental Ă la clarinette basse ou presque !, des groupes dans la rue pour soutenir le comitĂ© Chili en jouant des mĂ©lodies sud-amĂ©ricaines Ă la clarinette, ⊠un groupe dâamateurs aux Mines, etc. » 45Enfin vient lâapprentissage du chant, plus tardif, auprĂšs de plusieurs enseignants successifs 46 [Je ne faisais] plus de chorale, mais jâai toujours chantĂ©, fort et fort mal, sans avoir encore un goĂ»t particulier pour lâopĂ©ra, donc sans penser Ă travailler la voix. Le chant, câest venu tard, vraiment tard, vers 45 ans, dâune copine qui mâa dit âmâenfin, tu chantes tout le temps, essaie de le faire pour de bonâ. ⊠Entre-temps, je mâĂ©tais mis Ă apprĂ©cier lâopĂ©ra, comme beaucoup avec lâĂąge, mais pas du tout Verdi-Wagner, au contraire, tous les autres, en particulier les Français du xixe siĂšcle, Ă mon sens bien trop dĂ©daignĂ©s. Et comme jâai une grosse voix de basse-baryton, je prends un plaisir Ă©norme Ă aller de Bach ou FaurĂ© ou Schumann Ă Verdi, pour le chanter, ou Bizet ou Massenet⊠» 47Emmanuel Pedler et Antoine Hennion continuent Ă pratiquer la musique mais juste en amateur, on fait quelques auditions ou concerts aux Mines en fin dâannĂ©e, rien de plus » explique ce dernier. Jean-Louis Fabiani est par ailleurs depuis onze ans prĂ©sident du conseil dâadministration de lâorchestre des jeunes de la MĂ©diterranĂ©e rĂ©unissant vingt et un pays. Quant Ă Pierre-Michel Menger, il est un fervent mĂ©lomane. 48Le goĂ»t prononcĂ© pour la musique est partagĂ© par les quatre sociologues. Il Ă©claire le choix de travailler sociologiquement sur celle-ci â de maniĂšre distincte pour chacun dâeux â goĂ»ts et rapport Ă la musique Ă©voluant au cours des annĂ©es de recherche. Pour Pierre-Michel Menger, la rencontre » avec la musique a fondĂ© une vĂ©ritable passion, dont le rĂ©cit est apparentĂ© Ă celui que font certains musiciens de la naissance dâune vocation » nĂ©e dâun coup de foudre » ou dâ une rencontre » prĂ©cisĂ©ment. 49 Mon rapport Ă la musique est celui dâune passion nĂ©e Ă 11 ans, fortuitement un ami de la famille dĂ©cĂ©dĂ© lĂšgue, pour moi, un bureau en chĂȘne que jâai toujours et cinq 33 tours de musique classique â Beethoven, Mozart, Wagner â et câest une Ă©tincelle qui se transforme en incendie dans mes neurones et ma sensibilitĂ©, et sâest transformĂ©e en goĂ»t profond uniquement par la mĂ©diation du disque, puis, Ă Paris, quand jây ai fait mes Ă©tudes, du concert et de lâopĂ©ra. ⊠Plusieurs camarades normaliens, surtout parmi les scientifiques, Ă©taient dâexcellents pianistes et jâadorais passer des nuits Ă les Ă©couter jouer en sous-sol, rue dâUlm. » 50Cette rencontre se double dâune curiositĂ© assez vive pour la musique moderne contemporaine, au moment mĂȘme oĂč [il] dĂ©couvr[e] la musique » 51 Je me souviens dâavoir Ă©tĂ© mĂ©dusĂ© par lâĂ©coute de la Musique pour cordes, percussion et cĂ©lesta de BartĂłk, dont un camarade de classe mâavait passĂ© le disque, puis dâavoir voulu Ă©couter en classe de musique la totalitĂ© du Concerto de Jolivet dont la professeur de musique avait prĂ©sentĂ© un extrait aux Ă©lĂšves, et encore dâavoir Ă©tĂ© troublĂ© par lâĂ©coute dâĆuvres de VarĂšse et Xenakis, qui passaient sur ce qui est devenu France-Musique ensuite. Tout ça dans ma province lorraine, Ă Forbach, oĂč pas une once de musique vivante nâĂ©tait Ă portĂ©e dâouĂŻe, jusquâĂ la fin des annĂ©es 1960. » 52Cela ne sera pas sans consĂ©quence sur son investissement dans des recherches sur la crĂ©ation contemporaine, puisque explique-t-il cela mâa dĂ©terminĂ© Ă choisir mon sujet de doctorat, mais pas au point de renoncer Ă la recherche pour apprendre lâĂ©criture et la composition, comme me lâa proposĂ© Maurice Ohana ». Pour Emmanuel Pedler le parcours est inverse. Il a commencĂ© Ă travailler sur lâopĂ©ra selon un choix qui a Ă©tĂ© plus directement pilotĂ© par des motifs intellectuels que par un goĂ»t pour [celui-ci] ». Il en va diffĂ©remment aujourdâhui 53 Le parcours musical de mes enfants ⊠mâa confrontĂ© Ă dâautres rĂ©pertoires et mâa introduit Ă la musique baroque vers laquelle je penche de plus en plus. Ma curiositĂ© pour la fin du xviie et le tout dĂ©but xviiie italien sâancre ainsi doublement intellectuellement pour explorer dans une perspective wĂ©bĂ©rienne des voies encore indĂ©frichĂ©es, musicalement pour saisir la posture et lâexpĂ©rience musicales des compositeurs et interprĂštes oubliĂ©s aujourdâhui comme Veracini, Carbonelli ou Mascitti. » 54De son cĂŽtĂ©, Antoine Hennion a travaillĂ© sur les variĂ©tĂ©s » lors de ses premiers travaux sociologiques et musicologiques mais, Ă©galement, moins par goĂ»t pour des musiques â dont il estimait alors quâelles Ă©taient situĂ©es en dehors du domaine de lâart â que par nĂ©cessitĂ© scientifique 55 A priori plus sensibles Ă la musique classique ou contemporaine et au jazz, tant par goĂ»t que par formation et intĂ©rĂȘts thĂ©oriques, nous avons sur le terrain opĂ©rĂ© un premier dĂ©placement, qui sâimposait le disque, câest avant tout les variĂ©tĂ©s. » 56Quant Ă Jean-Louis Fabiani, il se reconnaĂźt comme amateur de jazz » Fabiani, 2008 mais prĂ©cise par ailleurs 57 Je me suis toujours intĂ©ressĂ© Ă des objets pĂ©riphĂ©riques en musique jazz ou music-hall sur lequel je prĂ©pare un livre avec Jacques Cheyronnaud mais jâai des goĂ»ts personnels plus lĂ©gitimes. » 58Les goĂ»ts des quatre sociologues les portent surtout vers les musiques communĂ©ment classĂ©es comme savantes musiques an- cienne et baroque, musiques classique et romantique, opĂ©ra, musique contemporaine⊠Mais il peut comprendre des incursions vers dâautres rĂ©pertoires. Antoine Hennion aime Bach avant tout, Schumann, Rameau et la musique française de la fin du xixe et du dĂ©but du xxe siĂšcles, mais il a aimĂ© le rock des annĂ©es 1960 il regrette dâavoir vendu tous ses disques en 1968, le jazz Charlie Parker, Archie Shepp et la musique contemporaine. Surtout, le rapport personnel Ă la musique sâancre dans des pratiques intimement liĂ©es Ă lâactivitĂ© intellectuelle telle que lâĂ©coute de disques 59 Jâai une Ă©norme collection de disques, au fur et Ă mesure de mes strates de goĂ»ts en 33 tours puis cd pas encore trop Internet. Mais surtout, sauf pour des rĂ©dactions pointues, je travaille en Ă©coutant. Câest mon rapport no 1 Ă la musique aujourdâhui, mĂȘme avant le chant que jâadore, on sort de chaque leçon en possĂ©dant le monde, avec lâimpression dâavoir enfin tout compris et de repartir Ă zĂ©ro mais que tout sâouvreâŠ. En fait je suis un Ă©couteur de kilomĂštres et de kilomĂštres de musiques. » 60On le voit, le lien est fort et parfois indissociable entre une passion ou un goĂ»t pour la musique et la pratique scientifique. Le rapport qui sâest construit au fil des annĂ©es avec certaines musiques a eu, de diverses maniĂšres, une incidence rĂ©elle sur le choix des sujets de recherche ou la maniĂšre mĂȘme de faire de la sociologie. La question de la distance au sujet de recherche, de la neutralitĂ© scientifique » et de lâobjectivitĂ© y est mĂȘlĂ©e. Si cette question peut apparaĂźtre comme banale, elle nâen demeure pas moins abordĂ©e par chacun des sociologues comme un questionnement au fondement de leur positionnement et de leur dĂ©marche. Dans la prĂ©face » au Paradoxe du musicien, Raymonde Moulin donne comme clĂ© » de lâouvrage lâ admiration [de Pierre-Michel Menger] pour lâactivitĂ© de crĂ©ation » et explique 61 Je sais la fascination quâont exercĂ©e sur lui ses interlocuteurs et quel ascĂ©tique effort lui a demandĂ© la prise de distance que le sociologue sâimpose, par exigence de mĂ©thode, Ă lâĂ©gard du milieu observĂ©. » 62Partageant ce principe dâune distance » nĂ©cessaire avec son domaine de recherches lors de ses premiers travaux sur lâopĂ©ra, Emmanuel Pedler se montre aujourdâhui plus nuancĂ©. Il adopte ainsi une position bien diffĂ©rente vis-Ă -vis de ses goĂ»ts et intĂ©rĂȘts musicaux comme moteur » de comprĂ©hension scientifique, Ă propos de la musique italienne des xviie et xviiie siĂšcles. Il estime en outre que le rapport plus ou moins familier et complice Ă un rĂ©pertoire et/ou une forme musicale agit en consĂ©quence sur la teneur de lâanalyse 63 Jâavoue avoir toujours travaillĂ© sur lâopĂ©ra Italien et français du xixe avec une certaine distance. Jâai longtemps Ă©tĂ© persuadĂ© que cette distance Ă©tait salutaire. Est-ce vraiment le cas ? LâintĂ©rĂȘt portĂ© Ă la forme musicale quâon Ă©tudie est Ă©galement un bon moteur pour la comprendre de lâintĂ©rieur. Dâune certaine façon, expĂ©rimenter les deux postures â distance vis-Ă -vis de lâopĂ©ra du xixe et goĂ»t pour la musique italienne des xviie et xviiie siĂšcles â constitue un dispositif comparatif intĂ©ressant. Je note que dans lâun et lâautre cas, les styles des recherches que jâai dĂ©veloppĂ©es ont variĂ© significativement, sans doute parce que ces deux chantiers ont Ă©tĂ© engagĂ©s Ă des moments trĂšs diffĂ©rents du dĂ©roulement de carriĂšre, dans des contextes intellectuels qui ont bougĂ©, etc.. Dans tous les cas il serait impossible de permuter les deux terrains lâun Ă©loignĂ©, lâautre proche sans modifier significativement les cadres dâanalyse mobilisĂ©s. » 64Les thĂ©matiques des travaux dâAntoine Hennion recoupent ses goĂ»ts de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ainsi des amateurs et de la discomorphose, de Rameau et de ses thĂ©ories, de lâopĂ©ra français, du travail sur Bach. Mais ce rapport Ă la musique fonde finalement toute sa dĂ©marche sociologique et la nĂ©cessitĂ© de ne pas dissocier lâobjet et le goĂ»t pour lâobjet de lâĂ©tude. On lâa vu, pour lui, il nây a pas dâ objet » â lĂ , en dehors â duquel le/la sociologue devrait se dĂ©tacher pour mieux lâanalyser. Tout se joue dans des rapports dâattachement qui impliquent le/la chercheure. Antoine Hennion a dĂ©veloppĂ© Ă plusieurs reprises la nĂ©cessitĂ© de revenir sur la fausse Ă©vidence de lâinjonction de distance et de recul, confondue avec une objectivitĂ© critique » qui est aussi une critique de la sociologie critique, comme Ă propos de lâĂ©coute 65 LâĂ©coute est bien aussi un dĂ©fi Ă la sociologie que peux-tu dire de la musique, sans mettre en jeu ton propre amour de la musique, et dâabord, sans Ă©couter toi-mĂȘme ? Le mot Ă©coute est parfait, pour cela, il Ă©vite la dualitĂ© du rapport Ă lâobjet sây connaĂźtre ou non, lâaimer ou non, se âfaire avoirâ en y croyant ou montrer la croyance en lâobjet, pour rameuter une large palette dâaspects variĂ©s de lâactivitĂ© musicale lâattention dâun âjeâ, la prĂ©sence-rĂ©fĂ©rence Ă dâautres, les effets de la durĂ©e, de la rĂ©pĂ©tition, lâappareillage de lâoreille, les instruments de la production sonore, la rĂ©action corporelle et le dĂ©veloppement rĂ©flexif dâune sensibilitĂ©. » 66Outre le choix des thĂ©matiques de recherche et la question de la distance et/ou de lâimplication, lâincidence du rapport personnel Ă la musique sur la pratique sociologique sâinscrit ainsi dans la maniĂšre mĂȘme de concevoir la sociologie. Cette incidence peut se traduire encore autrement, ces Ă©lĂ©ments Ă©tant trĂšs liĂ©s, au travers des questions intellectuelles qui taraudent le/la chercheure mais aussi dans lâĂ©criture elle-mĂȘme comme le souligne Pierre-Michel Menger 67 Je crois bien avoir trouvĂ© dans la musique au moins deux obsessions le problĂšme de la temporalitĂ© et de son architecture logique et sensible, et lâobsession du phrasĂ©, dans lâĂ©criture quand je peux, en mettant lâaccent sur les points importants dâune formulation de problĂšme et dans lâexposĂ© oral. » 68Au travers des parcours intellectuels de ces quatre sociologues et de leurs prĂ©occupations de chercheurs, la question du rapport personnel Ă la musique se trouve posĂ©e sous de multiples facettes. Si la pratique musicale vocale ou instrumentale nâintervient pas directement comme contribution Ă lâenquĂȘte [15], Ă lâentrĂ©e sur un terrain et Ă son exploration comme membre participant dâun milieu professionnel par exemple â ainsi quâil a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© pour Howard S. Becker et comme de nombreux sociologues Ă sa suite en useront â, la curiositĂ© et les goĂ»ts musicaux constituent des aiguillons et des clefs dâentrĂ©e pour la recherche. La proximitĂ© avec des univers connus et apprĂ©ciĂ©s, voire pratiquĂ©s, se retrouve chez de nombreux chercheurs actuellement. En musique, sans doute davantage que pour les arts plastiques ou la littĂ©rature, pratiques artistique et scientifique se trouvent mĂȘlĂ©es et font en retour lâobjet dâun travail rĂ©flexif. Par ailleurs, le caractĂšre rĂ©putĂ© impĂ©nĂ©trable de la/des musiques pour qui nây est pas initiĂ© et le langage formel et esthĂ©tique mobilisĂ© impressionnent toujours. Ainsi, mĂȘme avertis et amateurs » du genre ou du style considĂ©rĂ©, certains chercheurs ne sâautorisent pas Ă Ă©voquer et Ă qualifier le matĂ©riau musical en propre, pas seulement par crainte dâempiĂ©ter sur le domaine de lâesthĂ©tique et de la musicologie. Une relation pratique et soutenue Ă la musique par le chant, une activitĂ© instrumentale ou de crĂ©ation musicale engendrerait-elle une dĂ©fĂ©rence moindre que lâĂ©coute de disques et/ou la frĂ©quentation des concerts ? Permettrait-elle une approche familiĂšre au plus prĂšs du matĂ©riau musical ? Et quâapporterait cette derniĂšre, en particulier pour apprĂ©hender â sociologiquement â les Ćuvres et les processus crĂ©ateurs ? Si de telles questions Ă©pistĂ©mologiques ne peuvent ĂȘtre ici tranchĂ©es, le positionnement thĂ©orique et empirique distinct de chacun des quatre auteurs considĂ©rĂ©s tĂ©moigne de leur â Ce que la musique fait Ă la sociologie [16]⊠et Ă la musicologie69Comme Bruno PĂ©quignot Ă propos de la sociologie des arts et de la culture 2000, 2009, on peut dire que la sociologie de la musique est dâabord » de la sociologie. Elle lui emprunte ses outils conceptuels et empiriques, ses thĂ©ories et ses mĂ©thodes, quâelle questionne Ă lâaune de la spĂ©cificitĂ© de son domaine de recherche. Elle partage nombre de prĂ©occupations avec dâautres domaines de la sociologie avec lesquels elle croise la rĂ©flexion le travail et les professions, pour ne citer quâun exemple. Par ailleurs, on peut tout aussi bien affirmer que la sociologie de la musique se trouve Ă la croisĂ©e de la sociologie et de la musicologie, ou plus radicalement quâelle fait partie de la musicologie, des musicologies » comme lâindique DaniĂšle Pistone, musicologue qui a toujours ĆuvrĂ© pour des Ă©changes entre musicologie et sociologie, en insistant sur la multiplicitĂ© des dĂ©marches approches historiques, analytiques elles-mĂȘmes nombreuses, mais Ă©galement Ă©conomiques, sociologiques, psychologiques, anthropologiques⊠Si le dialogue avec les sciences sociales et les sciences cognitives, notamment, nâest pas du goĂ»t de tous les musicologues notamment français, la nouvelle musicologie » anglophone le pratique depuis longtemps. 70Plus quâun amalgame entre deux disciplines, un mĂ©lange dangereux car porteur dâun risque de mĂ©connaissance des outils et des problĂ©matiques de part et dâautre, ce croisement disciplinaire â fĂ©cond nous semble-t-il â est gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ© selon un ancrage propre Ă chaque contribution. Chaque discipline apporte Ă lâautre, mais les objectifs de recherche demeurent distincts. Pour dresser une ligne de partage artificielle, du cĂŽtĂ© de la musicologie, le but Ă atteindre rĂ©side gĂ©nĂ©ralement dans la connaissance de la maniĂšre dont un matĂ©riau sonne », ce qui peut se traduire par la caractĂ©risation dâun style par exemple. Cela peut impliquer de comprendre comment et pourquoi il sonne comme ça », mais aussi â pour certains chercheurs â ce que ce comme ça » veut dire pour un groupe dâindividus Ă une Ă©poque donnĂ©e. Ă tout le moins, il sâagit de qualifier le musical et son organisation. Du cĂŽtĂ© de la sociologie, il importe souvent davantage de saisir les modalitĂ©s dâune pratique donnĂ©e qui est ou non concernĂ©, comment, dans quelles conditions et dans quel contexte, depuis quand Ă©ventuellement, mais aussi quel est le sens donnĂ© Ă cette pratique par les groupes dâindividus concernĂ©s. Toutes ces questions sont Ă rapporter â selon nous â au phĂ©nomĂšne musical, Ă la maniĂšre dont une musique sonne » et se dĂ©ploie ; et donc aux processus indissociablement musicaux et sociaux dâĂ©laboration, de qualification et dâappropriation du matĂ©riau sonore. Cela implique donc dâinterroger les enjeux sociaux, symboliques et esthĂ©tiques sous-jacents liĂ©s Ă un phĂ©nomĂšne musical en particulier. 71La sociologie de la musique interroge ainsi la musicologie, rejointe en cela par lâethnomusicologie, en soulignant lâinscription sociale et lâincarnation dans des corps des faits musicaux, au sein de pratiques concrĂštes de crĂ©ation, de diffusion et de rĂ©ception, aujourdâhui et dans le passĂ©, pour toutes les musiques. Bien loin dâĂȘtre un art pur », la sociologie rappelle combien la » musique est ouvragĂ©e par des humains. Cette discipline agirait-elle comme mauvaise conscience » de la musicologie en soulignant les aspects que dâaucuns avaient tendance Ă vouloir oublier au nom de la beautĂ© » formelle ? de lâart pour lâart ? Ătudiant les phĂ©nomĂšnes musicaux les plus extraordinaires et grandioses » comme les plus banals, des gĂ©nies » aux musiciens ordinaires », des chefs- dâĆuvre » aux musiques dâambiance, les sociologues peuvent dĂ©router en sâintĂ©ressant Ă ce qui ne sera pas examinĂ© ni conçu comme musique » par nombre de musicologues. Certains craindront une rĂ©duction » sur et par le social, une banalisation mais surtout lâĂ©viction de lâĂ©tude de la musique elle-mĂȘme ». Dâautres musicologues, au contraire, mobiliseront la sociologie ou lâethnologie comme Ă©tant indispensables pour saisir la construction mĂȘme du sonore, en particulier pour apprĂ©hender les dispositifs de crĂ©ation et les modalitĂ©s dâinterprĂ©tation ; ainsi du rĂŽle de la technologie et de ses acteurs, des effets de lâenregistrement en studio, des supports et des circuits de diffusion, pour les musiques dâaujourdâhui pas seulement populaires » qui conduisent Ă proposer de nouveaux outils analytiques. 72Quant Ă la sociologie, les quatre contributeurs de ce numĂ©ro montrent chacun Ă leur maniĂšre que partir de la musique opĂšre des mises en question efficientes de la sociologie de la culture, du travail et des professions, de la sociologie en gĂ©nĂ©ral⊠En travaillant sur la musique, Max Weber Ă©claire dâun jour nouveau sa thĂ©orie de la rationalisation Ă lâĆuvre en Occident explique Emmanuel Pedler. En outre, dans sa propre contribution Ă ce numĂ©ro, ce dernier montre que les Ă©crits sur la musique de Georg Simmel, mais aussi Alfred SchĂŒtz et Maurice Halbwachs, peuvent insuffler de nouveaux dĂ©veloppements Ă la sociologie de la culture qui peine Ă se renouveler ». Dâailleurs, les travaux quâil a lui-mĂȘme menĂ©s sur lâĂ©coute, les goĂ»ts musicaux et le concert relativisent et nuancent la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle, on lâa vu. En montrant lâimportance des compĂ©tences musicales et les degrĂ©s dâ entendement musical », il complexifie et enrichit dâautant lâanalyse de lâancrage social des pratiques culturelles. 73Cette critique de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle, Jean-Louis Fabiani la mĂšne Ă©galement Ă partir de la musique ; invalidant la notion dâ art moyen », le jazz mais aussi le music-hall apparaissent comme des territoires propices pour la repenser. Plus gĂ©nĂ©ralement, la musique reprĂ©sente selon Jean-Louis Fabiani un objet frontiĂšre », un objet qui rĂ©siste, qui nous oblige Ă le contourner et Ă reconnaĂźtre nos limites », sans dissoudre notre identitĂ© de sociologue » [17]. Cette conception le conduit Ă aller Ă lâencontre dâune visĂ©e impĂ©riale qui voudrait le dĂ©shabiller jusquâĂ la moelle dans un dĂ©passement dialectique entre lâinterne et lâexterne », mettant ainsi en garde la sociologie des Ćuvres. 74Lâangle dâapproche de Pierre-Michel Menger diffĂšre sensiblement. Lâanalyse des professions artistiques lui permet de voir lâĂ©mergence dâune nouvelle figure du travailleur, exerçant son activitĂ© au fil de projets, par contrat, oĂč sâarticulent prĂ©caritĂ© et engagement, incertitude et motivation, en raison de bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s dans lâavenir. Dans ce cadre, la musique constitue un terrain privilĂ©giĂ© dâanalyse, balançant entre savant et populaire, et offrant une multiplicitĂ© de cas intermĂ©diaires oĂč se font jour tous les degrĂ©s dâincertitude et toutes les formes dâappariements [18]. 75En des termes assez proches de ceux de Roger Bastide dans Art et sociĂ©tĂ©, Antoine Hennion Ă©crivait quant Ă lui en 1981 Ă propos du disque 76 Dans lâhistoire des variĂ©tĂ©s se dessine en creux lâhistoire de ceux qui nâont pas la parole, comme dans la musique se rĂ©fugie ce que refoule le pouvoir des mots. Ce plus-de-sens suggĂšre en dĂ©finitive que nous renversions notre dĂ©marche ce nâest pas tant Ă la sociologie, aux rapports sociaux tels quâon les connaĂźt, de venir expliquer le sens ou le non-sens de la musique, câest plutĂŽt Ă la musique de nous rĂ©vĂ©ler un social inconnu. » 77Plus radical, il affirme plus tard la musique est une sociologie » Hennion, 1993, 365, indiquant par lĂ combien le caractĂšre âinsaisissableâ de cet art, cette forme culturelle entre science et pratique, pensĂ©e et sensation, oblige Ă considĂ©rer autrement lâ objet » de lâinvestigation scientifique. La question de la mĂ©diation vient de la musique, de la rĂ©flexion quâelle suscite il nâexiste pas de musique en soi et pour soi, mais toujours dans une relation mobilisant lâobservateur, dâautant quâelle a toujours besoin de se faire rĂ©entendre pour exister. Dans le pragmatisme sociologique tel quâil le prĂŽne, les objets nous agissent et la musique modĂšle la rĂ©flexion. 78Pratique du quotidien dans ses formes les plus banalisĂ©es sans pĂ©joration et mĂ©diatisĂ©es, pratique de sociabilitĂ© reposant sur un rĂ©seau dâinstitutions pĂ©rennes Ă©coles de musique et conservatoires, opĂ©ras, orchestres, etc. sans commune mesure avec celles des autres arts, domaine dâactivitĂ© oĂč sâobservent des mutations sociales et Ă©conomiques dâenvergure, la musique apparaĂźt enfin comme un mĂ©dium dotĂ© dâune puissance onirique et dâun pouvoir symbolique remarquables dans notre sociĂ©tĂ©. Objet dâidentification au sein des jeunes gĂ©nĂ©rations, investie de promesses dâĂ©mancipation sociale, aurĂ©olĂ©e de prestige, autant dâexemples effleurĂ©s qui Ă©voquent la force des reprĂ©sentations et le pouvoir souvent attachĂ© Ă la/aux musiques. La sociologie des musiques, les sociologies de la musique constituent un champ dâinvestigation heuristique et dynamique. Notes [1] Et sans mĂȘme discuter les propos de V. JankĂ©lĂ©vitch. [2] Lâarticle se consacre par consĂ©quent Ă la France, sans exhaustivitĂ©. La mise en perspective des travaux des contributeurs reste Ă englober dans une perspective internationale plus vaste, au regard de ceux parus en Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, aux Ătats-Unis avec la figure primordiale et trĂšs prĂ©sente en France dâHoward S. Becker. Le colloque international sur 25 ans de sociologie de la musique en France » qui sâest tenu en novembre 2008 Ă la Sorbonne et celui sur la sociologie de la musique qui sâest tenu en juillet 2009 Ă Lisbonne en tĂ©moignent Ă©galement. [3] Pas seulement pour les musiques dites savantes, le langage tonal Ă©tant au fondement des musiques populaires modernes ». Lâarticle dâAntoine Hennion dans ce numĂ©ro dĂ©veloppe prĂ©cisĂ©ment la question de la tonalitĂ© » en rapport Ă la langue et Ă lâarticulation nature/culture. [4] Une immatĂ©rialitĂ© relative au regard de lâexistence des ondes sonores. [5] Ce qui fait le mystĂšre » de la musique tel que pointĂ© par Claude LĂ©vi-Strauss, câest quâun art aussi technique et formel, hautement codifiĂ© et contraignant, puisse toucher si profondĂ©ment lâaffectivitĂ© individuelle selon des modalitĂ©s si variables, rĂ©sistant souvent Ă la formulation. » Donin, Campos, Keck, 2006, 3 [6] Dans cet ouvrage, elle revisite les thĂ©ories du xixe et du xxe siĂšcles pour montrer les manques dans la construction dâune vĂ©ritable » approche sociologique des faits musicaux, qui dĂ©passerait lâapproche positiviste pour saisir le sensible ». [7] PlutĂŽt que faire de la musique » comme Ă©voquĂ© notamment par Denis Laborde Ă paraĂźtre. [8] Une sociologie de la musique oĂč la musique signifie plus que les cigarettes ou le savon dans des enquĂȘtes de marchĂ© ne rĂ©clame pas uniquement une conscience de la sociĂ©tĂ© et de sa structure, pas uniquement non plus la seule connaissance des phĂ©nomĂšnes musicaux Ă but dâinformation, mais la pleine comprĂ©hension de la musique dans toutes ses implications. » Adorno, 1994, 6. [9] Les trois confĂ©rences tenues par des auteurs ne relevant pas directement de la sociologie sont nĂ©anmoins publiĂ©s par la Revue Française de Sociologie Colloque sur la musique, 1962 deux textes sont ethnomusicologiques, AndrĂ© Schaeffner sur Musique et structures sociales SociĂ©tĂ©s dâAfrique Noire » 388-395 et Marina Scriabine sur La musique et la Chine ancienne » 398-406, un troisiĂšme Ă©manant dâun critique musical, Boris de Schoelzer, sâinterroge sur la maniĂšre dont nous Ă©coutons aujourdâhui la musique du passĂ© La musique ancienne et nous » 395-398. [10] OrganisĂ© conjointement par Jacques Chailley directeur de lâInstitut de Musicologie et plusieurs ministĂšres, cette rencontre de cinq jours ne laisse pas trace dâune rĂ©flexion que lâon dirait aujourdâhui sociologique » Paris, Semaines musicales internationales de Paris, 1962. [11] Il faudrait citer bien dâautres publications en dehors de la France, et exceptionnellement rapidement traduites comme Ălias, 1991, mais le croisement avec les recherches menĂ©es Ă lâĂ©tranger nâest pas toujours rĂ©alisĂ© et les comparaisons internationales manquent. En outre, une interrogation de la base web of science » montre que de nombreux travaux en langue française nây sont pas recensĂ©s. Y apparaissent cependant les articles de la revue Poetics, lâInternational Review of Aesthetics and Sociology of Music ou la Revue de synthĂšse ayant une entrĂ©e sociologie de la musique ». [12] La musicologie française a mis plus de temps Ă se pencher sur lâanalyse de la chanson et des musiques populaires modernes » malgrĂ© les travaux pionniers de Jean-RĂ©my Julien nomment. [13] Le rapprochement de leurs dates de naissance respectives, prĂ©cisĂ©es au fil de la prĂ©sentation des auteurs, ainsi que des donnĂ©es biographiques rarement abordĂ©es permettent de situer ces derniers les uns par rapport aux autres. [14] Les propos qui suivent proviennent dâĂ©changes par courriel de lâauteure en juin et juillet 2009 avec chacun des sociologues, que nous remercions chaleureusement de sâĂȘtre prĂȘtĂ©s Ă notre jeu de questions. [15] Encore que, Ă propos de lâĂ©coute, chacun soit bien un amateur » actif. [16] Pour paraphraser Heinich, 1998. [17] Expliquait-il lors du colloque 25 ans de sociologie de musique en France. Ancrages thĂ©oriques et rayonnement international », Sorbonne, 6-8 novembre 2009. [18] Comme il lâĂ©voquait Ă©galement lors du mĂȘme colloque. 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JĂ©rĂ©mieRhorer, le directeur dâorchestre du Cercle de lâharmonie, dirigera ce vendredi 26 aoĂ»t Ă 21 heures, au chĂąteau Louis XI, dans le cadre du festival Berlioz, lâopĂ©ra
Le film est aujourd'hui tournĂ©, au-delĂ des attentes qu'il pouvait soulever. D'un documentaire autour de quelques spĂ©cialistes du jeĂ»ne, il est devenu un vĂ©ritable film sur le JeĂ»ne qui sera projetĂ© sur grand Ă©cran. De 6 jours de tournage et 3 interviews, il s'est muĂ© en 25 jours et 27 entretiens passionnants qui nĂ©cessitent d'autres moyens. Plus de temps de montage, une meilleure post-production, la composition d'une musique originale avec enregistrement studio, une communication ambitieuse voilĂ ce que cette campagne offrira au film. Une qualitĂ© Ă la hauteur de son contenu unique !Synopsis Faire le choix de ne pas manger pour retrouver la santĂ© ? Cette idĂ©e saugrenue continue d'intriguer et de diviser mais rencontre aujourdâhui un engouement grandissant dans les mĂ©dias et dans de nombreuses par Fabien Moine, accompagnateur de jeĂ»ne, ce film propose une information complĂšte sur le jeĂ»ne Ă travers les interviews dâexperts et les histoires de vie de jeĂ»neurs qui tĂ©moignent avant, pendant et aprĂšs leur jeĂ»ne. Au rythme de la nature, ils apprennent Ă Ă©couter leur corps. Sans dogmatisme ou prosĂ©lytisme, le film revient sur 55 ans dâhistoire du jeĂ»ne en France avec comme interrogation la suite Ă lui donner, demain...Images magnifiques, musique composĂ©e pour lâoccasion câest en poĂ©sie que des rĂ©ponses seront transmises et les diffĂ©rentes maniĂšres de jeĂ»ner prĂ©sentĂ©es. Bien plus qu'une dĂ©marche de bien-ĂȘtre, c'est une ode au merveilleux fonctionnement du corps humain, Ă sa capacitĂ© Ă retrouver la pleine santĂ©. C'est aussi une quĂȘte de soi, de son humanitĂ©...L'Ă©quipeLes intervenants spĂ©cialistes du jeĂ»neLes jeĂ»neurs Quelques images du film...A quoi servira l'argent collectĂ© ? Aujourd'hui 35 heures d'images ont Ă©tĂ© tournĂ©es, le montage a commencĂ© mais les fonds propres du rĂ©alisateur ne suffisent pas Ă rendre possible le projet tel qu'il s'est transformĂ© un vĂ©ritable film projetĂ© sur grand Ă©cran et Ă©ditĂ© en DVD !L'aventure du film c'est aussi Envie d'en savoir plus sur le film PrĂ©sentation vidĂ©o de 30 minutes par le rĂ©alisateurComment puis-je aider le film ?
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Question Quel est le bon comportement [Adab] pendant le jeĂ»ne ? RĂ©ponse Parmi le bon comportement prescrit pendant le jeĂ»ne, il y a lâattache Ă la piĂ©tĂ© en AllĂąh en respectant Ses commandements et en sâĂ©loignant de Ses interdits. AllĂąh dit traduction rapprochĂ©e Ă les croyants ! On vous a prescrit as-Siyam comme on lâa prescrit Ă ceux dâavant vous, ainsi atteindrez-vous la piĂ©té» [1] Le ProphĂšte sallallahu alayhi wa sallam a dit Celui qui ne renonce ni Ă dire des mensonges, ni Ă pratiquer des faussetĂ©s, Allah nâa nul besoin quâil se prive de boire ou de manger.» [2] Parmi le bon comportement encore, il y a la gĂ©nĂ©rositĂ© et la bienfaisance envers les gens surtout pendant le mois de RamadhĂąn, car le Messager dâAllĂąh sallallahu alayhi wa sallam Ă©tait le plus gĂ©nĂ©reux des gens et il lâĂ©tait encore plus pendant le mois de RamadhĂąn durant lequel il rencontrait DjibrĂźl pour Ă©tudier le QorâĂąn. [3] Celui qui jeĂ»ne doit aussi sâĂ©loigner des interdits, il doit notamment sâabstenir de mentir, dâinsulter, de jurer, de tricher, de trahir, de regarder ou dâĂ©couter ce qui est interdit. Parmi le bon comportement de ce mois-ci, il y a le SouhoĂ»r qui doit ĂȘtre retardĂ©, car le ProphĂšte sallallahu alayhi wa sallam disait Prenez le dernier repas, car il y a dans ce repas une bĂ©nĂ©diction.» [4] Il y a encore le fait de rompre le jeĂ»ne avec des dattes fraĂźches, sinon avec des dattes sĂšches, sinon avec de lâeau. La rupture du jeĂ»ne doit ĂȘtre faite aussitĂŽt que le soleil se couche, car le ProphĂšte sallallahu alayhi wa sallam a dit Les gens ne cessent dâĂȘtre dans une bonne voie tant quâils se hĂąteront de rompre le jeĂ»ne.»[5] [1] Coran, 2/183 [2] RapportĂ© par al-BukhĂąrĂź [3] RapportĂ© par al-BukhĂąrĂź [4] RapportĂ© par al-BukhĂąrĂź [5] RapportĂ© par al-BukhĂąrĂź Madjmuâ FatĂąwa du SHeikh Ibn UthaymĂźn, 19/349-350 â
PubliĂ© par Cheikh Mouhammad Ibn Salih Al-âOutheymine - ۧÙŰŽÙŰź Ù
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Lamusique peut donc les aider Ă recouvrer une partie de leurs souvenirs et Ă rĂ©duire lâapathie, la peur, la dĂ©pression, trĂšs souvent prĂ©sentes. â Chez les personnes
Notre vie chrĂ©tienne est une vie de combattant. Nous avons trop souvent tendance Ă lâoublier et Ă vivre comme si la vie Ă©ternelle que JĂ©sus nous a acquise au prix de son sang nâarriverait jamais. Et pourtant, nous devrions garder nos yeux sur lâĂ©ternitĂ© et nous maintenir en forme et prĂȘts au combat spirituel quand il se prĂ©sente. Une des armes que nous voulons tenir aiguisĂ©e est le jeĂ»ne. Ce nâest pas mon propos ici, mais voilĂ une idĂ©e dâĂ©tude trĂšs intĂ©ressante les personnages de la Bible qui ont pratiquĂ© le jeĂ»ne et les raisons pour lesquelles ils lâont pratiquĂ© seul ou en groupe! LâĂ©vocation du jeĂ»ne fait souvent peur! En fait, nous jeĂ»nons naturellement toutes les nuits sans nous en rendre compte. La pĂ©riode de sommeil quotidienne permet aussi Ă notre organisme de se reposer sans avoir Ă travailler Ă la digestion. Il y a diffĂ©rentes façons de jeĂ»ner On peut jeĂ»ner de nourriture, en prenant toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires et indispensables Ă un bon Ă©quilibre pour notre organisme pendant cette pĂ©riode, ce qui pourrait faire lâobjet dâun article Ă part entiĂšre, ou jeĂ»ner dâune seule catĂ©gorie dâaliments Ă la fois comme par exemple les protĂ©ines, ou encore dâune habitude qui prend trop de place dans notre vie rĂ©seaux sociaux, tĂ©lĂ©vision ou autre⊠Le jeĂ»ne est une recommandation que nous retrouvons aussi bien dans lâAncien que dans le Nouveau Testament. Le jeĂ»ne est encouragĂ© par Dieu, vĂ©cu par JĂ©sus et les apĂŽtres. Le jeĂ»ne est vĂ©ritablement une arme qui est Ă notre disposition dans notre armure de soldat. JĂ©sus le dit, certains combats spirituels ne peuvent ĂȘtre remportĂ©s que dans le jeĂ»ne et la priĂšre. Matthieu âMais cette sorte de dĂ©mon ne sort que par la priĂšre et par le jeĂ»ne.â JeĂ»ner doit faire partie de la vie courante du chrĂ©tien. Lorsque JĂ©sus en parle dans Matthieu, il ne dit pas SI, mais bien LORSQUE⊠Matthieu âLorsque vous jeĂ»nez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout dĂ©fait, pour montrer aux hommes qu'ils jeĂ»nent.â Attention, il ne faut pas confondre le jeĂ»ne, arme spirituelle du chrĂ©tien, et les diffĂ©rentes approches religieuses, extrĂ©mistes ou simplement intellectuelles qui nâont pour objectif que dâessayer dâatteindre un idĂ©al ou dâobtenir un corps en forme. Le jeĂ»ne est un trĂšs mauvais rĂ©gime! Le jeĂ»ne nâest pas non plus un moyen de prouver quoi que ce soit au Seigneur ou un moyen dâessayer de lâimpressionner ou de faire pression sur Lui. Le jeĂ»ne nous permet de remettre Dieu Ă la premiĂšre place dans nos vies. Le temps mis de cĂŽtĂ© par le jeĂ»ne nous permet dâĂȘtre plus disponibles pour le Seigneur. Cette abstinence dispose nos coeurs Ă rechercher notre Dieu. Psaume âComme une biche soupire aprĂšs des courants d'eau, Ainsi mon Ăąme soupire aprĂšs toi, ĂŽ Dieu â Il y a des prĂ©cautions autres que pratiques qui ne seront pas dĂ©veloppĂ©es dans cet article Ă prendre avant de dĂ©cider une pĂ©riode de jeĂ»ne et voici les Ă©tapes quâĂric et moi suivons toujours avant de dĂ©marrer La premiĂšre chose Ă prendre en compte quand nous dĂ©cidions de jeĂ»ner est de vĂ©rifier que notre motivation soit Ă la bonne place. Câest la premiĂšre Ă©tape indispensable pour sâassurer que le jeĂ»ne que nous envisageons, fasse plaisir au coeur de Dieu. EsaĂŻe âVoici le jeĂ»ne auquel je prends plaisirâŠâ Une fois notre motivation assurĂ©e, il nous faut aussi dĂ©cider de lâobjectif que nous recherchons Ă atteindre, du combat que nous dĂ©cidons de mener. Nos circonstances, les difficultĂ©s que nous rencontrons, un problĂšme qui a besoin de trouver une solution, une question sans rĂ©ponse, une recherche au niveau spirituel, une soif de notre Ăąme⊠pour quelles raisons dĂ©cidons-nous de jeĂ»ner? Avant de nous lancer, parlons-en clairement au Seigneur. Prions et intercĂ©dons pour cet objectif prĂ©cis pendant le jeĂ»ne. Une autre dĂ©cision Ă prendre AVANT de commencer le jeĂ»ne est la durĂ©e pendant laquelle nous allons jeĂ»ner. Il ne serait absolument pas sage de se lancer sans avoir par avance dĂ©cidĂ© du jour dâarrĂȘt du jeĂ»ne. Un cadre strict et stable est indispensable pour ne pas se mettre en danger autant au niveau physique que spirituel. Sâentourer dâamis ou de proches qui ne jeĂ»nent pas pendant cette pĂ©riode est aussi indispensable pour pouvoir avoir un recul sur notre bien-ĂȘtre tant physique que spirituel. Nous nous sommes rendus compte quâune pratique rĂ©guliĂšre du jeĂ»ne nous permet de garder cette arme aiguisĂ©e et toujours prĂȘte Ă ĂȘtre utilisĂ©e. Lorsque nous nous retrouvons devant un combat spirituel que nous nâavions pas vu venir, il nous est facile dâavoir recours au jeĂ»ne parce que nos organismes et esprits sont âmusclĂ©sâ dans ce domaine. Lorsque le combat fait rage, ce nâest pas le moment de se demander âcomment faire?â. VoilĂ pourquoi je voulais vous encourager Ă considĂ©rer le jeĂ»ne, s'il ne fait pas encore partie de votre vie, comme une discipline spirituelle Ă dĂ©couvrir! Que le Seigneur vous parle, si câest un domaine quâIl veut que vous dĂ©veloppiez dans votre vie! ATTENTION, RAPPEL Mon propos ici nâest absolument pas suffisant pour une Ă©ducation complĂšte autour du jeĂ»ne. Cela demanderait beaucoup plus dâapprofondissement. JeĂ»ner peut ĂȘtre dangereux, si pratiquĂ© dans de mauvaises conditions. Vous avez aimĂ© ? Partagez autour de vous ! Le livre de Rachel Miquel Dufour est sorti ! A lâheure oĂč le mot sexe » est utilisĂ© pour vendre tout et nâimporte quoi et que beaucoup se posent des questions sur comment aborder le sujet en couple, en famille et mĂȘme entre amis, Rachel Miquel Dufour nous offre une vision de la sexualitĂ© Ă©quilibrĂ©e, avec un angle novateur⊠SexualitĂ© et spiritualitĂ© pourraient donc ĂȘtre associĂ©es ?!. DĂ©couvrez "Hourra pour le va-jay-jay" en partenariat avec Paul et SĂ©phora
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ecouter de la musique pendant le jeune